[#VISION 2021] Marc Lolivier, DG de la FEVAD
Chaque lundi, E-commerce Magazine donne la parole à des experts inspirants pour qu'ils exposent leur vision du rebond en 2021. Cette semaine rendez-vous pris avec Marc Lolivier, DG de la FEVAD.
Je m'abonne" En 2020, l'e-commerce est devenu un élément de survie économique "
Quels sont les enjeux de la période fin d'année pour l'e-commerce ?
L'enjeu en cette fin d'année pour le secteur est de réussir à maintenir la cadence pour répondre aux fortes attentes des Français en matière de E-commerce. C'est une période importante pour les consommateurs. Il nous faut donc tenir bon. En effet, la concentration est importante puisque, selon notre dernier sondage, à fin novembre 44% des consommateurs n'avaient pas acheté leurs cadeaux de Noël. C'est inédit. Les gens ont reporté leurs achats. Selon nos prévisions, le e-commerce devrait atteindre 110 milliards d'euros en 2020, en hausse de +6%. C'est moins qu'en 2019 (11,5%).
Quel est l'impact du second confinement pour les acteurs du retail et du e-commerce ?
L'activité a été plus forte et plus rapide lors du deuxième confinement puisque dès la première semaine, l'e-commerce avait atteint le pic du premier confinement et la courbe est restée très haute. Au reconfinement, les entreprises étaient mieux préparé (notamment sur le volet logistique), les Français ont davantage consommé sur le net (+28%) et les ventes internet des magasins ont explosé avec une croissance de 30% VS 11% pour les pure-player (moins cependant que pendant le premier confinement : +83% VS 21%). Ce qui est normal, puisque internet prend le relais du magasin quand il est fermé. Le basculement s'est opéré. Le phénomène du phygital est décuplé. En temps normal l'e-commerce est un levier de croissance, en 2020, c'est un élément de survie qui a un rôle d'amortisseur économique très important. Des enseignes ont enregistré des résultats record dans ce contexte de crise. L'alimentaire et les produits de grande consommation sont les grands gagnants depuis mars, au-dessus du non-alimentaire. Le drive a explosé.
Dans le débat qui oppose plateformes et petits commerces, quelle est votre position ?
Nous refusons d'opposer commerces et e-commerce. D'ailleurs, 30% des 200 000 commerces de proximité en France ont un site marchand. En Allemagne, ce taux est de 70%. Il y a donc un enjeu de taille autour de la digitalisation des commerçants. Durant la période, certains se sont lancés avec succès dans cette transformation. Il ne faut pas opposer l'un à l'autre. D'ailleurs, selon nos sondages, 70% des Français souhaitent que leurs commerçants proposent un service de e-commerce. On voit se développer des places de marché locales, intéressantes pour les petits commerçants. Internet est une boîte à outils utile pour eux.
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Voyez-vous de nouvelles habitudes de consommation s'installer durablement ?
Il y aura un avant et un après la crise. Outre l'accélération de certaines tendances, de nouvelles choses apparaissent. L'économie circulaire accélère. D'ailleurs sur le troisième trimestre, Vinted fait son entrée dans le TOP 5 des sites de e-commerce. Ce nouveau mode d'achat lié à la seconde mains, aux choix de produits reconditionnés s'installe de manière structurante. En effet, 43% des cyberacheteurs se disent prêts à acheter pour Noël des cadeaux de seconde main ou issus de l'économie circulaire. L'autre phénomène est lié au secteur alimentaire qui a gagné des parts de marché auprès de nouveaux publics via la livraison à domicile (20%) et surtout le drive (80%), qui a explosé. Ces nouveaux comportements vont rester.
Quelles sont, selon vous, les conditions du rebond du secteur pour 2021 ?
La crise sanitaire a conduit à l'accélération du e-commerce dans le domaine de la vente de produits. L'e-commerce devrait gagner 3 points de PDM sur le commerce de détails passant de 9,8% des ventes en 2019 à 13% en 2020. Dans ce contexte, la Fevad souhaite accompagner la digitalisation du commerce qui est loin d'être achevée, mais aussi intégrer tous les aspects environnementaux. Les consommateurs ont une exigence de la part des sites marchands de limiter leur impact environnemental (mise en avant des produits issus de l 'économie circulaire, le made in France, l'information sur les produits, la logistique et l'emballage). Ce sera demain un élément de différenciation entre les sites. La dimension RSE devra être davantage intégrée dans la stratégie de l'entreprise. Enfin, il faudra réussir à maintenir des prix compétitifs malgré ces contraintes écologiques, grâce à l'innovation.