Web 3, NFT et IA générative : le futur du retail ?

En 2022, 6,5 milliards d'euros ont été investis dans l'innovation technologique du commerce. Cette recherche de la transformation n'est pas près de s'arrêter selon Nicolas Diacono, responsable technologie et innovation chez l'Échangeur BNP Paribas Personal Finance, qui souligne que l'écosystème retail est en mouvement depuis plusieurs mois. Il détaille que 43 des 100 plus grandes marques ont investi dans le web 3, principalement dans le secteur de la mode et du luxe. Pour rappel, "web 3" (ou web 3.0) est le terme utilisé pour désigner l'idée d'un web décentralisé exploitant la technologie de la blockchain. Nicolas Diacono le désigne comme "la possibilité de produire et consommer du contenu, tout en détenant ses propres données."

Actuellement, 25 % des projets web 3 viennent du commerce et sont principalement pensés autour des NFT. À titre d'exemple, Starbucks propose des cartes de fidélité sous forme de "token" unique. La marque Lacoste, elle, propose des boutiques virtuelles pour acheter en ligne, qui sont accompagnées de pièces "VIP" pour les détenteurs de ses NFT. "Ces innovations représentent une nouvelle manière de penser la fidélisation des clients", explique Nicolas Diacono.

L'idée qui s'articule autour de ces projets est de repenser la propriété. Elle est notamment portée par l'entreprise Dead Fellaz, qui propose des collections de NFT en partenariat avec des marques. "Par exemple, si vous achetez un sweat chez l'une de ces marques, vous devenez détenteur d'un NFT, détaille Nicolas Diacono. Donc si vous souhaitez le faire réparer ou l'échanger pour la taille, il suffit de présenter ce token. C'est un ticket de caisse 3.0, qui peut offrir des avantages fidélité en plus."

Mais tous ces projets sont en phase embryonnaire. En effet, bien que prometteur, le web 3 n'est pas encore au point. "On peut plutôt parler d'un web 2.5", s'amuse Nicolas Diacono.

L'IA générative, futur du retail

Si le web 3 n'est pas encore tout à fait au point, l'intelligence artificielle, elle, s'installe de plus en plus dans notre quotidien. Selon Guillaume Rio, responsable tendances technologiques et prospectives chez l'Échangeur BNP Paribas Personal Finance : "L'IA est la technologie la plus disruptive de ces 20 dernières années, depuis l'accès démocratisé à internet." À titre d'exemple, Chat GPT a eu plus de 100 millions d'utilisateurs en deux mois. En comparaison, il a fallu 30 mois pour qu'Instagram atteigne ce chiffre.

L'intelligence artificielle peut prendre plusieurs formes, mais c'est à l'IA générative que s'intéresse Guillaume Rio. Celle-ci permet de générer des images, du texte et même du code. Le tout, sans nécessité aucune connaissance ou formation spécifique, Midjourney (site de génération d'image) propose par exemple des explications détaillées et des conseils d'utilisation via différents canaux. Le résultat peut être bluffant de réalisme, mais pour cela le texte (ou prompt) doit être précis et détaillé. Ces quelques lignes sont le nerf de la guerre, si bien qu'il existe aujourd'hui des personnes qui vendent leur service et rédigent des prompts pour quelques euros.

"Cela va révolutionner le monde de la pub et du retail, commente Guillaume Rio. Par exemple, avec le bon prompt, un site de génération d'image peut designer la chaussure que vous avez en tête en quelques secondes." Ainsi, plus besoin de formation en code ni même en design 3D. Pour aller encore plus loin, Chat GPT peut rédiger des prompts optimisés pour les différents sites d'IA générative.

Les géants de la tech se bousculent pour proposer ces solutions, Microsoft a par exemple investi 10 milliards de dollars dans le développement de Chat GPT afin de l'avoir en exclusivité dans sa future suite "Azur". De son côté, Google a 26 projets d'intelligence artificielle générative en cours de développement.