Loïc Le Meur : prédicateur de tendances
Le dirigeant de la société Seesmic est l'organisateur de la 8e édition de la conférence LeWeb, qui se déroulera les 7, 8 et 9 décembre aux Docks de Paris (Porte d'Aubervilliers). Il est l'une des personnalités les plus influentes du Web. Portrait.
Je m'abonneDans le monde du Web, il fait partie de ceux qui ont du flair. Et qui savent en user. Élu parmi les 25 personnalités les plus influentes d'Internet par l’hebdomadaire américain BusinessWeek, Loïc Le Meur a, par le passé, profité de cette aptitude à “sentir les choses” pour contribuer à créer les tendances du Web d’hier, d’aujourd’hui, et, très certainement, de demain. Ce serial entrepreneur, passionné de nouvelles technologies, savoure en particulier son indépendance professionnelle : « Je n’ai jamais travaillé pour qui que ce soit d’autre que pour moi. La création d’entreprise me motive et m’obsède. »
À la tête de Seesmic, une plateforme qui permet à une entreprise de gérer sa présence sur les médias sociaux, il est aussi l’architecte de “LeWeb”, une conférence-sommet organisée à Paris chaque année depuis 2004, rassemblant 3 000 personnalités d'Internet issues de 60 pays. Autrement dit, l’éco-système mondial du Web. Ces entreprises sont les deux principaux ingrédients – parmi de nombreux autres (blog, chaîne YouTube à son nom, etc.) – nourrissant une ambition personnelle forte : « L’envie de créer un succès mondial, pour impacter et changer le monde. »
En attendant, ses initiatives connaissent un succès retentissant : “LeWeb” continue d’attirer les foules à tel point que la manifestation, qui aura lieu du 7 au 9 décembre, est passée à trois journées cette année, contre deux jours les années précédentes. Quant à l’application Seesmic, elle est utilisée par près de 250 000 personnes chaque jour dans le monde, et trois acheteurs-repreneurs potentiels ont déjà manifesté leur intérêt pour la société. En vain : Loïc Le Meur a, jusqu’à présent, toujours décliné les propositions. Mais cela n’a pas toujours été le cas : retour en arrière.
Son attrait pour la création d’entreprise a débuté tôt. Sa “première fois”, en 1996, alors qu’il n’était qu’en troisième année d’école de commerce à HEC, il fonde B2L. « Une des toutes premières agences web, spécialisée dans la haute couture. Nous avions une centaine de clients, se remémore-t-il. La société a été revendue à l’agence BBDO en 1999. » En parallèle, il participe à la création de l’IAB (Interactive Advertising Bureau), puis lance l'hébergeur RapidSite, en 1997 qu’il confie à son épouse Géraldine. L’entreprise devient rapidement l’un des premiers hébergeurs de sites internet en France. En 1999, les choses s’accélèrent… encore… La société est revendue à France Télécom, « de quoi acheter une belle maison, et ne pas avoir de soucis pour l’avenir », confie-t-il. Il ne prend pas le temps de souffler et, dans la foulée, lance Ublog, « l’une des premières entreprises ayant contribué à lancer le phénomène des blogs en Europe. Ces sites étaient les précurseurs de Facebook et de Twitter. Aujourd’hui, ils sont devenus techniquement trop compliqués à utiliser pour les internautes. » Il revend la société six mois plus tard à Six Apart, et en conserve les rênes pendant quatre ans. Dans le même temps, il s’intéresse au journalisme et réalise plusieurs podcasts politiques, dont une interview de Nicolas Sarkozy, avant son élection à la présidence de la République, ou encore de Dominique Strauss-Kahn. Convaincu de l’importance de la communication pour les politiques, il est dans l’ombre de Nicolas Sarkozy durant quatre mois, en pleine campagne présidentielle. « Je dirigeais toute la partie réseaux sociaux et blog pour M. Sarkozy. »
Après l’élection présidentielle, il quitte la France, et part s’installer à San Francisco pour lancer Seesmic, et « pour être dans la machine à créer des leaders mondiaux, en pleine Silicon Valley ». Peut-être parviendra-t-il à faire de son ambition une réalité tangible. Son atout ? Son épouse. « Elle est aussi importante que moi dans tout ce que j’entreprends. » Et pour cause : c’est elle qui dirige “LeWeb” depuis son lancement et qui participe à son succès aujourd’hui. Ses autres atouts ? Ses qualités entrepreneuriales et le business man qu’il admire : Richard Branson, le créateur de Virgin, sorte d’incarnation de l’entrepreneur parfait à ses yeux. Selon Loïc Le Meur, un bon entrepreneur est une personne dont la volonté est de changer les choses, qui ne connaît pas la peur de l’échec, un brin rêveur, curieux, passionné et un peu déjanté. En vivant dans la Silicon Valley, il est “là où ça se passe”, et bénéficie des conditions idéales pour assouvir sa passion pour tout ce qui n’est pas encore créé, en étant notamment en contact avec des créateurs de start-up, les pionniers réels du futur numérique. Et ainsi devenir ce qu’il est déjà, un senteur de tendances, sorte de prophète du Web du XXIe siècle consulté et suivi par plus de 5 000 personnes quotidiennement… sur Twitter.