[Interview] Jean-Philippe Fleury, fondateur du site materiel.net: "Nous avons investi dans la lutte antifraude"
Lancé en 2001, materiel.net, le site spécialisé dans la vente de matériel informatique et high-tech, nouvellement racheté par LDLC, attise la convoitise des fraudeurs. Le point avec Jean-Philippe Fleury, le fondateur du site.
Je m'abonneQuel est votre degré d'exposition à la fraude?
La sécurisation du paiement est un sujet d'autant plus important, pour nous, que notre catalogue produits nous expose à un risque important. Quand un nouvel iPhone sort, cela aiguise les appétits des fraudeurs! Toute faille dans notre système peut ainsi vite prendre une ampleur catastrophique étant donné, d'une part, le prix élevé du panier et, d'autre part, nos faibles marges. Un seul impayé nécessite de faire beaucoup de ventes pour être compensé.
Nous avons donc investi dès le départ dans la lutte antifraude - et testé, au fil du temps, nombre de solutions plus ou moins efficaces, comme le fait de demander à nos clients d'envoyer des preuves d'identité après toute commande. Sans surprise, cela s'est vite révélé être un obstacle majeur à la vente, du fait du côté chronophage de la chose. Aujourd'hui, le volume des commandes traitées nous oblige à avoir des process industrialisés.
Concrètement, comment faites-vous pour vous protéger?
Nous travaillons avec deux prestataires: Fianet et Atos. Nous avons également une équipe dédiée en interne. Au quotidien, tout est très organisé. Les transactions sont authentifiées automatiquement grâce à l'analyse en temps réel de plusieurs flux de données. Le reliquat, lui, fait l'objet d'une analyse manuelle.
Dans la mesure où le paiement s'effectue au moment de l'envoi de la commande, il est crucial d'identifier les mauvais profils en amont. Nos équipes sont donc constamment en veille pour identifier les nouveaux scénarios de fraude et paramétrer les solutions en fonction.
Pensez-vous qu'il y ait une solution durable possible au problème de la fraude?
"La fraude concerne les consommateurs en premier lieu, puisqu'elle fait grimper les prix."
Aujourd'hui, la seule solution 100% fiable consiste à instaurer le 3 DS pour tous. Or, le dispositif n'est pas applicable à cette échelle. En effet, toutes les cartes bancaires ne sont pas compatibles et il reste un gros travail de communication à faire auprès des consommateurs. Ces derniers gagneraient pourtant à être mieux informés. La fraude les concerne en premier lieu, puisqu'elle fait grimper les prix.
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Mais le système actuel fait porter tout le risque par les e-commerçants. Les banques, de leur côté, ne font que réajuster leur barème de paiement. Dans la mesure où elles proposent les solutions de paiement, elles devraient pourtant pouvoir les garantir!
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