La réussite sans esbroufe
Lancé sans bruit en début d'année dernière, Toobo s'est imposé comme le premier assistant d'achat du marché au nez et à la barbe de ses concurrents plus médiatiques grâce à une stratégie axée sur le ciblage de sa clientèle et l'enrichissement de son contenu éditorial.
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Lors de la présentation à la presse de leur site, en janvier 2000, dans les
salons cossus du restaurant Ladurée, Guillaume Gobin, Thierry Petit et Frédéric
Delale n'en menaient pas large. Plutôt réservés, ils avaient surtout axé leur
discours sur l'efficacité du moteur de comparaison qu'ils venaient de créer,
négligeant l'aspect événementiel de la réunion. Un an après, leur style n'a pas
changé, mais Toobo n'est pas resté dans l'ombre pour autant. Au contraire. Si
l'on en croit MMXI, leur site de comparaison de prix est le numéro 1 du marché,
devant BravoNestor et surtout Kelkoo qui, pourtant, n'a pas ménagé ses dépenses
pour se faire connaître du grand public (2 millions de pages vues et 300 000
visiteurs uniques sur le seul mois de décembre). « L'objectif de l'année 2001
est de consolider cette première place », affirme d'ailleurs Guillaume Gobin,
le P-dg de Toobo. Lancé avec le soutien d'un premier tour de table de 10
millions de francs, effectué en décembre 1999 auprès du Crédit Lyonnais,
d'Asset Management et d'Auriga Venture, Toobo a pris soin de ne pas brûler les
étapes et de se concentrer sur la qualité de son contenu. Le site s'adresse à
trois types de clientèle. Tout d'abord, les sites marchands, qui ont tout
intérêt à être référencés par lui car ils récupèrent de nouveaux clients sans
rien faire. La deuxième cible est composée des internautes. A l'aide du
shopbot, le site répond à deux questions essentielles les concernant : "Où
acheter mon produit ?" et "A quel prix l'acheter ?". Enfin, le troisième type
de clients correspond, sur un mode indirect, aux sites portails à forte
audience. L'idée est de leur fournir clés en main un service de comparaison de
prix afin qu'ils puissent fidéliser les internautes. En janvier 2001, 45 000
internautes s'étaient inscrits à la newsletter du site. En 2000, la société
s'est attachée à développer une stratégie de concentration sur les prix et les
services pour devenir une plate-forme d'achat. Son rachat par Libertysurf, en
juillet 2000, lui a permis de profiter de la performance technologique et de la
régie publicitaire du FAI. Et aujourd'hui, 15 à 20 % du trafic de Toobo
provient des autres sites du groupe. Le site renferme 15 000 fiches techniques
sur des produits informatiques, électroniques, son-image, électroménager et
téléphonie. A chaque produit correspond une fiche descriptive où sont résumées
toutes les informations (origine, caractéristiques techniques...). Chaque fiche
est élaborée à partir des données extraites à distance des sites marchands et
se présente sous un format standardisé. Afin de faciliter les comparaisons
entre produits, plusieurs fiches peuvent être ouvertes simultanément. Le site
accorde également une importance toute particulière à son contenu éditorial. 70
guides d'achats sont ainsi proposés, ainsi que 30 dossiers thématiques, tous
réalisés par des experts du secteur concerné. Les sites marchands affichés dans
les pages du site sont testés pour identifier les plus et les moins de chacun.
Entre 200 et 250 sites sont aujourd'hui proposés, « ce qui couvre l'essentiel
de l'offre du marché français », indique Guillaume Gobin. Toobo les classe par
ordre de prix, mais propose aussi des parts de linéaire facturées au coût pour
mille. A lui seul, le secteur informatique représente 20 % du trafic du site.
En communication, Toobo est resté fidèle à la philosophie de ses dirigeants,
c'est-à-dire discret. Le lancement des nouvelles versions du site ont été
soutenues, en juin, puis à l'automne, par une campagne de promotion de 6
millions de francs dans la presse internet et informatique et à la radio sur
les stations du groupe NRJ. « Nous ciblons plutôt les CSP +, qui sont les
internautes d'aujourd'hui, très bien identifiées par les journaux et les
radios. Il est inutile d'aller dépenser des fortunes à la télévision »,
justifie Guillaume Gobin. A l'avenir, Toobo va développer un système d'opinion,
un guide d'achat disponible sous format vidéo, et enrichir son portail Wap qui
connaît un succès mitigé. Il n'y aura, en revanche, aucun changement sur la
prestation technique (le site est réalisé en interne sur une technologie
propriétaire), ni sur le modèle économique, qui est construit sur des revenus
provenant de la promotion des sites (via le moteur de recherche et la mise en
avant des offres promotionnelles), de la publicité et du sponsoring.