Quelles innovations technologiques sont à suivre plus particulièrement dans l'univers du retail? L'assistance vocale notamment est-elle d'actualité en Chine?
F.C.: Je pense que la percée sur la reconnaissance faciale est beaucoup plus spectaculaire que l'assistance vocale, en Chine. En particulier pour des raisons gouvernementales car dans ce cadre, c'est une pratique très répandue. Des innovations sont testées au sein de l'entreprise dans le cadre du programme "magic mirror" pour améliorer l'attractivité du retail. Quand vous êtes une plateforme digitale, vous connaissez très bien vos clients, et vous avez accès à des données qui peuvent échapper au retail physique. Au sein de JD.com, dans des supermarchés sans caissière, nous avons développé des technologies qui scrutent le parcours client en magasin et permettent d'offrir de nouvelles expériences. Les plateformes digitales peuvent amener des innovations de rupture dans le retail. JD.com a par ailleurs noué un partenariat capitalistique avec Wallmart (plus de 500 magasins en Chine). Wallmart est ainsi au rang des plus grands actionnaires de JD.com avec Tencent.
Parmi les innovations majeures que nous testons, la reconnaissance faciale est en test dans quatre magasins. La première fois que vous vous y rendez, vous devez amener votre smartphone et on prend en photo votre visage, qui intègre la base de données. Vous pouvez ensuite aller faire vos courses les mains dans les poches sans cash, sans carte de crédit... Vous êtes reconnu via votre visage et le paiement se fait automatiquement. Je suis convaincu que la praticité est quelque chose que l'on peut apporter avec la technologie et la robotique.
D'ici à 2019, les consommateurs chinois devraient représenter 27% des shoppers en ligne mondiaux. Comment percevez-vous ces tendances?
F.C.: J'ai vécu à Hong-Kong il y a 17 ans. À ce moment-là, je me souviens m'être dit que la densité de l'espace et de la population faisait que le retail prenait une intensité extraordinaire. Des points de vente minuscules arrivaient à proposer des choses incroyables en termes d'animation. Puis sont venues les technologies internet, qui font de l'Asie un terrain d'expérimentation immense. La Chine a fait sa révolution internet directement sur le mobile et avec les millennials - il y a en a plusieurs centaines de millions. Ils ont découvert les marques avec leur smartphone. Pour eux le monde qui se passe dans ce petit écran et le monde réel se rejoignent. L'ordinateur de bureau a presque un côté archaïque en Chine. Plus de 80% des ventes chez JD.com se font d'ailleurs sur mobile.
Qu'est-ce qui différencie aujourd'hui l'e-commerce Chinois des autres pays?
F.C.: C'est une question passionnante. J'espère que le public français va s'intéresser à ce qui se passe en Chine. Il y a une vitalité du paysage internet chinois extraordinaire avec un écosystème extrêmement riche et très différent du nôtre. En Occident, les Gafa ont structuré des territoires bien précis. En Chine, il n'y a pas vraiment de chasse gardée entre les différents opérateurs chinois. Ils vont tous, soit par des alliances, soit par leur technologie en propre, sur les terrains du messaging, et sur différents terrains décloisonnés. Chacun des acteurs forts de la Chine a ses différences. Il faut apprendre à les comprendre.
Florent Courau a débuté sa carrière chez Schlumberger, puis est passé chez Deloitte Consulting avant de rejoindre le groupe LVMH où il a occupé durant 12 ans différentes fonctions de direction en France et en Chine notamment dans les départements vins et spiritueux et parfums et cosmétiques. Entre 2009 et 2011, Florent a occupé le poste de COO de Sephora à Shanghai où il était en charge des opérations en Asie du Nord, avant de créer sa propre société de conseil et d'accompagnement des entreprises, souhaitant accéder au marché chinois, sociéte qu'il a gérée jusqu'à fin 2017. Florent est diplômé de l'ESCP et formé à l'INSEAD, est polyglotte (français, anglais et mandarin notamment) et sinophile.
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