"L'inflation alimentaire en France est de 21% depuis deux ans", Dominique Schelcher, PDG de Système U à la REF 2023
Dominique Schelcher, président-directeur général de Système U, est intervenu lors d'une table ronde organisée dans le cadre de l'édition 2023 des rencontres des entrepreneurs de France (REF) et consacrée à la thématique de la rareté. Le patron de Système U a rappelé que l'inflation alimentaire en France est de 21% depuis deux ans. Un contexte difficile pour la grande distribution (appros) et les consommateurs (pouvoir d'achat). Mais il s'est montré confiant dans la capacité d'innover des entreprises pour trouver des moyens de financer la transition environnementale.
Je m'abonneManquerons-nous de tout demain ? Comment préserver les éléments essentiels à la vie sur Terre ? Comment pourra-t-on concilier croissance et sobriété ? Et si la réponse à la rareté des ressources, ce n'était pas simplement le caractère infini du progrès ? Telles étaient les questions posées aux participants du débat qui s'est tenu lundi 28 juillet à l'hippodrome de Longchamps devant le public d'entrepreneurs ayant répondu présents à l'invitation de Patrick Martin, élu à la tête du syndicat patronal, le Medef, le 6 juillet dernier avec 73,18 % des voix.
Dominique Schelcher, président-directeur général de la grande enseigne de distribution Système U, y participait aux côtés de Patrick Artus, professeur à Paris School of Economics, conseiller économique de Natixis ; Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia ; Jean-Marc Jancovici, fondateur du Shift Project et Sabrina Soussan, présidente-directrice générale de Suez. Le patron du quatrième groupe français de distribution alimentaire a rappelé en introduction que son secteur d'activité opérait sur fond d'inflation galopante. "L'inflation alimentaire en France est de 21 % depuis deux ans", a-t-il mentionné en préambule de son intervention.
Des consommateurs aux comportements qui changent durablement
Les consommateurs changent de comportement. Ils tentent de remplir le frigo et de contribuer à la protection de la planète en même temps. Même si cette évolution n'est pas applicable à l'ensemble des consommateurs, ils sont de plus en plus nombreux à adopter de nouveaux réflexes en ce sens et ont envie d'agir en faveur de la préservation de la planète. "Le marché de l'occasion (habillement, jeux, livres, etc.) a véritablement explosé", a rappelé D. Schelcher. Une tendance accrue en cette ère postpandémique. La réutilisation et le recyclage gagnent des parts de marché. Les consommateurs privilégient de plus en plus aussi les produits de proximité, une thématique chère à "la coopérative qu'est Système U", a-t-il rappelé. Autre point évoqué par le patron de Système U : les profils de clients deviennent plus complexes, et ce à tous les niveaux de pouvoir d'achat. Leur comportement ne correspond plus à "cinq ou six strates bien identifiées"
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Même si l'innovation devrait permettre de trouver des solutions alternatives permettant de "digérer cette période de transition post-Covid" et de faire baisser les prix, "tout coûte encore un peu plus cher". La guerre en Ukraine entraîne aussi une certaine résistance de l'inflation notamment pour certains produits de la distribution alimentaire. En attendant, le client se montre "malin" (essor de la seconde main) selon D. Schelcher qui rappelle que "notre modèle de consommation basé sur l'abondance est à bout mais en pleine transformation".
Une souveraineté alimentaire en jeu
La pandémie aura été aussi pour D. Schelcher l'occasion de constater que la souveraineté alimentaire de la France n'était pas un fait gravé dans le marbre. Certaines denrées se sont raréfiées, les producteurs ont exprimé un certain nombre d'inquiétudes. Avant 2020 et la crise du Covid en particulier, notre taux de rupture (manque de produits) était de 2 %, maintenant, nous sommes structurellement à 10 % (logistique, transporteurs, personnel, matières premières, etc.). "Après la moutarde, le jus d'orange, le cacao, le sucre sont sous tension. Il va falloir faire de la pédagogie auprès des Français et expliquer que ce monde change". explique-t-il.
Pour le PDG de Système U," la clé de tout cela, c'est évidemment un prix rémunérateur des productions, ce à quoi la loi Egalim a manifestement contribué en préservant dans nos discussions avec les industriels le revenu des agriculteurs. À un moment où les besoins mondiaux sont énormes, on ne peut pas brader cette force extraordinaire de la France", a déclaré D. Schelcher. Le consommateur de son côté doit comprendre le prix qui en découle...