[Tribune] Lois sur l'économie circulaire et crise du Covid-19
Selon Havas Media, 70% des français aimeraient changer radicalement leur manière de consommer. Comment une contrainte devient donc une opportunité pour les fabricants et les distributeurs français et un formidable accélérateur pour répondre aux nouvelles demandes du consommateur?
Je m'abonneFace aux dernières attentes du consommateur, il appartient aux entreprises de proposer de nouvelles offres adaptées à leurs demandes. En effet, 43% des consommateurs attendent des entreprises qu'elles rendent compte de leur impact environnemental. (source PWC). Parallèlement à cela, dès 2021, des mesures devront être appliquées par les entreprises pour se conformer à la loi sur la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire. Elles porteront notamment sur une meilleure information du consommateur sur le tri des emballages, la composition et l'origine des produits, mais aussi des indices de réparabilité, de durabilité, ou encore des interdictions de détruire les produits forçant à une gestion de stocks au plus juste. Comment les entreprises vont-elles pouvoir rapidement changer leurs outils de production, de gestion, tracer leurs produits tout au long de la chaîne de valeur auprès de leurs fournisseurs de l'amont vers l'aval ? Comment collecter et agréger les données, et transmettre cette information auprès du consommateur final ?
Enfin, la crise sanitaire du Covid-19 a obligé les fabricants et les distributeurs à être déjà créatifs en termes de sourcing de matières premières ou de produits, à privilégier les circuits courts et également à opérer à des changements et des transformations digitales plus rapidement que prévues. L'opportunité réside dans le fait qu'un ensemble d'actions peut répondre aux trois sujets.
Un consommateur écoresponsable
Alors que 65% des consommateurs français pensent que les grandes marques contribuent le plus au réchauffement climatique (source Havas Media), comment prouver que ses produits sont écoresponsables ? Les entreprises doivent revoir leur mode de fabrication et améliorer la composition de leurs produits, poussées par un consommateur qui a de plus en plus accès à l'information via notamment les applications smartphone. Or, pour collecter cette masse d'informations disparates venant de toute part, ces applications ont besoin d'une data libre d'accès et structurée, afin de l'agréger et la traiter plus facilement et plus rapidement. Dans le monde alimentaire, comme dans le non alimentaire, l'organisation de standardisation GS1 France centralise les données venant directement des fabricants, afin de pouvoir les transmettre de façon fiable à qui en a l'usage. On peut y trouver des informations produits (caractéristiques techniques, logistiques, réglementaires) qui ont l'avantage d'être mises à jour instantanément dès lors qu'un élément a été changé par le fabricant et cela instantanément partout dans le monde.
Source : https://www.gs1.fr/Notre-offre/CodeOnline-Food-la-base-de-donnees-alimentaires
Un consommateur qui achète local
92% des consommateurs français se disent prêts à consommer plus qu'avant des produits locaux (source Havas Media). Encore une fois, comment faire pour proposer une telle offre à l'e-consommateur, lorsque les producteurs locaux ne sont ni référencés largement dans les circuits de distributions classiques, et que leurs produits ne sont ni digitalisés ni vendus en ligne ? Des initiatives pendant le confinement de la crise du Covid-19 ont eu lieu avec notamment des marketplaces proposant des produits locaux. Le principal avantage de ces dernières pour les vendeurs qui choisissent ce canal de vente, est de bénéficier immédiatement du trafic de celles-ci sans investir dans un site web et sans coût d'acquisition.
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Un consommateur pressé
Ce besoin d'instantanéité dans une livraison express, un acquis sur lequel il est difficile de renoncer ? En effet, 52% des consommateurs français ne sont pas prêts à payer plus cher un service de livraison rapide (source Havas Media). Un paradoxe de la part du consommateur et sur lequel l'ensemble des acteurs du e-commerce devrait se pencher aussi bien en termes d'éducation que d'information. Il s'agit de trouver un équilibre entre le souhait d'obtenir rapidement un produit et la volonté de bienveillance envers la planète. Par ailleurs, le secteur de la logistique est tendu, avec un manque de livreurs, et nécessite souvent plusieurs passages pour la livraison. La pression subie par ce secteur se répercute fatalement sur les salariés. Le consommateur doit apprendre ou ré-apprendre à s'organiser, à prévoir à l'avance et à attendre 2, 3 ou 7 jours son produit. Pour des échanges plus fluides qui améliorent la productivité, et répondent à la fois aux besoins du consommateur et facilitent la distribution des biens de consommations, là encore des modes opératoires existent. Cela passe par exemple par la dématérialisation des documents de transports pour des échanges plus fluides qui améliorent la productivité et la transmission de l'information.
Un consommateur omnicanal
Selon Google, " depuis le début de la pandémie, les consommateurs sont plus souples quant à leur décision d'acheter online ou offline. En effet, 73 % d'entre eux déclarent qu'ils ne sont pas attachés à un canal en particulier (contre 65 % avant la crise). Les consommateurs vont donc continuer à dépenser dans les deux canaux, et ils exigeront de plus en plus une expérience plus hybride et plus fluide. " La part des acteurs multicanaux va doubler en France, et il est vivement conseillé d'en faire partie.
Ceci représente une très belle opportunité de croissance pour les Retailers que de rendre accessible leur offre de façon omnicanale. Proposer une véritable expérience client sans couture au sein d'une même enseigne, ou en partenariat avec d'autres, leur sera que bénéfique.
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Un consommateur engagé
Selon Ipsos, 74% des consommateurs veulent rester connectés à des marques engagées qui s'impliquent et aident. A titre d'exemple, pendant le confinement, le Groupe Accor a facilité la mise à disposition de ses hôtels à destination du personnel soignant et des sans abri. Nul doute que le consommateur-citoyen s'en souvienne et privilégie ses prochaines réservations vers les enseignes ayant fait preuve de solidarité. L'initiative de Nicolas Chabanne, fondateur de la marque " C'est qui le patron ", la Marque du Consommateur est un autre exemple où le consommateur lui-même est impliqué. En effet, c'est ce dernier qui fixe le prix qu'il est prêt à payer. Le consommateur décide s'il souhaite, payer quelques centimes d'euros de plus son litre de lait, si cela permet à une vache de pâturer dans un champ ou à l'agriculteur de partir en vacances. Plus de 16 millions de consommateurs aujourd'hui sont conquis et achètent cette marque.Partir d'une feuille blanche est souvent, il est vrai, plus facile que de changer des process en place depuis un demi-siècle. Mais l'impérieuse nécessité au changement ne pourra passer que par la co-création de nouveaux modèles. La collaboration et la concertation dans l'établissement de règles communes d'échanges de données est donc plus que nécessaire dans les entreprises cross secteurs pour optimiser les process et la circulation de l'information aussi bien en interne qu'en externe. L'objectif étant de pouvoir répondre efficacement aux enjeux d'aujourd'hui et de demain, que ce soit pour se conformer aux règlementations ou aux attentes du consommateur.