[Tribune] Headless commerce ou l'avenir de l'architecture e-commerce
La technologie headless, qui sépare le front end du back end, permet une gestion plus flexible de sa plateforme de vente en ligne: chaque équipe peut ainsi avancer de façon indépendante.
Je m'abonneOn en parle comme de la nouvelle révolution technologique de l'e-commerce. Après les plateformes on-premise puis Saas ou encore multi-tenant, qui demeurent d'ailleurs pertinentes dans des cas d'usages spécifiques, les experts s'accordent à dire que la technologie headless offre de nouvelles perspectives aux acteurs de l'e-commerce. Tendance émergente depuis 2017, le headless commerce arrive aujourd'hui à grande vitesse, y compris en France.
En revanche, le terme est encore trop souvent associé à un buzzword, synonyme d'une approche omnicanale telle qu'on la connaît depuis longtemps. Le commerce headless fait considérablement évoluer les plateformes de vente en ligne.
L'architecture technologique qui donne vie aux expériences omnicanales
Adopter la technologie headless, c'est adopter une architecture de plateformisation constituée d'API et dans laquelle le front-end est séparé du back-end. Plus concrètement, cela signifie que tout ce qui constitue l'interface client et l'expérience graphique est dissocié des fonctionnalités qui constituent les fondations du site ou de l'application (base de données, catalogue produits, paiement...).
Lire aussi : [Tribune] E-commerce : avant de fantasmer l'IA, commençons par (vraiment) maîtriser la data
Dans une architecture traditionnelle, le moindre changement ou projet d'évolution se heurte à de nombreuses contraintes qui impactent plusieurs équipes. Même les changements les plus infimes nécessitent des modifications importantes de codage, des bases de données, etc. Le headless gomme toutes ces frictions et offre ainsi beaucoup plus de flexibilité, d'agilité et de liberté dans tous les aspects de développement de l'e-commerce. Chaque équipe (marketing, développeurs, merchandising, contenu...) pouvant dès lors travailler indépendamment.
Il n'existe plus de contrainte de conception, tester et ajouter de nouveaux services en ligne devient plus facile, l'ensemble de l'expérience utilisateur peut être repensée... sans coupure globale du service et pour chaque canal de vente. C'est une évolution qui répond aux exigences formulées par l'omnicanal.
Au paroxysme de la personnalisation
On pourrait comparer l'architecture headless à un jeu de Lego dans lequel chaque brique de l'expérience e-commerce s'imbrique facilement et sans restriction. Il n'existe pas un modèle de construction mais autant que l'imagination des développeurs le permet. L'apparition d'environnements de développement low-code laisse libre court à la créativité en la rendant plus accessible.
Agile comme jamais
Sans perturber le back-end, il est possible d'apporter rapidement des changements profonds à son offre de vente en ligne. Et ainsi s'adapter aux nouveaux usages et à l'évolution du marché. Le headless est véritablement une technologie "à l'épreuve du temps". Le découpage organisationnel laisse chaque équipe travailler à son rythme et au niveau de détail voulu. L'intégration d'applications tierces qui viennent enrichir l'expérience n'entrave plus le fonctionnement opérationnel. Alors qu'on observe en moyenne plus de deux tests utilisateurs (tests A/B) par mois, souvent lents et handicapants, le headless permet d'en exécuter facilement sans interférer sur d'autres fonctionnalités. On pourrait aussi évoquer l'accélération notable des mises à jour et des délais de mise sur le marché.
Néanmoins, ce modèle s'accompagne également d'une forte dépendance en termes de technologie dernier cri et de talents de développement. Il nécessite une rigueur importante, tandis que selon Forrester, 84% des entreprises ont un niveau de maturité numérique débutant ou intermédiaire. Il existe d'ores et déjà plusieurs types de plateformes headless dont les caractéristiques diffèrent. Open-source ou propriétaires, canaux de vente disponibles, exigences de sécurité, budget, objectif commerciaux... sont autant de points à auditer. Le headless commerce n'est pas qu'une tendance passagère et son adoption va s'intensifier.
L'auteur
Avec 15 ans d'expérience dans le secteur du commerce électronique, Florimond de Tinguy a travaillé en tant qu'entrepreneur, au sein d'agences et d'éditeurs comme Bazaarvoice ou Salesforce. Il a travaillé sur différents sujets allant de l'e-commerce B to C au B to B et aux services direct-to-consumer ou aux marketplace. Il est maintenant en charge de l'offre globale VTEX en France.