DossierLe marché de l'art sur la voie de la digitalisation
2 - Les amateurs d'art sont-ils prêts à acheter sur le Web?
Si le marché de l'art en ligne présente un potentiel de croissance significatif, est-ce suffisant pour en déduire qu'il a un bel avenir devant lui ? Et surtout, les férus d'art sont-ils prêts à acheter sur le Web ? À en croire les résultats d'une étude Hiscox de juin 2013, cela ne fait aucun doute.
Parmi les collectionneurs dont le budget annuel en achat d'oeuvres d'art dépasse 75 000 euros, 63 % ont déjà eu recours à un site internet pour l'acquisition d'une oeuvre, sur simple description. C'est-à-dire, sans avoir physiquement vu l'objet. Une folie ? Les avis des professionnels du secteur sont contradictoires sur la question.
Jean-Rémi Gratadour, délégué général de l'Acsel, affiche un certain scepticisme : " Pour des oeuvres haut de gamme, toute la difficulté réside dans la qualité de l'expérience d'achat fournie par le site. Acquérir une oeuvre ne se résume pas à l'objet en lui-même, l'acheteur accorde de l'importance à l'artiste et au discours qu'il tient autour de son travail. Parvenir à recréer ce lien expérientiel sur un site n'est pas une mince affaire. " D'autres se montrent plus optimistes, à condition de ne pas se tromper de segment de marché.
C'est notamment le cas de Gauthier de Vanssay, fondateur du site Expertissim, spécialisé dans l'achat et la vente d'oeuvres d'arts expertisées. "Il y a le segment du très haut de gamme, dominé par Sotheby's, Christie's ou encore Drouot, le très bas de gamme, avec des acteurs comme eBay ou Le Bon Coin et, au milieu, le marché intermédiaire, sur lequel les prix varient entre 300 et 15 000 euros. Ils représentent 80 % des transactions et 20 % de la valeur. S'il y a un avenir à l'art en ligne, c'est là qu'il se trouve, et c'est là qu'il faut viser."
Un segment qui, pour l'heure, se trouve entre les mains des antiquaires, des galeries d'art ou encore des commissaires-priseurs, dans le cas des ventes aux enchères. Mais, sur le Web, les sites marchands spécialisés sur ce segment de marché se multiplient, chacun avec sa propre recette.