Optimiser sa logistique? Les PME à la traîne
Si les PME ont commencé à se pencher sur les coûts de la logistique il y a déjà 5 ans, elles se sont bien souvent limitées à négocier les tarifs de leurs transporteurs. Mais peu de projets concernent l'emballage, le stockage ou encore l'assurance.
Je m'abonneNon, la logistique ne se résume pas au transport ! C'est aussi du stockage, des emballages, des assurances... Et, sur chacun de ces postes, des optimisations sont possibles. Pourtant, les PME ne semblent pas l'avoir compris. Si des efforts sont faits vis-à-vis des frais de transport, les autres catégories de la logistique sont généralement considérées comme des postes de coût incontournables. Pourtant, des économies substantielles peuvent être réalisées. Tout en répondant aux exigences croissantes des clients.
Après les tarifs, les flux
Représentant " 5 à 10% des charges dans une PME industrielle ", selon Alain Borri, co-fondateur et associé de la société de " transport consulting " BP2R, le poste transport est loin d'être neutre. C'est peut-être ce qui explique que les PME s'y soient intéressées en priorité. " La préoccupation des PME quant à l'optimisation des coûts de transport date de 4/5 ans : à l'époque, les entreprises ont parfois obtenu plus de 20% d'optimisation ", rapporte Christian Houël, directeur associé de Cosma Experts, société spécialisée dans l'optimisation des coûts. Des économies réalisées essentiellement via des négociations tarifaires : les pistes d'optimisation sont plus difficiles à travailler aujourd'hui. " Il faut pourtant s'y atteler car les coûts du transport vont sans aucun doute augmenter, notamment avec la fermeture de Mory Global ", prévoit Christian Houël.
Pas de panique : il reste encore des pistes non explorées par la plupart des PME. Notamment le travail sur les flux :" Envoyer des colis plutôt que des palettes ou inversement, optimiser les fréquences de livraison, trouver des transporteurs plus adaptés..., énumère Alain Borri (BP2R). Ces leviers permettent de dégager jusqu'à 10% d'économies. Et ce de manière pérenne, à la différence des tarifs ". Un point encore plus intéressant pour les sociétés oeuvrant à l'international qui optent généralement pour le transporteur le plus proche mais pas le plus adapté. Les flux sont rarement optimisés, faute il est vrai de connaissances et d'expertises en interne.
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Emballage, assurance et externalisation
Ce défaut d'expertise au sein des PME se fait encore plus ressentir au niveau des autres dimensions de la logistique : " Quand on parle logistique au sein des PME, on ne pense qu'au transport. Le reste est nommé production, stockage... mais jamais logistique ", remarque Christian Kermoal, auditeur logistique et consultant au sein de la société de conseil Immergence Productive.
Pourtant, sur des postes comme les emballages, la marge de manoeuvre existe. Qui n'a pas reçu de la part d'un e-commerçant un colis 4 fois plus grand que le produit qu'il contenait ? " En agissant sur le type d'emballage et la chaîne d'emballage on peut générer de belles économies, de l'ordre de 15 à 25% ", estime Christian Houël (Cosma Experts). Problème : travailler sur la chaîne d'emballage remet en cause le mode de fonctionnement de l'entreprise. Et les PME sont réticentes quant à lancer une telle réorganisation.
L'assurance (des marchandises transportées et des stocks), sujet très technique, est quant à elle mal maîtrisée par les PME. Il s'agit en effet de s'assurer d'une bonne adéquation entre la couverture des risques et la prime. " Souvent les PME font appel à des courtiers qui sont intéressés par les primes. Avec des experts indépendants, l'optimisation peut être supérieure à 15% ", observe Christian Houël (Cosma Experts). Mais la crainte de ne pas être suffisamment assurées plane sur les entreprises qui préfèrent payer plus. Alors que le contrat d'assurance pour lequel elles ont opté ne les couvrent pas bien s'il est inadapté...
Claude Samson, président d'Afilog, association qui représente les métiers de la supply chain et de l'immobilier logistique, remarque quant à lui que, hormis le transport - les PME ont rarement leurs propres camions -, la fonction logistique est rarement externalisée. Or, l'externalisation permet de mutualiser les coûts et donc de les optimiser. Et la préparation des commandes ou encore le stockage peuvent tout à fait être externalisés. " En internalisant, les entreprises pensent offrir un travail de meilleure qualité à leurs clients ", note Claude Samson, qui estime que l'économie générée par une externalisation est de l'ordre de 10%.
Penser global
Autre frein à l'externalisation : les prestataires sont perçus comme chers par les PME. " Seuls les coûts directs sont pris en compte ; les coûts indirects (frais de personnel, SI...) sont oubliés ", avance Claude Samson. La logistique doit se considérer dans sa globalité, afin d'en estimer tous les coûts et d'imaginer toutes les optimisations possibles, ce à quoi que les Daf ne peuvent que souscrire!
Ainsi, peu de PME ont adopté de tableaux de bord logistique, seulement 1 entreprise sur 16 selon un audit réalisé par l'Aslog (Association française pour la logistique) auprès de PME bretonnes. " Le pilotage de la logistique ne se fait qu'à travers une approche purement comptable, résume Christian Kermoal (Immergence Productive). Alors que si on prenait en compte la logistique dès la conception, le gain serait élevé. "
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