Boris Saragaglia, directeur général de Spartoo : "Dans le contexte du marché actuel, nous nous devons d'être combatifs"

Face à la crise du prêt-à-porter français, quel est votre état d'esprit quant à l'évolution du marché?

Ce n'est pas un secret, la consommation et le pouvoir d'achat des Français ont baissé. Nous avons donc observé un réarbitrage des priorités des consommateurs et je pense que l'équipement de la personne (vêtements et chaussures) n'est pas en haut de la liste. La chaussure reste un secteur robuste dans le prêt-à-porter, contrairement au marché des t-shirts ou chemises par exemple, qui est plus volatil et moins utile.

Au-delà des difficultés dues à la baisse du pouvoir d'achat des consommateurs, si nous faisons l'état des lieux des enseignes qui ont mis la clé sous la porte, c'était principalement des retailers de la distribution physique. Toutes ces marques étaient anciennes et se sont battues pour rajeunir leur image. Mais ce n'est pas simple de perdurer dans le temps et de ne pas vieillir avec sa clientèle. Un autre élément à prendre en compte est l'augmentation significative des loyers, laquelle a pénalisé ces enseignes physiques. Ajoutez à cela l'augmentation régulière du coût de la main-d'oeuvre en Chine due aux changements de réglementation, le coût des transports, de l'énergie etc.. De plus, la crise a touché des marques françaises pour lesquelles il était difficile d'être en concurrence face à des marques internationales (H&M, Zara, etc.) , qui perdaient peut-être de l'argent en France mais en gagnaient ailleurs.

Comment tirer son épingle du jeu pour traverser cette crise?

Dans le contexte du marché actuel, nous nous devons d'être prudents, agiles et combatifs. Pour tirer son épingle du jeu, il faut être réactif face aux changements des habitudes de consommation. Nous avons misé sur un développement de notre offre, tout en restant un spécialiste de la chaussure. Notre stratégie est d'avoir une offre illimitée sur internet, avec des tarifs attractifs, sans être les moins chers, afin de proposer de la qualité abordable pour le consommateur moyen. À cela, nous cherchons à ajouter de la proximité grâce aux magasins physiques. Le tout en misant aussi bien sur nos marques propres que sur les marques internationales.

Un autre choix clair pour notre stratégie est de privilégier l'excellence du service client. Nous sommes constamment évalués et nous prenons en compte les retours des consommateurs afin de nous améliorer. En somme, notre stratégie globale est de créer de la proximité avec nos clients, de leur parler régulièrement. Ce qui peut être un challenge dans le monde de la chaussure, puisqu'en moyenne on achète une nouvelle paire seulement tous les 120 jours.

Êtes-vous touché par les changements de consommation causé par la conscience écologique?

Pour commencer, il faut savoir que pour les chaussures de ville, les circuits sont assez courts, contrairement aux chaussures de sport. La fast-fashion dans l'univers textile a été utilisée longtemps et à outrance par un public jeune, mais le secteur de la chaussure n'a jamais vraiment été dans cette mouvance. C'est un produit assez noble, une paire de chaussures n'est pas jetable comme un t-shirt ou une chemise qu'on achète à bas prix pour une occasion unique et qu'on ne reportera jamais. Nous ne sommes donc pas les premiers touchés par les changements de consommation dus à la prise de conscience écologique.