Marc Loliver, délégué général de la Fevad: "Les conditions de régulation des cookies est un sujet important pour les e-marchands"
Marc Lolivier, délégué général de la Fevad, revient sur la recommandation de la Cnil concernant les cookies et ses implications pour le secteur. Il tire également un bilan de l'année 2013 et explique quels seront les grands sujets en 2014 pour l'e-commerce.
Je m'abonneQuel est le point de vue de la Fevad sur la recommandation de la Cnil concernant les cookies?
Les conditions de régulation des cookies sont un sujet important pour les e-marchands. La Fevad est favorable à trouver des solutions équilibrées, qui respectent à la fois la protection et le choix des internautes et, en même temps, la réalité opérationnelle, économique et technique de l'Internet.
Les cookies sont un élément structurant dans l'économie numérique, même s'il y a des évolutions nécessaires. Nous discutons depuis un peu plus d'un an au sein de l'UFMD et avec la Cnil. La recommandation publiée par la Cnil est le reflet de ces discussions, qui ont notamment porté sur le bandeau d'information. Le consentement à chaque cookie aurait été, dans la pratique, complètement impossible. Nous allons maintenant vers une solution beaucoup plus équilibrée. Et nous avons déjà recommandé à nos sites adhérents de développer un dispositif avec un bandeau qui renvoie vers une page d'information permettant à l'internaute de faire ses choix. Finalement, on est sur la recherche du point d'équilibre entre facilité de navigation et respect des gens qui ne veulent pas de cookies et peuvent faire ce choix en toute liberté.
Qu'est ce que cela implique pour le secteur? Les e-commerçants doivent-ils craindre ces nouvelles orientations ?
Nous sommes dans un domaine où la régulation et la responsabilisation des professionnels, dans le cadre d'un dialogue avec les autorités de contrôle, est essentielle. On voit que la technologie des cookies est en train d'évoluer. La directive concernée date de 2009 et nous sommes en 2013, dans un monde qui a changé ! Il y a en permanence un décalage entre le temps de la loi et son application. La corégulation, dans le cadre d'une concertation, permet d'apporter des réponses beaucoup plus adaptées au rythme de l'Internet. L'essentiel est que le consommateur comprenne, et il y a un véritable travail de pédagogie autour du cookie. Ce que les e-commerçants avaient le plus à craindre est l'amalgame entre espionnage et cookies, d'où cet effort important d'explications... Nous poursuivons donc maintenant les travaux pour voir comment nous mettrons en oeuvre ces recommandations d'un point de vue pratique. Des questions se posent sur les devices mobile et tablette et également sur la responsabilité du site...
En cette fin d'année, quel bilan tirez-vous de 2013 et quels seront les grands sujets de 2014?
Les premiers retours confirment que nous franchirons le cap des 10 milliards d'euros de CA sur la période de Noël. La tendance est bonne. Dans le contexte actuel c'est une belle performance. La Poste a, par exemple, battu son record de livraison de colis sur la période. Nous maintenons également notre prévision de chiffre d'affaires du secteur de plus de 50 milliards pour l'année 2013.
Pour ce qui est des grands sujets à venir, on va incontestablement assister au développement du m-commerce, à la fois comme canal de distribution et de relation client, avec une interpénétration forte des différents canaux de vente. Le gros sujet aujourd'hui est la recomposition du paysage du e-commerce. On mesure le rôle de plus en plus important du e-commerce, non seulement pour les pure-players mais aussi pour les magasins et les marques. La Fevad présentera d'ailleurs, en 2014, une étude sur le rôle du e-commerce dans l'engagement via à vis des marques.
Enfin, parmi les autres tendances, on voit le rôle de plus en plus important des market place. Leur contribution au chiffre d'affaires des sites devient de plus en plus importante.
Enfin, en termes de réglementation, le projet de loi consommation sera adopté probablement au début de l'année, réformant le droit de la vente à distance qui date de 1997. Nous sommes là sur des changements lourds, sur les délais de rétractation, les obligations d'information. Cette loi rentrera en vigueur en juillet 2014 et nous accompagnerons nos adhérents dans sa mise en place.
Le projet "Protection et données", est également en cours. On parle beaucoup de big data et cette réforme est également majeure car elle impactera la capacité à recruter de nouveaux clients et à entretenir la relation client, avec des obligations nouvelles. Ces textes se jouent à Bruxelles.
Enfin, la plupart des sites marchands ont une activité à l'international et cela dans les deux sens. Des sites étrangers viennent en effet s'installer en France. Tout cela est en train d'évoluer et nous allons également travailler sur cette dimension via notamment notre association E-commerce Europe. Le grand marché de la consommation en Europe, c'est l'e-commerce qui va le créer. Des produits locaux pourront ainsi être vendus sur un marché de plus de 700 millions de personnes. L'Europe est le premier marché du e-commerce dans le monde devant les États-Unis et l'Asie ! Les perspectives sont donc bonnes et le resteront tant que nous parviendrons à maintenir la confiance des consommateurs et cela, nous continuerons à y travailler en 2014...