Transport de marchandises : en 2025, la décarbonation en bonne voie
Les professionnels du transport de marchandises sont de plus en plus nombreux à s'engager dans la réduction de leurs émissions de GES(gaz à effet de serre). Une étude de Sightness ainsi que de PwC France et Maghreb révèle que 44% des entreprises allouent désormais un budget à la décarbonation du secteur.

Sur la voie rapide du net zero ? Selon une enquête du data analyst français spécialisé sur les transports Sightness et des cabinets d'audit PwC France et Maghreb publiée ce mardi, 86% des professionnels du transport ont mis en place des plans d'action en faveur de la décarbonation, contre seulement 49% en 2023. Une nette progression qui illustre la maturité du secteur face aux enjeux environnementaux, énergétiques et économiques. Plus de 75% des entreprises sont convaincues d'atteindre leurs objectifs de réduction des GES pour l'année en cours. Cette étude porte sur "134 professionnels francophones du transport de marchandises, en poste au sein du service transport, achats indirects ou encore supply chain d'une entreprise donneuse d'ordres".
Budget et appels d'offres
En 2025, un peu moins de la moitié (44%) des entreprises ont désormais une ligne budgétaire dédiée à la décarbonation, alors que ce chiffre n'était que de 38% en 2023. Mais ces investissements ne représentent qu'entre 1% et 5% du budget global pour la majorité des entreprises donneuses d'ordre. Longtemps perçus comme secondaires, les critères environnementaux sont aujourd'hui déterminants dans leurs décisions stratégiques. En 2025, 96% des appels d'offres intègrent ces exigences, contre 84% seulement en 2023.
Le facteur déterminant : la réglementation
Pour les professionels, la principale source de motivation vers la transition est l'évolution de la réglementation, et notamment l'entrée en vigueur de la Directive européenne relative à la publication d'informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD), transposée en France en décembre 2023. Plus de 95% des entreprises considèrent la CSRD comme le principal moteur de leur transition bas-carbone. Un signal fort qui confirme l'importance d'un cadre réglementaire incitatif pour transformer durablement le secteur du transport de marchandises.
"Les résultats de l'enquête révèlent un optimisme généralisé et un gain de maturité quant aux objectifs de réduction des GES des acteurs du transport de marchandises et aux leviers pour les atteindre. Plusieurs facteurs peuvent être à l'origine de cette dynamique : le renforcement des réglementations (CSRD), le rapprochement des échéances des objectifs de réduction des GES, une prise de conscience environnementale, ou encore la sensibilisation des consommateurs finaux et investisseurs à leur impact environnemental", a commenté Florence Mazaud, Directrice Décarbonation de Sightness.
Des leviers et des freins
Parmi les solutions envisagées, l'étude constate un intérêt grandissant pour des solutions technologiques et opérationnelles plus durables. Ainsi, 20% des professionnels considèrent le recours à des motorisations alternatives comme le principal levier applicable à court terme. La fiabilité des données d'émissions de GES s'améliore également, avec une utilisation accrue de modélisations et de données de consommation réelle (respectivement 75% et 78% en 2025, contre 72% et 67% en 2023).
Mais malgré ces avancées, plusieurs obstacles freinent la transition bas-carbone du transport de marchandises. La disponibilité et la fiabilité des données, le manque de budget et la complexité des chaînes logistiques sont les principaux défis identifiés par les professionnels du secteur. "Pour atteindre les objectifs ciblés, les acteurs du secteur devront se montrer davantage ambitieux et attribuer un budget plus important à la décarbonation de leur activité", a précisé Florence Mazaud.
"C'est un fait : tous nos clients, industriels et distributeurs, ont pleinement pris conscience de l'importance de décarboner leurs opérations de transport. La question est maintenant de savoir comment financer cette décarbonation. La bonne nouvelle est que, contrairement aux idées reçues, décarboner, c'est souvent réduire les coûts !... tout du moins quand on fait le choix d'activer des leviers tels que la densification du transport et la réduction des tonnes-kilomètres. Ces deux redoutables leviers permettent de dégager des économies bienvenues pour financer l'utilisation d'énergies alternatives (notamment biocarburant, biogaz et électrique). Mais attention, en la matière, les premiers arrivés seront les premiers servis !" a déclaré Xavier Villetard, responsable des activités transport, PwC France et Maghreb.
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