Fraude en ligne : "Les fêtes de Noël changent la donne"
A l'approche des fêtes de Noël, le risque de fraude en ligne augmente avec le nombre de commandes traitées par les enseignes d'e-commerce. Le point sur la question avec Markus Bergthaler, global director of programs & marketing au Merchant Risk Council.
Je m'abonne
Existe-t-il, parmi les acteurs du e-commerce, un profil "à risque" face à la menace de la fraude bancaire ?
Hélas, non. Aucune structure n'est à l'abri du risque. La diversité des profils concernés est d'ailleurs reflétée par les membres du Merchant Risk Council. Au nombre de 450 à l'heure actuelle, ils vendent aussi bien des produits de consommation physiques que numériques, des prestations de voyage, des informations accessibles par abonnement... Pendant les mois de novembre et décembre qui précèdent les fêtes de fin d'année, la donne change néanmoins. Les fraudeurs visent tout particulièrement les enseignes qui vendent des produits physiques, plus susceptibles d'être plébiscités par les consommateurs en quête de cadeaux de Noël, notamment. Mais cela n'atténue pas la menace qui pèse en permanence sur l'ensemble des acteurs - toutes industries confondues. Elle ne fait d'ailleurs que s'intensifier avec le temps. Parallèlement néanmoins, la riposte se perfectionne. Entre autres outils anti-fraude, la généralisation de la vérification par empreintes digitales pour les utilisateurs de smartphone et l'envoi automatique de récapitulatifs de commande par email dès qu'un achat est finalisé sur un site contribuent à faire en sorte qu'il est maintenant beaucoup plus difficile de frauder en ligne que par le passé.
La sécurité des services de paiement en ligne est-elle l'apanage des gros acteurs ?
"Tôt ou tard, la fraude vous rattrape"
La taille de l'enseigne importe peu dans la mesure où les plus petits e-marchands peuvent s'appuyer sur les richesses, logistiques et technologiques, de prestataires. Ce qui fait toute la différence, c'est le fait de prendre toute la mesure du risque de fraude - de se savoir vulnérable. Certaines enseignes n'ont pas été durement frappées par la fraude... pour l'instant. Se pensant à l'abri, elles négligent d'investir dans des solutions adéquat et privilégient, par exemple, le marketing. C'est une grossière erreur car leur manque de vigilance implique que, tôt ou tard, le problème de la fraude va les rattraper. Nous voyons souvent ce cas de figure au Merchant Risk Council. Moins à présent qu'il y a ne serait-ce qu'un ou deux ans cependant car la multiplication exponentielle des cas de fraude recensés a pour effet de promouvoir la nécessité de se protéger.
Le succès croissant du e-commerce transfrontalier représente-t-il un danger supplémentaire ?
Indéniablement, oui. L'une des choses les plus difficiles à faire pour une enseigne est de pouvoir distinguer une "bonne" commande d'une commande frauduleuse. Or, la mobilité extrême qui caractérise notre ère digitale fait que de plus en plus de gens achètent, d'un endroit, des biens en ligne, qu'ils font ensuite livrer ailleurs. Par le passé, si la commande et la livraison ne correspondaient pas à la même zone géographique et si, de surcroit, la carte bancaire utilisée provenait encore d'ailleurs, c'était un signe presque infaillible de fraude. Désormais, c'est un scénario courant. Cela complique substantiellement les choses. L'enjeu étant, pour les enseignes, de ne pas décliner de bonnes commandes par excès de suspicion, à moins de faire fuir des consommateurs légitimes.