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Guillaume Gibault, Le Slip Français : "Faire briller les lumières de la France, jusque dans un slip"

Le 12 février, la première usine textile de l'entreprise Bonne Nouvelle a été inaugurée à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Son principal client et co-fondateur n'est autre que Guillaume Gibault, fondateur du Slip Français. Avec cette usine, un seul souhait chevillé au corps : démontrer que "le Made in France ne coûte pas plus cher".

Publié par Elsa Guerin le | Mis à jour le
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Guillaume Gibault, Le Slip Français : 'Faire briller les lumières de la France, jusque dans un slip'

Pourquoi l'entreprise "Bonne Nouvelle" ?

Le Slip Français existe depuis 14 ans. Durant toutes ces années, nous avons réussi à démontrer qu'il est possible de fabriquer en France. Si nous avons connu un réel succès en développant une image de marque et en produisant des produits de qualité, nous n'étions pas encore dans une démarche industrielle. Les années Covid ont été nos années records, tout le monde investissait dans les sous-vêtements et les pyjamas. Mais aujourd'hui, le contexte est bien différent. L'inflation fait qu'un slip à 40 euros, c'est trop cher. Nous avons donc changé de stratégie : le Slip Français ne doit pas être seulement une marque cadeau, mais une véritable marque d'équipement de l'intimité de l'homme. Cela passe par une industrialisation permettant de proposer un prix accessible. Il nous fallait augmenter les volumes sans sacrifier la qualité de nos produits pour diviser par deux le prix de vente. Concrètement, nous avons dû investir dans les meilleures machines, les meilleurs processus de production et les meilleurs ingénieurs. Nous avons donc ouvert l'usine en juin 2023. L'année dernière 320 000 pièces ont été produites à Bonne Nouvelle, nous visons 700 000 pièces en 2025.

Quelle part de votre production totale est fabriquée à Bonne Nouvelle ?

30 % de notre production se fait à Bonne Nouvelle, et nous continuons bien évidemment à travailler avec nos partenaires habituels historiques : Chantelle, Eminence, etc. Nous collaborons avec 80 entreprises en France et nous n'allons pas les abandonner. Nous réfléchissons aussi en termes de répartition des risques. Nous cherchons à augmenter les volumes pour disposer de plus de moyens. Notre ambition est de couvrir 40 % des fesses des Français. Nous augmentons les volumes, baissons les prix, mais ce n'est pas tout : une autre nouveauté arrive le 5 mars...

Pourquoi êtes-vous si attaché au Made in France ?

Pour moi, c'est une question de bon sens. Le Made in France, c'est plus d'emplois et moins de CO2. Il s'agit de faire briller la France. Le Slip Français est une entreprise à mission, et dans notre raison d'être, il est inscrit : "Fidèle à l'esprit français d'ouverture et d'audace, la société n'a de cesse, depuis sa création, de réinventer avec panache l'industrie textile française dans ses codes et ses valeurs." Nous voulons représenter la France, comme la marque Citroën le fait ou comme Kylian Mbappé honore la France avec son audace. Ce que je souhaite, c'est incarner les lumières de la France à travers un slip et démontrer qu'on peut faire quelque chose de singulier en France.

Pourquoi le slip ? C'est une longue histoire, mais c'est un produit des plus anodins, pourtant profondément ancré dans notre quotidien. Nos clients sont fiers de les porter. Je suis convaincu que tous les hommes qui portent nos produits peuvent développer un sentiment de fierté et ainsi avoir plus de chances de réaliser de grandes choses.

De là à dire que "le Made in France ne coûte pas plus cher"...

Oui, bien sûr, c'est une provocation, mais nous souhaitons le démontrer. Le contexte est très compétitif, mais nous sommes en France : avec de l'investissement, les bonnes machines et les bonnes personnes, nous parviendrons bien à réussir à produire de façon automatisée des slips. Actuellement, le Slip Français, c'est 300 emplois et 20 millions de chiffre d'affaires. Dans l'Hexagone, nous sommes très fiers de nos savoir-faire artisanaux, mais il faut aussi l'être de nos capacités industrielles. Nous avons investi pour acquérir des machines qui découpent et assemblent la ceinture élastique, nous sommes les seuls à posséder deux machines automatiques. Le Slip Français est la plus grande entreprise textile 100 % Made in France.

Et pour la suite ?

L'étape cruciale pour nous est de réussir ce pari industriel : augmenter le volume de production et de vente. Nous devons également convaincre le grand public en lui racontant notre histoire et notre volonté de défendre le Made in France. Nous avons fait le travail et nous tenons notre promesse en délivrant des produits de qualité. Maintenant, nous devons trouver les bons mots pour responsabiliser le public.

Qu'est-ce qu'il manque à l'industrie textile française pour séduire le grand public ?

Il faut le bon produit, le bon prix et la bonne distribution pour convaincre les consommateurs. Lorsqu'on parviendra à baisser le prix de nos slips à 15 euros, nous aurons fait le job. Les Français peuvent parfois être paradoxaux en défendant le Made in France tout en consommant parfois différemment. Mais comme le disait Victor Hugo : "Rien n'est plus puissant qu'une idée dont le temps est venu."

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