L'économie française en 2024, entre fluctuation et résilience économique.
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Fondé en 2020, le Mastercard Economics Institute (MEI) réalise des rapports sur les tendances économiques mondiales. Dans son rapport annuel 2024, il analyse les perspectives macroéconomiques de plusieurs pays, dont la France. Décryptage avec Natalia Lechmanova, Senior Economist du MEI.
Je m'abonneLe Mastercard Economics Institute [1] (MEI) vient de publier son rapport annuel Economic Outlook 2024 [2] portant sur les perspectives économiques de plusieurs pays, dont la France. Pour cela, il s'appuie sur une multitude de jeux de données publiques et propriétaires, incluant celles, agrégées et anonymisées, des activités commerciales liées au réseau Mastercard, mais aussi sur des modèles destinés à estimer l'activité économique. Le tout afin d'identifier les thèmes qui définiront l'économie mondiale.
Selon Natalia Lechmanova, Senior Economist au MEI, « le Mastercard Economics Institute est une fenêtre ouverte sur les tendances économiques mondiales ».
Natalia Lechmanova, Senior Economist au Mastercard Economics Institute
2023, une année de contraste pour la France
L'Economic Outlook 2024 montre que la croissance économique de la France a été fluctuante en 2023, mais on observe une certaine résilience chez les consommateurs.
Soutenue par un marché du travail fort et un taux de chômage stable à 7,4%, la consommation commence progressivement à s'accélérer. D'autant plus que la croissance des salaires, estimée à 4,6% en cette fin d'année, dépasse maintenant celle de l'inflation - qui était de 3,8% en novembre 2023.
Alors que le rapport annuel met en évidence une épargne élevée en 2023, les Français continuent de privilégier les dépenses essentielles et les loisirs : concerts, voyages...
Comment les Français ont-ils dépensé leur argent en 2023 ?
Des restaurants à l'hébergement en passant par les courses, le Economic Outlook 2024 met en évidence une croissance dans les dépenses essentielles et les expériences.
Ainsi, bien que les dépenses en biens durables aient été plus faibles, les ventes de meubles en France ont par exemple mieux résisté que dans d'autres pays d'Europe. Probablement grâce à des conditions de crédit immobilier spécifiques : les prêts à taux fixe plus largement pratiqués en France qu'ailleurs offrent une stabilité aux emprunteurs, leur permettant de planifier leurs achats et de maintenir leurs investissements mobiliers.
L'habillement et la bijouterie ont également bien performé, reflétant une fois encore, indirectement, l'importance des expériences pour les Français : voyages et sorties occasionnent nécessairement de nouveaux achats de vêtements ou de bijoux. On distingue trois typologies de marques dans le secteur de l'habillement : le marché de masse, le milieu de gamme et le luxe. Chacune réagissant différemment à la sensibilité accrue des consommateurs pour les prix.
« Ce que le rapport met aussi en exergue, c'est que depuis la pandémie, plus de personnes ont pris l'habitude d'acheter en ligne pour comparer les prix et réaliser des économies, cela se reflétant ainsi dans la hausse du taux de retour de l'e-commerce. Il se situe en effet autour de 13,4%, et est bien plus important que le taux de retour en magasin, qui lui est de 1,7% » ajoute Natalia Lechmanova.
Une chose est sûre, en 2023, les consommateurs français ont été sensibles et conscients des prix. Que ce soit en boutique ou sur internet, ils n'ont pas hésité à choisir en fonction de ces derniers, forçant parfois certaines marques à baisser leurs prix !
Les perspectives pour 2024
Le Mastercard Economics Institute prévoit une croissance stable de l'économie française en 2024, stimulée par une consommation résiliente. Selon les estimations du MEI, le produit intérieur brut (PIB) devrait connaître une croissance de 1,3%.
« Nous prévoyons une normalisation des taux d'épargne qui, associée à un taux de chômage stable autour de 6,9%, participera à relancer durablement la consommation » précise Natalia Lechmanova.
L'inflation des prix à la consommation, quant à elle, devrait atteindre les 3% et les dépenses devraient augmenter de 1,1%. Bien que l'appétit des Français reste grand pour les dépenses en loisirs, Mastercard pense que 2024 représente des opportunités économiques pour les dépenses de consommation en biens.
En conclusion, le Mastercard Economics Institute envisage une année positive pour l'économie française, encouragée par une consommation forte et diversifiée.
Avec les fêtes de fin d'année, une hausse notable des ventes est attendue, avec des dépenses particulièrement marquées dans les secteurs de la restauration et des produits alimentaires, signe d'un optimisme mesuré pour l'année à venir.
