Grégoire Borgoltz, Picnic : "Le 6e acteur de livraison à domicile en France"
Picnic, le supermarché mobile, fête ses dix ans. L'année 2024 fut marquée par de nombreux temps forts : une levée de fonds, l'ouverture de nouveaux hubs, un nouveau business model pensé pour répondre aux évolutions du marché. Le bilan avec Grégoire Borgoltz, directeur des opérations de Picnic France.
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Comment décririez-vous les 10 ans de Picnic ?
Picnic est né aux Pays Bas avec le constat que l'e-commerce se développait fortement, mais que l'e-commerce alimentaire était encore peu exploité. De plus, les acteurs existants proposaient souvent des produits premium. Nous avons vu l'opportunité de faire différemment : créer un supermarché avec des prix comparables à ceux des hypermarchés, destiné aux familles, avec une livraison gratuite.
Notre positionnement n'a jamais été celui de la livraison en dix minutes. Nous avons fait le choix de livrer bien, gratuitement, mais avec des délais de livraison courts mais pas express. Nous organisons des tournées de livraison en quadrillant la ville, cela nous permet de gagner en efficacité. Notre succès repose beaucoup sur le fait que toutes les applications que nous utilisons ont été développées en interne. Cela nous permet de collecter et d'exploiter un grand volume de données pour améliorer, entre autres, nos estimations de temps de livraison. En dix ans, nous avons conquis les familles qui vont commander des produits de première nécessité et petit à petit des produits du quotidien.
Pays Bas, Allemagne, et l'ouverture en France il y a un peu plus de trois ans... Comment cela s'est-il passé ?
Il y a trois ans et demi, Picnic s'est développé en France, en un premier temps à Valenciennes. Nous commençons nos implantations territoriales systématiquement dans des villes de taille moyenne. C'est également notre force par rapport à nos concurrents très urbains. Nous avons commencé à Valenciennes, puis à Lille, et nous sommes aujourd'hui présents en grande couronne parisienne.
Nous comptons actuellement plus de 1 000 salariés en CDI et avons la chance d'avoir 50 % de femmes dans nos effectifs. Nous possédons 18 entrepôts et réalisons un chiffre d'affaires d'un peu moins de 100 millions d'euros, ce qui nous place comme le 6e acteur de livraison à domicile en France en termes de chiffre d'affaires.
L'année 2024 fut marquée par le nombre de commandes qui a doublé et leur fréquence qui s'est également accélérée. Nos clients prennent des habitudes de consommation chez Picnic similaires à celles que l'on peut avoir dans un supermarché physique. Dans cette même dynamique, nous avons lancé en octobre dernier l'Hebdo-planeur, un service de livraison de recettes prêtes-à-cuisiner qui a déjà séduit 20 % de nos clients. Nous avons aussi innové dans la reverese logistique qui s'inscrit dans le cadre de la feuille de route RSE de l'enseigne.
Les projets pour 2025 ?
Notre succès a entraîné une hypercroissance qu'il n'est pas toujours facile de maîtriser. Nous avons ouvert six entrepôts en un mois et recruté 150 personnes en quatre semaines. Gérer les pics d'activité en septembre et en janvier a été particulièrement complexe. Aujourd'hui, nous avons trouvé une stabilité, mais nous devons continuer à nous faire connaître. Il nous faut également poursuivre notre développement en Île-de-France et dans les Hauts-de-France pour ensuite s'installer au sein d'autres régions.
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50 % de femmes dans vos effectifs et des employés en CDI... Pourquoi ces choix ?
Concernant la parité, c'était une volonté personnelle. Je tenais à ce que notre entreprise soit paritaire. Au départ, certaines agences de recrutement nous disaient qu'il serait difficile de trouver des femmes pour les postes de livraison. Je leur ai dit d'insister et elles ont bien fini par nous proposer des profils féminins.
Quant au choix du CDI, certaines plateformes optent pour d'autres modèles, mais nous souhaitions offrir des conditions salariales à la hauteur de nos ambitions : des services de qualité. Chaque livraison représente un moment d'échange entre nos clients et notre marque, cela ne peut se faire qu'avec des collaborateurs fiers de leurs métiers.
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