Qui est Meleyne Rabot, de Too Good To Go France, élue "femme du digital" 2025 ?
Meleyne Rabot est la directrice générale de Too Good To Go France, application anti-gaspillage alimentaire. Le 20 mars, elle a été élue "Femme du Digital" 2025. Une récompense qui met en relief le parcours exemplaire de cette quadragénaire pleine d'énergie et passionnée d'économie circulaire.

Les ressources humaines et l'expérience client ont guidé les premiers pas professionnels de Meleyne Rabot, directrice générale de Too Good To Go France et femme du Digital 2025. Après une enfance et des études grenobloises en management, elle fait un stage chez Michael Page. Mais le volet commercial de son métier ne l'enthousiasme pas. Elle bifurque vers Accenture. La jeune consultante, fraîchement diplômée, y reste 4 ans. « Ma première mission pour le groupe Caisses d'épargne a consisté à réorganiser les flux téléphoniques pour mutualiser les appels. En somme, les débuts de la VoIP (voix sur IP) et du BPO (business process outsourcing) », résume-t-elle.
Après le conseil, la réalité de l'entreprise
Néanmoins, elle quitte le conseil pour rejoindre Poweo au poste d'outsourcing manager en avril 2009. C'est un ex-consultant qui lui met le pied à l'étrier : Jean-Denis Mariani, alors directeur de la relation client de l'entreprise. C'est le plein essor des opérateurs alternatifs d'électricité et de gaz dans le sillage de l'ouverture à la concurrence. « J'ai rejoint les équipes de la direction de la relation client pour ouvrir un centre de contact externalisé avec des plateaux en France et au Maroc ». Au bout de deux ans, c'est Virgin Mobile France qui la recrute comme customer services process manager. Encore un moment clé car ce sont les prémices des opérateurs de réseaux mobiles virtuels (MVNO). Chez Virgin Mobile France, elle croise Rachid Hammouda, actuellement directeur stratégie IA, data et digital de FDJ United. « C'est une manager brillante et douée d'une grande honnêteté intellectuelle. Aujourd'hui, elle est à la bonne place pour exprimer son sens aigu du business et de la stratégie d'entreprise », juge Rachid Hammouda.
Chez Virgin Mobile France, elle dirige une équipe de 5 personnes « chargées des process et de la formation pour les centres d'appel de la marque Virgin Mobile », ajoute-t-elle. Quand elle quitte la société, c'est à nouveau Jean-Denis Mariani, devenu entretemps patron du digital de Smartbox, qui vient la chercher pour qu'elle imprime sa patte énergique à la direction de l'expérience client en février 2013. Ce poste lui permet d'intégrer le comité de direction. Le groupe Smartbox est alors en pleine réorganisation. Il rapatrie une grande partie de ses fonctions support en Irlande. Meleyne Rabot y participe. Elle est censée prendre un poste à Dublin mais l'envie n'est pas là. « Je venais de me marier. Nous avions le projet avec mon mari de fonder une famille et l'expatriation aurait complexifié tout cela. Nous avons donc décidé de rester à Paris », dit-elle.
Vers plus de responsabilités et un périmètre élargi
Gros changement pour Meleyne Rabot qui, jusqu'ici avait été « chassée » pas son réseau professionnel proche : elle sort son CV et s'emploie à postuler. À l'automne 2015, sa route croise celle de Gilles Raison, dont elle dit « qu'il a été et reste son mentor ». Aujourd'hui, ce dernier est le CEO du Petit Ballon, pionnier français dans le secteur des abonnements de vin en ligne. Mais de juin 2015 à novembre 2019, il est à la tête de Just Eat France, filiale du groupe britannique spécialisé dans la livraison de repas. C'est lui qui l'embauche en octobre 2015 au poste de directrice des opérations de l'ex-Allo Resto, déjà sous pavillon britannique quand elle rejoint ses rangs. « C'était la première fois que j'évoluais dans un groupe vraiment international ».
Sa vie familiale évolue avec l'arrivée de ses deux fils, de 8 et 5 ans et demi. Quand elle revient après son premier congé maternité, le groupe a changé. « Toutes les fonctions de gestion de la relation client avaient été centralisées. Mon poste de directrice des opérations France n'existait plus vraiment ». Gilles Raison lui propose un autre poste : celui de directrice des projets stratégiques. « J'ai commencé à gérer des projets qui touchaient à la direction commerciale, à regarder de plus près les comptes de l'entreprise. Puis, j'ai orchestré le lancement des livraisons chez Just Eat », décrit-elle. « Dans toutes les décisions que je devais prendre, c'était celle qui avait la plus grande clairvoyance. Elle voyait toujours des axes que les autres ne voyaient pas », se remémore Gilles Raison. La suite le conforte dans son jugement. À une vision stratégique pertinente, elle allie une bonne compréhension des conséquences opérationnelles des arbitrages. Elle lui succède à la tête de Just Eat France et surmonte les turbulences de la crise Covid et du boom des livraisons de repas. Mais après le rachat par le groupe d'investissement néerlandais Prosus, le pilotage très financier de la société ne répond pas à ses attentes. Trois plans stratégiques plus tard, elle tourne la page et monte à bord de Trainline en août 2022 pour 8 mois en tant que directrice générale France. Elle enchaîne sur une formation à l'Insead en global management.
Le poste de la maturité
Elle achève son cursus le jour où elle signe avec Too Good To Go pour en devenir la patronne France en août 2023. À la satisfaction de nombre de ses collaborateurs dont Diane Bonhomme qui occupe les fonctions de directrice grands comptes Europe du Sud chez Too Good To Go. La manager travaille en collaboration avec Meleyne Rabot mais ne lui reporte pas. « Elle sait embarquer ses équipes dans une dynamique positive. Elle apporte son sens de l'humour et une petite touche de légèreté, même face à des situations très complexes », affirme Diane Bonhomme. Le poste qu'elle occupe coche toutes les cases pour Meleyne Rabot : la food delivery, la gestion d'une filiale d'une multinationale, une entreprise à impact, le management des équipes commerciales, etc.. Les applications Vinted et Leboncoin n'ont pas de secrets pour elle. "Je suis une fan d'économie circulaire. De manière générale, je n'achète quasiment rien de neuf et je suis engagée un recyclage permanent ", conclut-elle.
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