Leclerc dans le viseur de Bercy
Le ministère français de l'Économie et des Finances demande à la justice d'infliger une amende maximale de 117,3 millions d'euros au distributeur Leclerc pour des pratiques commerciales jugées abusives, commises par la centrale d'achat belge du distributeur.
Je m'abonneBercy réclame une amende de 117 millions d'euros contre Leclerc. Le gouvernement français a choisi de réclamer une amende maximale contre l'enseigne pour contraindre le distributeur a cesser une fois pour toutes ses pratiques illégales avec ses fournisseurs, a déclaré la secrétaire d'Etat à l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, ce lundi 22 juillet. Le ministre Bruno Le Maire et sa secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher ont assigné Leclerc, vendredi 19 juillet, devant le tribunal de commerce de Paris.
Le distributeur français est accusé d'avoir fait pression sur ses fournisseurs lors de négociations commerciales l'an dernier via une centrale d'achat en Belgique, Eurelec, afin de contourner la législation française."Une enquête menée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a en effet mis en évidence que le mouvement E. Leclerc aurait utilisé sa centrale Eurelec Trading pour contourner la loi française et imposer des baisses de tarifs très importantes, sans aucune contrepartie, à certains de ses fournisseurs", indique Bruno Le Maire en faisant état en outre de "mesures de rétorsion" à l'égard de certains d'entre eux.
Une amende maximale
Interrogée sur RTL, la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher a indiqué, ce lundi 22 juillet, que Leclerc était en état de "récidive courante" en la matière, ayant fait l'objet selon elle de sept assignations des pouvoirs publics au cours des 14 dernières années. "Leclerc n'a jamais eu à payer des amendes de cette importance", a-t-elle ajouté, "si l'amende est indolore, ce qui a été souvent le cas par le passé (...) il ne se passe rien".
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"C'est pour ça que, dans cette situation qui est emblématique de pratiques illégales, nous avons fait le choix de prendre l'amende maximale, c'est-à-dire trois fois les montants que Leclerc a récupéré sur les dos de groupes sans contreparties, de façon à ce qu'on arrête de ne pas respecter la loi", poursuit Agnès Pannier-Runacher
Dans une autre procédure, le ministère de l'Économie et des Finances réclame depuis plusieurs mois une autre sanction de 108 millions d'euros contre Leclerc concernant des remises exigées aux fournisseurs alors même qu'elles seraient contraires au code du commerce. Le groupe a réagi dimanche en soulignant que "derrière les attaques permanentes" dont il fait l'objet, "il s'agissait clairement de mettre la pression sur lui pour l'amener à renoncer à sa politique de prix bas pour les consommateurs". Il a ajouté qu'Eurelec Trading, une coentreprise créée avec l'allemand Rewe, avait pour objectif d'"obtenir de meilleures conditions dans la négociation commerciale avec les sociétés multinationales".
Agnès Pannier-Runacher a indiqué de son côté que les pratiques reprochées à cette entité concernaient quatre groupes en 2017, 14 en 2018 et 27 en 2019. "C'était une pratique qui était en train de se disséminer, y compris à des groupes de taille intermédiaire et qui l'on fait valoir", a-t-elle commenté.
Leclerc a annoncé dans un communiqué sa volonté de saisir la Cour de justice de l'Union européenne afin de faire cesser " l'acharnement des pouvoirs publics français ".