Vestiaire Collective score ses commandes
Vestiaire Collective multiplie les scorings et vérifications automatisées ou manuelles pour lutter contre les répudiations de paiement lors des règlements par carte bancaire.
Je m'abonneVestiaire Collective, place de marché créée en 2009 et dédiée aux articles de luxe d'occasion, compte 6 millions de membres sur sa plateforme dans le monde et enregistre un volume d'affaires dépassant les 100 millions d'euros en 2016. En matière de sécurité des paiements, elle collabore principalement avec la start-up israélienne Riskified, spécialisée dans le machine learning. "L'entreprise dont la technologie est basée sur le machine learning établit à partir de nos données de commandes un modèle de scoring des risques, afin de vérifier notamment si l'acheteur se conduit comme un "homo economicus"", explique Michael Benisti, head of payments & revenue protection de Vestiaire Collective. Sa vérification est principalement automatisée.
Riskified agit comme une assurance: lorsque la start-up approuve une commande, elle assume le risque de fraude et rembourse l'e-commerçant en cas d'erreur. En parallèle, Vestiaire Collective effectue un calcul de scoring de risque basé sur des éléments directement liés à l'e-marchand. "Ce score interne est transmis à Adyen via la solution Revenue Protect, indique Michael Benisti. Au sein de Revenue Protect, nous paramétrons un certain nombre de règles (card testing, incohérences...). On obtient ainsi un score final, indicateur du niveau de risque associé à la transaction, très utile dans notre étape de revue manuelle des commandes qui sont considérées comme suspectes par Riskified."
Protection supplémentaire, la solution Shopper DNA d'Adyen synthétise les données relatives à la transaction en un coup d'oeil et permet d'identifier précisément l'acheteur, en complément d'un profiling via les réseaux sociaux. Vestiaire Collective utilise ainsi les services de l'entreprise canadienne Ethoca. Ce système d'alerte permet aux équipes d'être prévenues beaucoup plus rapidement dès lors qu'une carte bancaire est mise en opposition. Il permet d'éviter de débiter des cartes qui viennent d'être déclarées comme volées ou perdues et de stopper l'envoi de colis. Une arme de plus pour devancer des fraudeurs en perpétuelle adaptation.
Michael Benisti est coauteur de Lutter efficacement contre ma fraude?: enjeux stratégiques et opérationnels, éditions l'Harmattan.
Quelles évolutions avez-vous constatées suite à la mise en place des solutions de Riskified, Adyen et Ethoca?
Le coût de la fraude aux paiements chez Vestiaire a été divisé par plus de deux avec le branchement de Riskified en 2015, tout en réduisant la friction dans l'expérience client à travers notamment le déclenchement du 3D Secure sélectif. La mise en place un an plus tard d'Adyen et d'Ethoca nous a permis de faire encore mieux. Vestiaire Collective possède un coût de la fraude bien moindre que celui rapporté dans la dernière enquête du Merchant Risk Council tout en faisant également mieux sur le taux d'acceptation. Cette enquête indique un taux de rejet moyen de 2,6 % des commandes pour un coût de la fraude de 0,5 % et un taux de commandes suspectes nécessitant des diligences complémentaires de 8 %.
Comment la DSP2 affectera-t-elle l'approche par les risques que vous avez mise en place?
L'approche par les risques sera remise en cause par la mise en application de la DSP2 courant du second semestre 2019. Elle empêchera de proposer un paiement sans friction. Un véritable travail de sensibilisation a pourtant été fait auprès des institutions européennes ces deux dernières années par les e-commerçants.
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