Le nouveau Nutri-Score : entre santé publique et enjeux économiques
La nouvelle version du Nutri-Score, système d'étiquetage nutritionnel controversé, a finalement été validée par le gouvernement français le vendredi 14 mars 2025, après des mois de débats et de dissensions. Même si cette décision est synonyme d'étape supplémentaire dans la politique de santé publique française, elle soulève des questions quant à son impact économique sur l'industrie agroalimentaire.

Et voilà un nouvel outil de santé publique renforcé. Le Nutri-Score, introduit en France en 2017, vise à guider les consommateurs vers des choix alimentaires plus sains en attribuant une note de A à E aux produits, basée sur leur composition nutritionnelle. La nouvelle version, fruit du travail d'un comité scientifique international, apporte des modifications significatives à l'algorithme de calcul. Ces changements visent principalement à :
- Mieux différencier les aliments selon leur teneur en sel et en sucre.
- Améliorer la classification des poissons gras et des huiles riches en bonnes graisses.
- Prendre en compte la présence d'édulcorants dans les boissons, pénalisant ainsi les sodas "light".
- Favoriser les produits à base de farine complète, riches en fibres.
Ces ajustements répondent à un impératif de santé publique, comme l'a souligné Catherine Vautrin, ministre de la Santé : "Il s'agit avant tout de lutter contre le surpoids, l'obésité avec derrière des sujets aussi lourds que les maladies cardiovasculaires, le diabète et certains cancers".
Des implications économiques pour l'industrie agroalimentaire
L'adoption de cette nouvelle version du Nutri-Score n'est pas sans conséquences pour le secteur agroalimentaire. Les entreprises engagées dans cette démarche volontaire disposent d'un délai de deux ans pour mettre à jour leurs emballages. Ce changement pourrait affecter entre 30 et 40 % des produits actuellement sur le marché, impliquant des coûts de reformulation et de réétiquetage non négligeables pour les industriels. Cependant, cela pourrait également stimuler l'innovation et la compétitivité, en encourageant le développement de produits plus sains et mieux notés.
Certains acteurs du secteur, notamment les producteurs de produits du terroir, ont exprimé leurs inquiétudes quant à l'impact potentiel sur leurs ventes. Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, avait initialement bloqué la publication de l'arrêté, arguant que le nouveau système pénalisait injustement certains produits "remarquables" du patrimoine culinaire français.
Lire aussi : Danone : le plan de redressement porte ses fruits
Un compromis entre santé et tradition culinaire
Face à ces préoccupations, le gouvernement a adopté une approche nuancée. Tout en validant la nouvelle version du Nutri-Score, les ministres ont promis de rester "vigilants aux effets de bord" que cette méthode de calcul pourrait engendrer pour les produits issus du savoir-faire français. Cette position reflète la volonté de concilier les objectifs de santé publique avec la préservation du patrimoine gastronomique national.
L'adoption de cette nouvelle version du Nutri-Score en France s'inscrit dans un mouvement plus large au niveau européen. Six autres pays (Allemagne, Belgique, Espagne, Luxembourg, Pays-Bas et Suisse) ont déjà adopté le système, assurant une gouvernance transnationale. Cette harmonisation pourrait faciliter les échanges commerciaux au sein de l'Union européenne, tout en créant un standard de facto pour l'information nutritionnelle des consommateurs.
Autres sujets liés à l'alimentaire
Sur le même thème
Voir tous les articles Veille & Tribune