Circuit court 2025 : entre ralentissement et nouvelles attentes

Est-ce une baisse provisoire ou définitive ? À la lecture du 5e baromètre sur la consommation en circuit court, réalisé par Pourdebon, une légère baisse de la consommation directe auprès des producteurs en France a en effet été identifiée. Une baisse de cette consommation qui résonne comme une mauvaise surprise.

Cette tendance, observée pour la première fois depuis le lancement de l'étude, s'inscrit dans un contexte économique tendu et soulève des questions sur l'avenir de ce mode de consommation. "Alors que les années précédentes avaient vu une croissance soutenue de la consommation en circuit court, 2025 marque une rupture. Le baromètre révèle une décroissance de 3 à 4 points dans la consommation, un phénomène attribué principalement à des facteurs économiques. Les prix plus élevés des produits en circuit court, souvent entre 10 et 25 % plus chers que ceux de la grande distribution, pèsent lourdement sur les décisions d'achat des consommateurs, surtout en période de crise économique", explique Nicolas Machard, le cofondateur de Pourdebon. Une situation exacerbée par des décennies de conditionnement des consommateurs à des prix bas, souvent au détriment de la qualité et de la rémunération des producteurs.

Les défis logistiques et les nouvelles initiatives

La fermeture de nombreux points de vente directs ces dernières années a compliqué l'accès aux produits en circuit court. Les petites structures locales, souvent confrontées à des défis logistiques et économiques, peinent à maintenir leurs activités. "Cependant, des initiatives innovantes émergent, comme les casiers réfrigérés et les distributeurs automatiques, qui permettent aux producteurs de proposer leurs produits directement aux consommateurs, même dans des zones rurales", souligne le cofondateur.

Des disparités régionales et démographiques

Les disparités régionales en matière de consommation en circuit court sont frappantes. Les régions comme la Bourgogne Franche-Comté (78 %), les Pays de la Loire (72 %) et la Bretagne (70 %) se distinguent par leur fidélité à ce mode de consommation, avec des taux de consommation élevés. En revanche, la Normandie se positionne en bas du classement, avec près de la moitié des répondants déclarant rarement ou jamais acheter en circuit court. Cette disparité pourrait s'expliquer par des différences de niveau de vie et d'accès aux produits locaux.

Sur le plan démographique, les seniors, notamment les 55 ans et plus, restent les plus fidèles consommateurs en circuit court. Cette tendance est particulièrement marquée chez les "jeunes seniors" de 60 ans et plus, qui représentent une part significative des acheteurs réguliers. Quant au CSP, les "+" sont la catégorie sociale qui plébiscite le plus le circuit court : à 70 %, ils sont 6 points au-dessus de la moyenne nationale.

La transparence, un critère clé pour les consommateurs

La transparence devient un critère de plus en plus important pour les consommateurs. Selon le baromètre, 90 % des Français apprécient de voir le nom du producteur sur la carte d'un restaurant, signe d'une demande croissante pour la traçabilité des produits. Cette tendance est renforcée par des plateformes comme Pourdebon, qui intègrent des QR codes permettant aux consommateurs d'accéder à des informations détaillées sur les producteurs et leurs méthodes de production.

Le circuit court au restaurant

Pour cette nouvelle édition du baromètre, la plateforme s'est donc intéressée aux attentes des Français lorsqu'ils se rendent au restaurant : plus d'un Français sur deux (52 %) place l'utilisation de produits de saison dans son top 3 de critères de choix (classé en critère n° 1 pour 25 % des répondants). 39 % des clients privilégient les restaurants qui sourcent leurs produits dans un rayon de 200 km, 37 % souhaitent plus de transparence sur l'origine des ingrédients et 90 % apprécient voir apparaître le nom du producteur sur une carte de restaurant. "Preuve que la proximité et la traçabilité sont désormais au coeur des attentes, même en dehors du domicile", remarque Nicolas Machard.

Le circuit court en France en 2025 semble être finalement à la croisée des chemins. Bien que la consommation connaisse un léger ralentissement, les attentes des consommateurs en matière de qualité, de transparence et de proximité restent fortes. Les défis économiques et logistiques sont réels, mais les initiatives locales et les innovations technologiques offrent des perspectives prometteuses pour l'avenir de ce mode de consommation. "Les régions et les segments de la population qui continuent de soutenir le circuit court montrent que ce modèle, bien que confronté à des obstacles, reste une composante essentielle de l'économie locale et durable", conclut Nicolas Machard.