Levée de fonds : les bonnes pratiques
A l'occasion d'une journée de conférences organisée par E-Commerce Magazine sur le thème "Se développer à l'international : stratégie, financement, déploiement", Jean-David Chamboredon (Isai), Marc Menasé (Menlook), et Eric la Bonnardière (Evaneos) livrent leurs conseils pour lever des fonds.
Je m'abonneLe 26 mars 2013 à l'hôtel Intercontinental de Paris dans le 9ème arrondissement, s'est tenue une journée de conférences et de tables rondes, organisée par E-Commerce Magazine autour du thème : "Se développer à l'international : stratégie, financement, déploiement". A cette occasion, e-commerçants et prestataires du secteur se sont réunis afin d'assister, notamment, aux témoignages d'experts sur l'éco-système du financement d'une activité web marchande. Lever des fonds étant en effet, l'une des toutes première étape dans la vie d'un site e-commerce.
"Au départ, de nombreux web entrepreneurs utilisent leurs propres fonds, ou se tournent vers leur famille, indique Jean-David Chamboredon, président exécutif du fonds d'investissement ISAI. Puis ils s'adressent à des business angels, des capitaux risqueurs français, et enfin des capitaux risqueurs à dimension internationale. Levant à chaque étape, des sommes plus élevées".
Le site de création de voyages sur mesure Evaneos.com, fait partie de ceux qui ont réussi ce tour de force. Crée en 2009, il a été co-fondé par Eric la Bonnardière : "Mon associé et moi-même avons investi 10 000 euros chacun dans la société. Puis, Oséo nous a octroyé des aides supplémentaires. Avec la croissance d'activité du site, nous avions la possibilité de nous adosser à un industriel du voyage. Mais avons finalement opté pour être accompagné par le fonds Isai".
Beaucoup de candidats, peu d'élus
Un cheminement qui s'apparente parfois à un parcours du combattant, notamment en période de crise. "Lever des fonds n'est pas très à la mode en ce moment. Afin d'y parvenir, il est nécessaire d'avoir un concept différenciant, pouvant parfois se trouver dans les marchés de niche", explique Jean-David Chamboredon. En effet, les portails ayant en vue de lever de l'argent ne manquent pas, et chaque année, le fonds Isai à lui seul reçoit près de 1 500 projets. Sur cet ensemble, il en rencontre 400, en discute une cinquantaine, pour finalement investir dans trois ou quatre projets. Il est donc capital d'être préparé, afin de parer toute éventualité.
Le fonds d'investissement Isai, pour sa part, est attentif à trois grands critères. Tout d'abord, l'équipe. Elle doit être menée par un patron, "et doit avoir envie d'échanger avec ses investisseurs". Ensuite, le modèle économique : "nous adorons les business model pour lesquels les capitaux de départ doivent être modestes". Enfin, le timing. "Le rapport lancement du concept-timing par rapport au contexte du secteur du e-commerce, doit être bon".
Lorsque Marc Menasé crée le site de mode pour hommes Menlook.com en 2009, il avait pour ambition d'être rapidement en situation d'hypercroissance. "Nous avons levé 4,5 millions d'euros auprès de Partech International et Axa Private Equity, afin d'avoir des moyens financiers conséquents dès le début", explique-t-il. En 2012, il parvient une nouvelle fois à boucler un tour de table, de 5,6 millions d'euros, auprès d'Orkos Capital et de 123Venture. L'idée étant ici de financer son expansion à l'internationale "notamment en Angleterre, et bientôt, en Hollande, Allemagne, Italie et Espagne". Le montant de la levée de fonds n'est cependant pas systématiquement lié à la nature de ses projets : "il doit avant tout être corrélé à la valeur de l'entreprise, et cohérente avec la taille de celle-ci".
Étant un moment fort, et un enjeu majeur de la vie d'un site marchand, le développement à l'international nécessite par ailleurs de bien choisir son fonds d'investissement. "Il est primordial de s'entourer de gens qui ont envie d'échanger. Par ailleurs, il peut être important de savoir si le fonds va être présent en cas de difficultés dans l'entreprise, s'il apportera un soutien ou au contraire, adopter une attitude plus dure."
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Autant d'éléments à prendre en compte pour réussir une levée de fonds, et convaincre les investisseurs du sérieux d'un projet e-commerce. Bien entendu, en cas de refus, la persévérance est de rigueur, car nul n'est à l'abri d'une erreur de discernement de la part des fonds d'investissement. Isai avait ainsi refusé d'investir à ses débuts, dans la société Critéo, désormais fleuron du web français passé de 0 à 200 millions de chiffre d'affaires en trois ans.