Twil veut devenir le Shazam du vin

"Twiler", c'est prendre en photo l'étiquette d'un vin, accéder à sa page de présentation en ligne et l'acheter. Ce néologisme, à la consonance proche de celle du site à l'oiseau bleu, a été inventé en 2016 par Erwann de Barry, fondateur et président de la jeune pousse Twil. "L'idée était d'exploiter le vin coup de coeur et de surfer sur l'achat d'impulsion, en proposant une nouvelle expérience-client", confie le dirigeant, fin connaisseur du secteur, étant lui-même fils de vignerons. Le principe est simple: d'un côté une appli de reconnaissance visuelle, et de l'autre, un site internet accueillant les produits des vignerons.

Si les téléchargements se multiplient, plus de 100000 depuis le lancement de l'activité, la conversion en ligne des partenaires se révèle en revanche plus lente. Quand on sait que seulement 7% des vignerons disposent d'un site marchand, on mesure la difficulté de la tâche. "Mais nous disposons de deux arguments choc pour les convaincre de se faire référencer, souligne Erwann de Barry: d'abord, le paiement immédiat de leurs bouteilles contre 120 jours quand ils écoulent leurs produits par les grande distribution, par exemple. Ensuite, du fait que nous sommes dans un schéma de vente directe, avec une commission de 15% seulement, que nous prélevons sur les commandes, nous permettons aux vignerons de dégager entre 20 et 25% de marge supplémentaire". À date, la start-up travaille avec un peu plus de 2000 producteurs.

Donner accès à l'e-commerce aux petits producteurs

"Aujourd'hui, seuls les grands crus et châteaux de renom ont accès à l'e-commerce. Notre ambition est de pouvoir donner les mêmes chances au vigneron indépendant de vendre son vin en ligne!", affirme Erwann de Barry. Pour ce faire, Twil facilite au maximum la démarche des producteurs, en gérant pour eux le marketing et la logistique. Un modèle novateur dans un marché encore contrôlé à 80% par la grande distribution.

C'est le seul acteur indépendant à ce jour de la reconnaissance d'étiquettes, son concurrent direct, Wine Advisor, ayant été racheté en mars 2018 par Leclerc. "Nous avons vendu l'an passé 70000 bouteilles et réalisé 1 million d'euros de chiffre d'affaires", précise le dirigeant. Un business qui commence à rapporter et qui a convaincu les investisseurs. Twil a bouclé en mars dernier un tour de table de 1,5 million d'euros. À travers cette levée de fonds, les investisseurs sont entrés dans le capital de Twil à hauteur de 20%.

L'objectif à court terme est clair: développer de nouveaux marchés. D'où l'intérêt de l'acronyme de "The Wine I Love", un nom qui permet à l'entreprise de viser un développement international. "Rien qu'en Europe, la consommation de vin à domicile s'élève à 75 milliards d'euros", indique Erwann de Barry. De plus, le secteur de la vente de vin sur Internet n'est pas préempté par Amazon, qui s'est même retiré de cette activité aux États-Unis. De bon augure pour un acteur en plein développement, qui vise les 3 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année.

Grâce à cette levée de fonds, Twil lance également de nouveaux services, comme la conciergerie, inspiré du Twil premium, un service sur mesure pour partir à la recherche des vins que l'on ne trouve ni en ligne ni chez le caviste du quartier, que la start-up avait lancé quelques mois plus tôt. Ou encore la livraison express, disponible en livraison sous 24 heures pour une gamme courte de produits. Prochain service à venir: la solution de paiement à plusieurs, grâce à un partenariat avec potcommun.fr. La wine tech n'a pas fini de faire parler d'elle.