Greenweez : "Nous allons déployer notre marketplace en Espagne"
Romain Roy, CEO et co-fondateur de l'acteur leader de produits bio en ligne, revient sur les grands temps forts de sa société. L'occasion d'aborder les problématiques du secteur et les futurs projets.
Je m'abonneQuelles ont été les dernières grandes actualités de Greenweez ?
Nous avons lancé, en mars dernier, notre place de marché. Cela a impliqué un certain nombre de modifications sur le site en termes de communication pour nos clients, d'UX, de tunnel de commande, etc. Nous sommes passés d'un positionnement de supermarché bio en ligne avec 15 000 références à une place de marché de la consommation responsable aux 80 000 références. Ce projet a été très fédérateur pour les équipes et structurant pour notre site e-commerce. Elle nous permet à présent de nous positionner sur de nouvelles catégories. L'autre temps fort a été notre démarche pour devenir une entreprise à mission.
Quelles sont les nouvelles catégories proposées sur la place de marché ?
Nous avons d'abord renforcé les catégories existantes via la présence de nouveaux marchands. Puis, nous nous sommes positionnés sur le reconditionné qui fonctionne très bien. Nous avons également enrichi le secteur de la maison (décoration, mobilier, linge de maison, literie...) notamment en proposant de nouveaux produits pour l'extérieur, l'ameublement. Nous avons aussi densifié les catégories santé (compléments alimentaires et huiles essentielles notamment), beauté et hygiène. Nous avons un cahier des charges très strict sur la typologie de produits que nous intégrons sur la place de marché. L'une de nos particularités en tant que supermarché bio en ligne est que nous vendions déjà du non-alimentaire, même si nous réalisions 90% de notre chiffre d'affaires dans l'alimentaire.
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Pouvez-vous nous en dire plus sur les produits d'occasion lancés en septembre ?
Nous privilégions les produits reconditionnés en France pour rester cohérent dans notre logique de consommation responsable. Nous avons démarré avec les articles high-tech (smartphones, ordinateurs portables...) et recensons actuellement 1 500 références.
L'objectif est d'élargir à d'autres secteurs comme les vêtements d'occasion ou le petit électroménager.
Notre volonté est que nos clients puissent trouver la "version" la plus responsable possible de n'importe quel produit sur le site. Nous voulons être un canal de distribution et non nous substituer à des marketplaces spécialisées dans la seconde main.
Vous avez lancé fin 2019 votre marque propre, où en êtes-vous ?
Actuellement, nous recensons 250 références essentiellement dans l'alimentaire et les produits de grande consommation. Notre MDD est la première marque vendue sur notre site. En 2022, nous espérons atteindre les 500 références. Avec notre place de marché, cela a du sens d'avoir une offre retail axée sur nos MDD mais aussi pour répondre à notre politique de prix engagée et d'accessibilité.
Quelle est cette offre de prix engagés ?
Chez Greenweez, nous prônons des alternatives pour permettre aux consommateurs de changer leur consommation : plus de produits bruts, moins de produits transformés. Comme d'autres distributeurs, nous sommes confrontés à une problématique de pouvoir d'achat des Français. Néanmoins, cette démarche n'est pas nouvelle : nous l'avons initiée dès le début de la société en 2008. Notre leitmotiv est de rendre accessible au plus grand nombre les produits bio. Cela fait partie de notre ADN. Quand nous avons démarré et cassé les prix, les autres distributeurs bio spécialisés nous ont fustigés. Avec la crise, nous avons voulu apporter une réponse. Certains de nos fournisseurs nous ont permis de proposer des produits encore plus accessibles. Nous disposons également de notre offre propre, des produits sur lesquels nous sommes en capacité de marger peu en ayant des prix plus agressifs ainsi que sur un certain nombre d'articles sur lesquels nous rognons sur nos marges. Cette offre quasi complète de produits très accessibles compte 2 600 références.
La crise sanitaire vous a-t-elle permis de conquérir une nouvelle clientèle ?
Depuis le début, nous avons une clientèle assez homogène géographiquement. Les grands centres urbains comme Paris, Lyon, demeurent des zones de consommation importantes, mais le fait d'avoir une offre très large où nous vendons de l'alimentaire, des produits pour le jardin, pour la maison, etc. nous permet d'avoir une couverture géographique importante, dans des zones en périphérie. Nous avons enregistré bien sûr une forte croissance pendant les confinements où beaucoup de consommateurs se sont mis à acheter en ligne (NDLR : Greenweez a connu une année 2020 exceptionnelle avec une croissance de près de 60%, dépassant la barre symbolique des 100 millions d'euros). Néanmoins, tous ne sont pas restés mais nous en avons gardé une partie. Nous sommes aujourd'hui sur un taux de pénétration bien supérieur à l'avant-Covid dans l'e-commerce alimentaire.
Réfléchissez-vous à de nouvelles façons de livrer vos clients ?
Nous étudions la livraison collaborative et à son exécution. Le modèle a un côté séduisant, les gens se réunissent, se répartissent les produits et les commentent, cela crée des petites communautés locales autour de sa marque. De manière plus large, nous étudions notre impact carbone et le scoring carbone de nos livraisons, notamment au scoring carbone personnalisé en fonction de ce que le client achète, au lieu où il se fait livrer, au transporteur choisi et notre capacité à proposer des solutions de livraison décarbonées. Nous allons aujourd'hui peut-être à l'inverse exact de la tendance du quick commerce.
Justement, après Carrefour - groupe auquel vous appartenez depuis 2016 - avec Cajoo, ou le groupe Casino avec Gorillas, le quick commerce est-il un sujet pour vous ?
Je peux comprendre que certains distributeurs veuillent répondre à un besoin potentiel de leurs clients de se faire livrer vite. C'est le principe philosophique derrière le quick commerce qui me chiffonne. J'ai un peu la conviction que le monde se meurt de notre impatience, dans cette logique d'aller toujours plus vite.
Greenweez est devenue une entreprise à mission, que cela implique-t-il ?
La RSE fait partie du socle de valeurs sur lesquelles nous avons construit la société, autour d'initiatives comme démocratiser l'accès aux produits bio au plus grand nombre, d'engagements de nos collaborateurs. Cela nous a permis de structurer notre approche et d'impliquer tous les salariés.
Vous êtes présents en Espagne, Portugal, Italie et Belgique, comment prennent ces différents marchés ?
Globalement, cela se passe très bien dans nos différentes géographies (NDLR : l'international représente près de 30% du chiffre d'affaires).
L'Espagne est le moteur absolu parmi nos marchés européens où nous réalisons une très forte croissance.
L'Italie fonctionne aussi très bien. Nous allons déployer notre place de marché dans les autres pays européens en commençant par l'Espagne.
Le marché bio est en baisse, comment l'expliquez-vous ?
Le marché a enregistré une très forte croissance ces dernières années. Il est donc normal que la courbe soit un peu moins élevée aujourd'hui, le marché reste néanmoins en croissance. Le bio s'est démocratisé. Cette baisse est aussi liée au pouvoir d'achat des Français. Pour autant, il y a toujours un fort potentiel de croissance à aller chercher. Nous sommes juste moins sur des croissances folles comme nous avons pu connaître à une certaine époque. Je suis convaincu que le bio s'imposera au fil des années.
Note : L'interview a été réalisée lors du salon One to One Monaco, consacré au retail et à l'e-commerce, qui s'est déroulé du 26 au 28 octobre.