Comment les Français s'approprient les nouveaux moyens de paiement ?
Après s'être posé la question de la place qu'occupait l'argent dans la vie des Français, les zooms de l'Observatoire Cetelem, accompagnés par Harris Interactive, cherchent à explorer cette question plus en profondeur, notamment par le prisme du regard qu'ils portent sur les nouveaux moyens de paiement à leur disposition.
Je m'abonneAbonnements, dématérialisation, micropaiements, mais aussi le « Buy now, pay later » : quel accueil pour ces pratiques, quels bénéfices, quels pièges ? Les Français dressent un bilan plutôt favorable de l'émergence des nouveaux moyens de paiement. 75 % estiment qu'il s'agit d'une bonne chose de manière générale, et 77 %, pour eux personnellement. Ils manifestent également une certaine forme d'appropriation de ces nouvelles pratiques, puisque la majorité (56 %) indique les avoir choisies plutôt que subies. La dématérialisation des moyens de paiement apporte de nombreux bénéfices à leurs yeux : rapidité, praticité et facilité lui sont reconnues par plus de 8 Français sur 10. Seul bémol : pour 55 %, elle tend à faire dépenser plus — 34 % des sondés indiquant effectivement dépenser davantage depuis leur développement.
Plus de 9 Français sur 10 (93 %) privilégient la carte bancaire — que ce soit avec (63 %) ou sans (68 %) contact — comme moyen de paiement lors de leurs achats en magasin, loin devant les traditionnelles espèces (33 %) ou encore le chèque (8 %). Pour leurs achats en ligne, les deux tiers (66 %) privilégient également la carte, là où les 34 % restants utilisent plutôt une application de type portefeuille électronique comme ApplePay, Google Pay, Paypal... S'agissant de l'achat emblématique d'une baguette de pain, nombreux sont ceux qui indiquent utiliser leur carte bancaire (78 % avec insertion, 76 % sans contact), quoique le premier moyen de paiement associé à ce type d'achat reste la monnaie (86 %), encore bien ancrée dans les représentations. Si les espèces semblent sur le déclin — 35 % des Français déclarent les utiliser moins souvent qu'il y a 3 ans —, le sans contact se généralise donc largement, puisque 53 % de ceux qui ont adopté ce moyen de paiement indiquent le faire plus souvent aujourd'hui. L'utilisation classique de la carte insérée dans un terminal varie quant à elle relativement peu : 24 % l'utilisent plus qu'il y a trois ans, 25 %, moins, et 29 %, à niveau identique ; tandis que le paiement par smartphone (via NFC ou portefeuille électronique) connaît un essor significatif. Parmi les 42 % qui déclarent l'utiliser, plus de la moitié (23 %) indique le faire plus qu'il y a 3 ans.
L'automatisation des prélèvements aide les Français à gérer leurs dépenses Les Français dépensent en moyenne 100 € par mois pour leurs abonnements de loisirs, et plus de 250 € pour les mensualités contraintes. 43 % d'entre eux pensent avoir autant d'abonnements de loisirs qu'il y a trois ans — 30 % estiment en avoir plus aujourd'hui, et 27 %, moins — tandis que près de la moitié (48 %) des sondés ont perçu une augmentation globale du montant prélevé de leurs mensualités contraintes au cours des trois dernières années. Dans le même temps, ils ne sont qu'un tiers (33 %) à indiquer avoir pris plus d'engagements, signe que l'inflation des prix a bien été perçue. Pour la plupart des Français, les prélèvements automatisés sont perçus de manière positive. En premier lieu, car ils permettent d'évaluer facilement les dépenses effectuées avec ce mode de paiement (79 %) — à noter que ce sentiment de facilité reste assez relatif (50 % plutôt facile contre 29 % très facile). Ensuite, ces prélèvements permettent facilement aux Français, notamment de se souvenir des engagements auxquels ils ont souscrit (74 %), de suivre les éventuelles augmentations tarifaires (71 %), voire de résilier leurs engagements pour 65 % d'entre eux.
Les applications de paiement dématérialisé en plein essor
Aux yeux des Français, l'appellation « nouveaux moyens de paiement » désigne deux modalités principales. L'utilisation de la carte bancaire sans contact et le paiement par portefeuille électronique : des applications telles que Paypal, Paylib ou ApplePay. 60 % de l'échantillon sondé indique avoir déjà utilisé une de ces applications, tandis que 36 % déclarent en utiliser régulièrement. Même chez les 50 ans et plus, plus de la moitié (52 %) admet avoir déjà eu recours à ce type d'application. La même proportion chez les moins de 35 ans (48 % à 55 % selon le service) a déjà utilisé des applications de collecte d'argent ou de cagnottes type Leetchi, de transfert d'argent via numéro de téléphone lié à la banque type Lydia ou Pumpkin, ou de gestion des dépenses en collectif type Tricount — contre seulement 3 à 10 % des 50 ans et plus. 46 % des Français indiquent utiliser régulièrement au moins un service de paiement dématérialisé. Naturellement, la confiance accordée à ces nouveaux modes de paiement varie selon sa notoriété et son utilisation dans l'Hexagone. Dans l'ensemble, la confiance est élevée (70 %) pour les applications de paiement par portefeuille électronique, et elle l'est un peu moins pour les autres solutions de paiement dématérialisées, moins courantes : 43 % pour les applications et sites de collecte ou cagnottes, 41 % pour celles de transfert d'argent grâce aux coordonnées téléphoniques, etc. En parallèle, 65 % des Français affirment avoir déjà utilisé l'application de paiement de leur banque, à laquelle ils sont 88 % à faire confiance.
Le paiement « Buy now, pay later » : un cadeau empoisonné ?
Le service « Buy now, pay later », qui permet de s'acquitter d'un paiement en plusieurs fois sans frais, divise les Français. Si 44 % d'entre eux indiquent l'utiliser et 54 % en apprécier le principe, les trois quarts des sondés (74 %) considèrent ce service comme une incitation à acheter immédiatement au lieu de différer son achat, et 61 % pensent même qu'il pousse à acheter des produits plus chers. Pour la majorité des Français (55 %), le BNPL représente plutôt une solution ponctuelle à des difficultés, contre un mode de paiement à part entière pour les autres (45 %). Il est aussi perçu comme un piège parfois dangereux, qui ne permet pas de se rendre compte du montant total de la facture (54 %), plutôt que comme un facilitateur dans la gestion du budget (46 %). Au bout du compte, 41 % des Français estiment que le « Buy now, pay later » fait dépenser plus, et seuls 19 %, qu'il fait dépenser moins. Les Français n'écartent toutefois pas la possibilité de payer en plusieurs fois sans frais, dans certaines circonstances, et pour certains types d'achat. En particulier les achats ponctuels et onéreux comme un produit de gros électroménager, pour lesquels 42 % des Français indiquent privilégier cette option si elle est proposée. 59 % des Français estiment qu'ils pourraient bouder une enseigne au profit d'une autre qui leur permettrait de régler leur dépense en plusieurs fois.
Méthodologie :
L'enquête a été réalisée en ligne par Harris Interactive pour les zooms de L'Observatoire Cetelem, du 7 au 10 février 2022, auprès d'un échantillon de 1 037 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).