Laure Ragnès, DG La Grande Récré : "Nous avons à coeur de maintenir la différenciation entre les deux marques"

Prévoyez-vous d'adapter le modèle de distribution de La Grande Récré à celui de la coopérative JouéClub ?

Laure Ragnès : Actuellement, La Grande Récré fonctionne de manière centralisée avec des points de ventes intégrés. C'est donc le groupe qui pilote l'offre, avec un réseau de franchise en parallèle.

Pour l'avenir, nous avons à coeur de maintenir la différenciation entre les deux marques en termes d'offre, afin d'enrichir les deux marchés et ne pas appauvrir le choix pour les consommateurs. Et ce, quel que soit le mode de distribution.

Cependant, l'ambition de développement que nous avons pour l'enseigne implique de facto des modifications de l'organisation. Mais nous ne sommes pas enclins à nous engager à changer le modèle de distribution, car nous devons d'abord observer le comportement des consommateurs et adosser notre stratégie à ce que nous observons. C'est pour cela qu'aujourd'hui, nous menons une étude de notoriété de la marque afin d'affiner notre vision des différences entre les clientèles. Une fois que nous aurons fait ça, nous adapterons, si besoin, le mode de distribution.

En somme, nous ferons le choix pragmatique qui sera le plus rentable pour la marque.

La différenciation entre les deux marques passe donc par l'offre ?

Francis Ceron : Oui. Nous avons deux catalogues produits distincts. Puisque nous écoutons les tendances, il y a des jouets en commun. Mais cela ne représente que 30 % de nos offres.

Nous travaillons réellement pour conserver ces différences avec un réel arbitrage et des choix stratégiques auprès de nos fournisseurs.

Quelle est la part de l'e-commerce chez La Grande Récré ?

Laure Ragnès : L'e-commerce est présent, mais sa part est encore très faible. La vente sur internet ne faisait pas partie de la stratégie de l'ancienne direction de La Grande Récré, ce qui n'est pas notre point de vue. Mais là encore, il s'agit de gérer des priorités qui sont surtout liées à la mise au niveau du réseau de vente physique.

La visibilité que nous allons acquérir sur la marque va drainer une visibilité digitale plus importante, qui nous permettra de mieux développer l'e-commerce.

L'omnicanalité fait-elle partie des axes de développement de l'e-commerce ?

Francis Ceron : Oui, c'est absolument primordial.

Laure Ragnès : L'objectif du commerçant est de s'occuper de tous ses clients. Donc, ne pas répondre à une demande d'omnicanalité qui est très forte chez les consommateurs n'est pas envisageable. Nous allons devoir créer ce qui n'existait pas au préalable.

Pourquoi les corners (zone de vente spécifique située dans un espace commercial plus grand) sont-ils si importants dans la stratégie de l'enseigne ? (NDLR, La Grande Récré possède 100 corners dans des stations-service Total Énergie, et 30 dans des Club Med)

Francis Ceron : Les corners nous apportent de la visibilité, c'est dans ces points de vente que la marque se déporte des magasins traditionnels. Ils nous permettent de toucher une clientèle nomade, donc des consommateurs avec lesquels nous ne sommes pas forcément en contact habituellement.

Laure Ragnès : La part de chiffre d'affaires des corners est plus basse que celle des magasins. Mais en termes de parcours client, ils nous permettent d'être présents à tout moment dans la vie des consommateurs. C'est ce que nous entendons lorsque nous parlons de visibilité.

Allez-vous continuer d'appliquer la politique de fidélité mise en place avant la reprise ?

Francis Ceron : Nous avons la chance d'avoir une base de clients "privilégiés" très importante. Notre objectif est de nous occuper d'eux en leur offrant des services et activités supplémentaires tout au long de l'année, mais aussi d'en fédérer de nouveaux.

Quel est votre objectif de croissance pour Noël 2023 ?

Francis Ceron : En prenant en compte notre démarrage très encourageant, nous allons dépasser le chiffre d'affaires historique des périodes de Noël précédentes de La Grande Récré, ça ne fait aucun doute.

Nous avions anticipé une progression, mais nous sommes déjà au-delà de nos espérances.