Pouvoir d'achat 2025 : les Français toujours inquiets malgré la baisse des prix

Dans le cadre d'un webinar exclusif sur les tendances de consommation, Bonial a présenté les résultats de son dernier baromètre réalisé avec OpinionWay. Un constat clair se dégage : si l'inflation ralentit, le moral des Français reste morose. Le sentiment d'avoir perdu en pouvoir d'achat perdure, en dépit d'une légère décrue des prix observée par l'INSEE. Résultat : les arbitrages sont de plus en plus marqués, les dépenses plaisir réduites, et les consommateurs adoptent des stratégies d'achat plus opportunistes et défensives

Un sentiment d'inflation tenace, malgré la baisse des prix

Alors que les données récentes de l'INSEE montrent une décrue progressive des prix, le ressenti des Français reste profondément marqué par les hausses passées. La perception d'un pouvoir d'achat affaibli demeure dominante. Laurent Landel, Président de Bonial France, explique ce décalage par l'effet psychologique durable de l'inflation : "Comme tout traumatisme, il faut du temps pour s'adapter. L'augmentation des prix a été brutale, alors que leur baisse actuelle est beaucoup plus lente et discrète." Il insiste aussi sur le poids grandissant des dépenses contraintes - énergie, logement, transport - qui limitent les marges de manoeuvre, renforçant ainsi la sensation de restriction, en particulier sur les achats plaisir et alimentaires.

Des budgets serrés, des priorités révisées

Du côté d'OpinionWay, Frédéric Micheau, Directeur Général Adjoint, alerte sur la fragilité financière des ménages : seuls 23 % des français s'estiment capables d'investir. Plus inquiétant encore, un tiers des sondés affirme ne pas vivre décemment, et un sur deux renonce aux vacances, faute de budget. L'étude met également en évidence une réduction de la consommation de produits frais, de viande ou de poisson. Des arbitrages alimentaires devenus davantage courants dans un contexte de tension budgétaire persistante.

Pour faire face, les Français ajustent leurs comportements. La majorité déclare vouloir faire évoluer ses habitudes d'achat afin de mieux maîtriser ses dépenses. Parmi les leviers activés :

- Une vigilance accrue sur les prix et les promotions(48 %),

- Une réduction volontaire des consommations : énergie, loisirs, vacances, déplacements, achats alimentaires,

- Un recentrage sur les achats strictement nécessaires (21 %),

- Un changement d'enseignes au profit du discount ou de la grande distribution, avec une multiplication des points d'achat pour optimiser les prix,

- Un recours plus fréquent au marché de la seconde main (16 %).

Malgré ce repli, Laurent Landel observe un taux d'épargne relativement stable, signe d'un réflexe de précaution face à l'incertitude, mais aussi d'une absence de projection vers l'achat-plaisir.

Enseignements pour les acteurs du retail

Dans ce climat de défiance, la mission des enseignes est claire : réenclencher le désir de consommer. Cela passe par une communication claire et proactive sur les prix, les offres et les avantages, en phase avec les attentes des consommateurs. Les circuits discount confirment leur attractivité, mais le modèle d'hyper-fidélité semble révolu. Le consommateur 2025 devient multifidèle, naviguant entre différents réseaux et enseignes pour maximiser la valeur perçue et trouver la meilleure offre au bon moment.

En conclusion, Frédéric Micheau rappelle que 90 % des Français estiment qu'il est devenu plus coûteux de se faire plaisir par la consommation. Un ressenti que Laurent Landel associe au théorème de Thomas en sociologie : "Une perception, même fausse, produit des conséquences bien réelles." Le message est clair : c'est aux distributeurs de restaurer la confiance et la projection positive, à travers des politiques de prix lisibles et attractives.