Louis Paulet, Beans : "Un supermarché en ligne anti-inflation et antigaspillage"
La start-up Beans, plateforme e-commerce dédiée à la revente d'invendus de produits alimentaires et de grande consommation, a annoncé le 25 janvier dernier une levée de fonds de 1,4 million d'euros. Avec ce premier tour de table, Beans affirme son ambition de devenir le premier supermarché en ligne anti-inflation et antigaspillage et s'impose comme un acteur clé de la foodtech à impact. Rencontre avec l'un des cofondateurs, Louis Paulet.
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Pourquoi avoir créé Beans ?
Que ce soit pour moi ou pour la cofondatrice Inès Sánchez-Castillo, nous avons toujours eu le goût de l'entrepreneuriat. J'ai fait mes gammes au sein de différentes start-up, et mon parcours m'a conduit chez Gorillas en 2021. C'est là que j'ai rencontré Inès : j'étais en charge du développement en France, elle de celui à l'international. Nous avons poursuivi nos parcours professionnels avec en tête l'idée de monter notre propre structure. Finalement, en 2023, nous avions acquis une bonne connaissance de la foodtech et de la livraison à domicile et surtout nous avions la furieuse envie de créer une entreprise à impact.
Au départ, nous nous sommes penchés sur l'antigaspillage dans son ensemble. Nous avons passé plusieurs mois à échanger avec les industriels pour comprendre les problématiques de gaspillage auxquelles ils faisaient face. C'est ainsi que nous avons identifié le problème des stocks invendus et avons décidé d'agir.
Quel a été votre premier constat concernant l'état du gaspillage des produits alimentaires en France ?
Le gaspillage a lieu à plusieurs étapes : 32 % avant la distribution, 21 % lors de la transformation et de l'industrialisation, 14 % au moment de la distribution et enfin 33 % au moment de la consommation. Nous ne prenons pas toujours conscience du gaspillage qui se produit avant même l'arrivée des produits chez le distributeur. Côté industriel, plusieurs raisons expliquent ce constat : des contrats d'achat avec des garanties de date, une surproduction à certains moments saisonniers de l'année (rentrée des classes, Pâques, événements marketing, etc.), des changements de packaging.
Comment travaillez-vous avec les industriels ?
Nous nous positionnons comme des partenaires de confiance. Par exemple, Danone a déjà une division antigaspillage, mais nous leur permettons d'accélérer sur cet enjeu et d'améliorer leur image de marque en leur offrant une solution où le produit n'est pas simplement déstocké ou bradé. S'engager à nos côtés leur permet d'affirmer leur volonté de redonner du pouvoir d'achat aux consommateurs. Notre positionnement BtoC garantit en effet une offre de qualité : nous prenons le temps d'expliquer la traçabilité de chaque produit et de raconter une histoire : celle de notre mission mais aussi celle des articles sauvés. Il s'agit d'un triptyque gagnant : pour l'industriel, pour le consommateur et pour la planète.
Comment faites-vous la différence par rapport à d'autres acteurs ?
Ce qui nous différencie d'autres acteurs antigaspillages, c'est notre volonté de valoriser les produits. Nous savons que les industriels sont attachés à leurs productions et souhaitent savoir comment elles seront traitées. Nous les accompagnons dans leur lutte contre le gaspillage avec une solution qui ne se contente pas de tirer les prix vers le bas, mais qui met aussi en avant la valeur du produit. D'autres acteurs le font mais souvent avec une approche bio, plus niche. Nous souhaitons également maintenir une offre accessible à tous les consommateurs et maintenir l'aspect mass makert pour répondre à l'enjeu de l'inflation.
Est-ce que l'idée de développer votre offre en BtoB est à l'ordre du jour ?
Aujourd'hui, nous nous focalisons principalement sur l'optimisation de notre offre en ligne, mais avec les standards du BtoC, nous pourrions facilement nous tourner vers le BtoB. Nous commençons d'ailleurs à recevoir des demandes de certaines épiceries ou associations en ce sens. Cela fait donc complètement partie de nos projets de développement.
Les ambitions pour 2025 ?
Accélérer. Nous devons équilibrer l'offre et la demande, et surtout accompagner encore davantage les industriels. Actuellement, nous en accompagnons 70, mais il en existe 17 000 en France, ce qui nous offre un fort potentiel de développement. Par ailleurs, nous comptons entre 500 et 1 000 références sur notre site aujourd'hui, et nous souhaitons en proposer 2 000 d'ici fin 2025. Nous sommes fiers d'avoir déjà sauvé 200 000 références du gaspillage, mais nous voulons aller encore plus loin et devenir LA solution antigaspillage pour les industriels.
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