Parmi les innovations pédagogiques, plusieurs écoles (dont l'ILV et #Supdeweb) forment leurs élèves au "pitch", une présentation de deux minutes au début de chaque cours, consacrée à une application mobile ou une start-up. La formation classique s'allie également à l'autoformation: l'ILV a ainsi noué un partenariat avec LinkedIn, récemment acquéreur de sociétés d'e-learning. À noter, le chatbot BotLoiLeQI, développé par l'établissement, veut faire le lien entre formation académique des étudiants et des professionnels. "L'outil met à disposition les supports avant l'heure du cours [selon la méthodologie américaine de la classe inversée: l'étudiant prend connaissance du sujet seul et consacre l'heure de cours à réaliser des exercices avec le professeur, NDLR], donne des exercices complémentaires, challenge les étudiants pour recommencer un devoir si un autre élève les a surpassés, décrit Alexandre Stopnicki (ILV)." L'entraînement de chaque étudiant est visible sur le chatbot et sera consultable par les cabinets de recrutement dès la prochaine rentrée afin d'acter les apprentissages avec précision.
Le directeur pédagogique entend également mettre à disposition des professionnels ses chatbots de contenus (notamment consacrés aux start-up) à partir de l'été 2018: "La culture digitale des professionnels est assez faible, note Alexandre Stopnicki. Peu sont capables de citer la part de marché d'Amazon, de Google..."
De futurs professionnels à la croisée des métiers du digital
La tendance en matière de formation suit de près l'évolution des préoccupations des entreprises. Ainsi, #Supdeweb ouvre à la rentrée un mastère intitulé "UX et innovation", mis en place par une ancienne étudiante, aujourd'hui recrutée par Fnac. "Il s'agit de profils à la fois créatifs et techniques, explique Stéphane Bitton (#Supdeweb). Certains cours sont consacrés à la psychologie cognitive pour anticiper les pratiques des utilisateurs." De même, l'EMLV propose un cours dédié à l'intelligence artificielle et l'ILV enseigne comment programmer un chatbot.
Si les établissements se distinguent via des outils pédagogiques ou des enseignements innovants, la visée des enseignements demeure identique, excepté pour l'École 42 (réservée à la programmation informatique). "Les employeurs attendent une grande polyvalence de la part des futurs collaborateurs, résume Marie Haikel-Elsabeh, professeur en marketing digital à l'EMLV. Nous devons faire réfléchir les étudiants sur la bonne façon de communiquer avec les différents métiers du digital, car ils en seront souvent à la jonction." Humilité, passion, rigueur, art du dialogue sont cités par les chefs d'établissement comme des qualités cruciales. "La culture digitale est aussi importante que les connaissances techniques, qui changent en permanence, renchérit Alexandre Stopnicki (ILV). Les employeurs recherchent des collaborateurs capables de communiquer avec les agences, de mettre en oeuvre une stratégie, de discuter avec un management pas forcément au fait des enjeux digitaux."
Et pour les réfractaires au salariat?
Certains, toutefois, ne passeront pas par la case "embauche". C'est pourquoi des modules "entrepreneuriat" sont mis en place dans plusieurs établissements, à l'image de l'EMLV: un (faible) pourcentage [l'école ne dispose pas de données exactes] suit une option spécifique à la création d'entreprise. Les élèves sont affiliés à l'incubateur PépitePON (Paris Nord-Ouest), en partenariat avec l'université de Nanterre, et coachés au sein de l'école. De même, Efreitech, l'EEMI, l'ILV et l'IIM bénéficient de liens privilégiés avec les incubateurs drivés par Efrei Entrepreneur, le Cnam, SNCF Développement et PépitePON (cf. tableau p.4). 20% des étudiants montent leur entreprise au sortir de l'ILV, 10% après #Supdeweb.
Les programmes portent sur l'établissement d'un business model, mais également le personal branding, les ressources humaines, le management, le travail en équipe. La partie entrepreneuriale représente d'ailleurs 25% du programme du master 2 "360 Digital", mis en place par #Supdeweb. "C'est une génération appelée à traiter avec des collaborateurs du même âge, ce qui n'est pas évident", souligne Stéphane Bitton. En effet, il existe deux grands axes de développement pour les étudiants à la sortie des écoles du digital: les start-up qui se créent, celles qu'ils créent eux-mêmes, et beaucoup d'entreprises contraintes de prendre le train en marche.
Combien d'élèves formez-vous par an?
Nous accueillons cette année 25 étudiants par promotion.
Quels sont les avantages d'avoir implanté l'école au coeur des locaux du groupe LDLC? Existe-t-il des synergies entre l'école et l'entreprise?
Nous voulons permettre aux étudiants de vivre à côté de l'entreprise, d'échanger avec des collaborateurs. Il existe des projets conjoints : au sein du groupe LDLC, notre cellule de R&D fait travailler les étudiants sur des projets "fil rouge". Cependant, l'école LDLC n'est pas nourrie uniquement par le groupe LDLC, afin de ne pas se transformer en université d'entreprise. Les étudiants travaillent notamment avec EDF et les transports en commun lyonnais.
En quoi l'Ecole LDLC se distingue-t-elle des écoles du Web qui ont fleuri depuis 2010?
Notre volonté est de ne pas chercher à enseigner un métier. Nous ne sommes pas une école du Web, mais une formation de chef de projet du numérique. Nous enseignons une culture numérique pour des élèves qui seront capables de driver des projets au sein d'une entreprise, avec un esprit intrapreneurial.
Pourquoi consacrez-vous un UV (pilier transdisciplinaire) à la civilisation antique, la philosophie et l'histoire de l'art?
Nous travaillons sur la culture générale. Les post-bac ont été préparés au bac, mais pas à être curieux. Or, dans le monde numérique, sans curiosité, le savoir s'étiole rapidement. Une grande partie de ce que les étudiants apprennent techniquement ne sera plus utile dans trois ans.
Quelles sont les qualités et compétences que vous vous attachez à développer chez vos étudiants pour leur future employabilité?
Les entreprises ont besoin que l'on amène une culture digitale en leur sein. Nous travaillons également sur l'esprit entrepreneurial, l'autonomie, la compréhension globale. Les élèves sortent de l'école sans être experts, mais en étant capables d'aller dans n'importe quel environnement numérique, technique et marketing. Ils constitueront l'interface numérique de leur future entreprise, notamment dans les PME.
L'école est-elle financée entièrement par les frais de scolarité?
Elle n'est pas financée par les frais de scolarité des élèves. Le groupe LDLC mène ce projet comme une action RSE et assure donc son financement.
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