E-Commerce : la nouvelle charte d'engagement (renforcée) pour un secteur plus vert
Le 3 mars 2025, une trentaine d'acteurs majeurs du commerce en ligne ont signé une nouvelle charte visant à réduire l'impact environnemental de leurs activités. Ce document, piloté par Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, et Véronique Louwagie, ministre déléguée au Commerce, entend renforcer les engagements pris depuis 2021.

Si la charte existait déjà depuis 2021, la nouvelle version, axée sur la réduction de l'impact environnemental du commerce en ligne, se veut renforcée et compte de nouveaux signataires tels qu'Amazon et Zalando, qui rejoignent des acteurs déjà engagés comme Carrefour, Cdiscount, Fnac Darty et La Redoute.
Les objectifs clés
La principale évolution de cette nouvelle version réside dans l'ajout d'indicateurs clairs et mesurables. En effet, si la charte de 2021 avait posé les bases, celle de 2025 impose un suivi plus rigoureux des engagements des entreprises, grâce à la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance), qui analysera les progrès réalisés chaque année. L'objectif est de créer une dynamique collective visant à transformer l'ensemble du secteur en un acteur responsable de la transition écologique. Marc Lolivier, délégué général de la Fevad, rappelle un chiffre clé de leur bilan édité récemment : les transactions en ligne s'élèvent à 2,6 milliards, soit 10 % de plus que l'année précédente, soulignant ainsi que "la gestion de l'impact du e-commerce s'impose plus que jamais comme une évidence."
Réduction des emballages et meilleure gestion des retours
Un des axes essentiels de la charte concerne la réduction des emballages. Les signataires s'engagent à limiter le vide dans les colis à 40 % en moyenne, un problème récurrent dans le secteur de l'e-commerce. Les entreprises devront aussi améliorer la recyclabilité de leurs matériaux et encourager la réutilisation des emballages. Amazon, par exemple, a déjà fait des progrès significatifs en matière de transport décarboné, utilisant des véhicules électriques et des solutions de livraison douce pour réduire son empreinte carbone.
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Concernant les retours de produits, qui représentent un défi écologique majeur, les entreprises devront mettre en place des politiques visant à réduire leur fréquence et à sensibiliser les consommateurs à leur impact environnemental. Laura Toledano, directrice générale France, UK / Irlande de Zalando, met ainsi l'accent sur les initiatives mises en place pour optimiser la logistique des retours, ayant déployé une cabine virtuelle permettant aux consommateurs d'essayer les vêtements sur mesure grâce à un avatar avant l'achat.
Des consommateurs éclairés
Un autre aspect crucial de cette charte est l'implication du consommateur. Tous les signataires ont mis en avant l'aspect informationnel de leur démarche. Responsabiliser le consommateur sans le contraindre sera l'un des piliers essentiels de cette charte. Pour ce faire, Carine Kraus, directrice exécutive de l'engagement chez Carrefour, explique l'impact de fournir des informations claires aux consommateurs, comme leur proposer, en fin de commande, des produits similaires mais fabriqués en France ou bio à un prix similaire. Agnès Pannier-Runacher parle de "donner une liberté éclairée aux consommateurs en leur offrant l'information". Par ailleurs, il faut noter que pour passer de la parole aux actes, la transparence est au coeur de cette initiative : chaque signataire devra communiquer annuellement sur ses progrès et les résultats obtenus.
Les pratiques logistiques devront aussi évoluer. Les signataires devront veiller à ce que leurs entrepôts respectent des standards environnementaux de haute performance, comme la certification HQE® ou BREEAM.
L'e-commerce : acteur majeur de la transition écologique
Avec l'introduction de cette nouvelle charte, le gouvernement cherche à transformer le secteur du commerce en ligne en acteur pionnier de la transition écologique. Véronique Louwagie rappelle que l'e-commerce représente actuellement 10 % du commerce de détail et peut devenir un exemple de consommation plus responsable. Cette initiative entend réduire de manière significative l'empreinte carbone du secteur, responsable de 1,7 million de tonnes de CO2 chaque année en France.
Au total, les entreprises signataires représentent environ 30 % du chiffre d'affaires du e-commerce français. Elles souhaitent toutes envoyer un signal fort à l'ensemble du secteur. Il reste cependant à l'échelle mondiale d'assurer une concurrence loyale et "d'éviter les passagers clandestins", comme les appelle sans les nommer Agnès Pannier-Runacher, pour ne pas citer les géants chinois qui ne se soumettent pas à de telles normes.
Le secteur du e-commerce semble déterminé à jouer un rôle clé dans la protection de l'environnement, en travaillant sur l'ensemble de la chaîne de valeur, du fabricant au consommateur, et vise surtout à responsabiliser collectivement consommateurs, entreprises et gouvernements.
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