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Résilience de la supply chain : état des lieux et perspectives

Dans un contexte mondial marqué par des crises successives, la résilience des entreprises est devenue un enjeu stratégique crucial. Une étude récente menée par France Supply Chain by Aslog et Sopra Steria Next, met en exergue les déterminants clés de cette résilience de la chaîne d'approvisionnement. L'objectif, aider les entreprises à se préparer structurellement aux chocs futurs.

Publié par Jérôme Pouponnot le - mis à jour à
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Résilience de la supply chain : état des lieux et perspectives
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Une vraie dynamique en matière de résilience... mais les progrès à faire sont encore importants. C'est en substance le résumé de l'étude France Supply Chain et Sopra Steria Next. Une étude qui révèle un indice global de maturité des entreprises de 2,59 sur 4 en matière de résilience. Or, seulement 23 % des entreprises atteignent un niveau avancé et aucune n'atteint le niveau maximal. Ce déficit de résilience est préoccupant car il indique que la majorité des entreprises ne sont pas suffisamment préparées pour faire face aux crises.

Manque de visibilité sur la chaîne d'approvisionnement

Un autre point critique soulevé par l'étude est le manque de visibilité sur la chaîne d'approvisionnement. Seules 10 % des entreprises ont une vision claire sur plusieurs niveaux de leur supply chain et 41 % ont une visibilité moyenne sur les fournisseurs de premier rang... exposant les autres à des risques accrus. Cette absence de visibilité complique non seulement la gestion des risques et la prise de décisions éclairées, mais expose également les entreprises à des aléas d'approvisionnement. Conséquence : elles ne peuvent pas anticiper de potentiels problèmes.

Par ailleurs, la majorité des entreprises externalise la distribution en s'appuyant sur des prestataires spécialisés, selon les modèles 2PL (33 %) ou 3PL (37 %). Seules 22 % des entreprises considèrent leur schéma de distribution comme flexible dans des délais rapides. Cette externalisation nécessite une collaboration et un partage d'information accrus avec les prestataires.

L'étude montre également que la transition écologique reste encore trop timide. Bien que 42 % des entreprises mesurent leur empreinte carbone après coup, seulement 27 % intègrent ces données dans leurs décisions opérationnelles. Cette déconnexion entre la mesure et l'action freine les efforts de durabilité.

Investissements en résilience : une approche réactive

Les investissements en résilience sont souvent réactifs. Après chaque crise, les entreprises investissent massivement, mais réduisent leurs efforts une fois l'urgence passée, suivant un schéma "boom-and-bust". Cette approche semble inefficace pour construire une résilience durable.

Autre information, la Supply Chain, en tant que levier stratégique, est encore sous-exploitée. Bien que 42 % des entreprises l'intègrent dans leur planification stratégique, 33 % la maintiennent à un niveau hiérarchique intermédiaire. Cette sous-utilisation limite le potentiel de la Supply Chain à renforcer la résilience globale de l'entreprise.

Prise en compte des critères environnementaux

42 % des entreprises adoptent une approche de reporting a posteriori sur leur empreinte environnementale, mais seulement 27 % intègrent des données environnementales dans leur processus décisionnel. Cette déconnexion entre la mesure et l'action freine l'adoption de solutions logistiques durables.

Les systèmes d'information (SI) et la capacité à communiquer avec son écosystème jouent, quant à eux, un rôle central dans la résilience de la Supply Chain. Cependant, seulement 15 % des entreprises disposent de systèmes d'information prédictifs et prescriptifs. La majorité se situe encore à un niveau de maturité faible ou moyen en matière de capacité à communiquer avec son écosystème.

Cybersécurité : un point faible

Autre point inquiétant et pas des moindres, la cybersécurité. Elle demeure un point faible, notamment chez les ETI et PME, qui constituent souvent le maillon fragile de la chaîne. Les entreprises investissent principalement dans la mise en place d'APS, le renforcement des protocoles de sécurité avec les fournisseurs et l'intégration de solutions de Business Intelligence (BI).

M. Walid Klibi, Professeur en Supply Chain à Kedge-ISLI et chercheur affilié au MIT-CTL, résume : "Les entreprises réagissent souvent de manière réactive face aux investissements nécessaires pour la résilience, adoptant une approche qu'on appelle "boom-and-bust". Après une perturbation, elles ont tendance à engager des sommes importantes pour protéger leurs opérations et maintenir la continuité des activités, mais ces investissements diminuent rapidement une fois que l'impact de la crise s'est atténué. Une nouvelle approche pour financer les investissements en résilience pourrait consister à intégrer l'évaluation par options réelles dans les processus budgétaires des entreprises. Plutôt que de traiter ces dépenses comme des coûts ponctuels réactifs après une crise, les entreprises pourraient allouer des fonds de manière proactive et continue en les intégrant dans les budgets de capital employé, de fonds de roulement et d'exploitation. Cette méthode permettrait d'optimiser les investissements en fonction de leur impact sur la continuité des opérations et non seulement sur la probabilité d'un risque spécifique".



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