"Notre victoire au Start me up challenge a des répercussions sur le long terme", Yves Cornu (Facil'iti)
L'édition 2020 du Start me up challenge clôture ses inscriptions le 6 juillet prochain. Yves Cornu, vainqueur de l'édition 2019, est directeur général de Facil'iti, une solution dédiée à l'inclusion numérique. Il revient sur sa participation et les retombées de sa victoire.
Je m'abonnePouvez-vous parler de votre start up, Facil'iti?
Facil'iti est une start-up créée début 2018, qui a trouvé une solution permettant de rendre les sites web plus inclusifs pour les personnes ayant différents types de troubles: moteurs, visuels ou cognitifs. Selon l'OMS, près de 25% de la population mondiale souffre d'un de ces troubles. Ces internautes auront des difficultés à naviguer sur le Web, soit parce qu'ils n'arrivent pas à voir le contenu, soit parce qu'ils n'arrivent pas à se déplacer physiquement à cause d'un problème moteur. Il peut aussi s'agir d'une personne qui ne comprend pas le contenu, car malvoyante ou touchée par la maladie de Parkinson, par exemple. Dans ces cas de figure, il faudra des caractères plus gros ou des zones de clics plus larges afin de s'adapter au handicap de la personne. Cette solution va s'adapter à l'affichage du site web sur l'écran de la personne, sans modifier le site d'origine. Facil'iti a été créé début 2018 à Limoges et s'est rapidement développé à l'international, avec une filiale au Japon en septembre 2018, et un projet de filiale aux États-Unis et au Canada.
Qu'est-ce qui vous a poussé à vous inscrire au Start me up challenge l'année dernière?
Facil'iti a déjà remporté 26 récompenses en France et à l'étranger. Cette participation a été motivée par l'objectif de développer sa visibilité dans l'e-commerce [NDLR: le Start me up challenge rassemble des start-up françaises ou européennes ayant moins de 7 ans d'existence, qui doivent proposer une solution innovante aux e-commercants devant un jury spécialisé]. Jusqu'à présent, nous avons équipé des banques, des assurances, des collectivités, j'étais persuadé que les sites d'e-commerce nécessitent eux aussi plus d'inclusion. Cela permet aux propriétaires de ces sites de développer leur chiffre d'affaires et de prendre contact avec une population isolée qui n'avait pas d'accès facilité à ces sites du fait des différents troubles qu'elle pouvait présenter. Je me suis donc inscrit l'année dernière à ce challenge porté par la Fevad et KPMG.
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Comment vous êtes-vous préparé à ce challenge? Étiez-vous confiant lors de ce concours?
Il ne faut jamais être trop confiant, on ne sait jamais qui sont les concurrents et comment va réagir le jury de sélection. Néanmoins, c'est vrai que notre solution existe pour aider des personnes, cela laisse rarement insensible les jurys de sélection. J'étais relativement confiant dans la sélection finale de Facil'iti. Dans ce type de concours, on se retrouve cependant très souvent face à de véritables solutions métier. On peut être vu comme un ovni, car nous apportons une solution qui ne va pas avoir un grand impact sur le trafic du site. Les autres concurrents proposent des solutions d'intelligence artificielle ou dédiées au trafic en magasin. On ne sait jamais comment le jury va réagir face à notre solution différente des autres.
Que représente ce prix pour vous et votre start-up?
J'ai rapidement eu de nombreux contacts et lead business de personnes intéressées par ce que l'on fait, cela nous a ouvert de nombreuses portes dans l'e-commerce.
Avez-vous réalisé des partenariats avec des entreprises publiques ou privées?
Oui, avec des membres du jury, tels que La Redoute, Showroomprivé et Cdiscount. Nous avons aussi eu des contacts avec des entreprises publiques.
Comptez-vous exporter votre modèle de solution à l'étranger?
Oui, comme je vous le disais, nous sommes présents au Japon, nous avons équipé la ville de Tokyo et Kyoto, ainsi que des groupes pharmaceutiques japonais. Nous sommes aussi présents aux États-Unis, nous avons équipé le site de la ville de New York, des sites du FMI, nos clients sont donc aussi étrangers.
Pensez-vous que la loi française puisse mieux faire concernant l'inclusion numérique?
Nous sommes encore très loin des normes d'accessibilité numérique. Le décret validé cette année est loin des applications à grande échelle des normes d'accessibilité, que ce soit des sites publiques ou entreprises, il y a encore énormément d'efforts à faire à ce niveau-là en France, par rapport à d'autres pays.
Avez-vous des exemples?
On peut citer l'exemple des États-Unis, les Américains étant très procéduriers, le nombre d'entreprises privées ou publiques attaquées sur leurs normes d'accessibilités peuvent atteindre des amendes de centaines de milliers de dollars. En France, la somme maximale est de 20000 euros.
Quel bilan tirez-vous de votre participation au Start me up challenge?
Les retombées presse améliorent notre visibilité et nous obtenons de vraies opportunités de développement économique. Ce n'est pas simplement un évènement d'un soir, les deux entités que sont la Fevad et KPMG, avec qui je suis toujours en lien un an après, m'intègrent à certaines réunions, et KPMG met Facil'iti en avant quand l'occasion se présente. Cette récompense a des répercussions sur le long terme.
Sur quels projets travaillez-vous en ce moment?
Nous cherchons à élargir notre solution à un plus grand nombre de pathologies, nous en rajoutons au fur et à mesure. Les prochaines étapes sont de travailler sur la déficience intellectuelle légère en intégrant le FALC (facile à lire et à comprendre) dans notre solution. Nous souhaitons traduire en direct un site web au fur et à mesure de la lecture de la personne, sans faire usage d'un site web dédié. Le deuxième axe sur lequel nous travaillons concerne les seniors, qui subissent des pertes de mémoire immédiate, de type Alzheimer. Nous cherchons à faire savoir à l'internaute pourquoi il s'est rendu sur telle ou telle page, d'où il vient, quelle indication il cherche. Ce sont nos deux grands axes. Nous souhaitons de plus installer des filières à l'international, au Canada et aux États-Unis.