Consommation responsable : les Français veulent bien faire, mais pas à n'importe quel prix
Conscients des enjeux écologiques, les consommateurs français sont largement volontaires pour adopter de nouveaux comportements d'achat, notamment dans l'alimentaire, selon un sondage OpinionWay publié ce jeudi. Mais cet engagement reste limité par les prix - critère principal d'achat pour trois Français sur quatre - et par le manque d'offre.

Entre la théorie et la pratique, il y a un gouffre. C'est ce que montre la dernière étude de d'OpinionWay pour la société spécialisée dans la numérisation du commerce VusionGroup, publiée jeudi 20 mars et menée sur un panel représentatif de 1 019 personnes interrogées. Dédiée au rapport qu'entretiennent les Français avec la consommation responsable, ses résultats dégagent un premier consensus : tout le monde semble à la fois conscient de l'urgence, et prêt à agir. Non seulement 77 % se voient déjà comme des "consommateurs responsables", dont 13 % "tout à fait" responsables, mais 98 % se disent "prêts à faire au moins un effort pour une consommation plus respectueuse de l'environnement."
Produits de saison et locavorisme
Parmi les gestes les plus courants, 91 % des interrogés acceptent de réduire les emballages lors des livraisons, 89 % disent recycler leurs appareils électroniques et 86 % privilégier la réparation au remplacement. Cette volonté se matérialise notamment dans l'alimentaire. Ainsi, 66 % disent acheter des produits de saison chaque semaine, 53 % privilégier le Made in France, et 47 % le local.
En revanche, les produits non alimentaires peinent encore à s'imposer comme une priorité écologique. Seuls 24 % des interrogés achètent des articles facilement recyclables au moins une fois par semaine, tandis que la seconde main reste marginale avec seulement 10 % d'acheteurs hebdomadaires et 26 % de consommateurs qui n'y recourent jamais.
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Le prix, le nerf de la guerre
Car si la consommation responsable semble avoir gagné la bataille des idées, reste un problème de taille : les prix. 75 % des Français considèrent le coût comme le premier critère d'achat, loin devant l'impact environnemental du produit.
Trois Français sur quatre, quand le revenu disponible médian dans l'hexagone se situe à environ 2 200 euros et le taux de pauvre à 14,5 % selon l'Insee, celà n'a rien d'étonnant. Mais les conséquences se font ressentir sur la marge de manoeuvre des ménages : les enquêtés ne sont que 59 % à accepter de payer plus cher pour un produit plus respectueux de l'environnement, et en moyenne, ils ne tolèrent une augmentation des prix que de 10,5 % pour du Made in France, 9,7 % pour des produits locaux et 7,1 % pour du bio.
Une offre jugée insuffisante
Par dessus le marché, l'échantillon fait remarquer un problème de disponibilité des alternatives. 55 % estiment que les magasins et sites de e-commerce ne proposent pas assez de produits respectueux de l'environnement - qu'il s'agisse d'alternatives locales, de circuits courts, de produits recyclables ou encore d'initiatives anti-gaspillage. Pourtant, lorsqu'ils sont confrontés à l'absence d'un produit écoresponsable, les consommateurs sont partagés, et 28 % préfèrent renoncer à leur achat, mais une part équivalente choisit un produit de substitution moins écologique. Un dilemme qui souligne un besoin d'accompagnement et de structuration de l'offre pour éviter que les bonnes intentions ne se transforment en renoncements ou en achats par défaut.
Ce serait donc au secteur de creuser. Car du côté des consommateurs, les attentes sont claires à l'égard des distributeurs. 66 % estiment que les enseignes doivent améliorer leur efficacité énergétique et 47 % demandent davantage de produits locaux et nationaux. La question des emballages reste un sujet central, avec 40 % qui attendent une réduction de leur utilisation. Ces axes d'amélioration sont des leviers concrets sur lesquels les sites e-commerce et les enseignes physiques doivent travailler pour répondre aux préoccupations environnementales tout en restant compétitifs sur le plan tarifaire.
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