DossierL'e-commerce de la santé en pleine forme
L'e-santé bénéficie d'un contexte particulièrement porteur. Estimé en 2012 à 2,4 milliards d'euros, le marché devrait progresser de 4 % à 7% en moyenne par an. Tour d'horizon du secteur médical.

Sommaire
- Le marché de l'e-santé à la loupe
- Le chiffre d'affaires des pure players en augmentation
- Le rôle déterminant des pouvoirs publics
- Un paysage concurrentiel très hétérogène
- 1001pharmacies.com, précurseur de l'e-santé décomplexée
- Une place de marché pour pharmaciens
- Le site Ylea.eu propose la vente de matériel médical d'urgence en ligne
- Sogemed lève 1,5 million d'euros
- La santé, le nouveau luxe des Français
- Une tentation croissante : économiser sur les soins
- La tentation du low cost
- Optique et audioprothèse : la concurrence change la donne
- L'automédication aiguise les appétits
- En chiffres : moins d'un tiers des consommateurs comparent les prix des produits de santé
- Le réseau coopératif d'achats groupés hospitaliers UniHA lance son site destiné aux fournisseurs
1 Le marché de l'e-santé à la loupe
L'e-santé bénéficie d'un contexte particulièrement porteur. Estimé en 2012 à 2,4 milliards d'euros, le marché devrait progresser de 4 % à 7% en moyenne par an, à l'horizon 2017 selon l'étude publiée par Xerfi-Precepta, portant sur le secteur de l'e-santé. Le segment de la télémédecine enregistrera la plus forte croissance, devant ceux de la télésanté (hors télémédecine) et des systèmes d'information de santé.
L'application des technologies de l'information et de la communication (TIC) à l'ensemble des activités en rapport avec la santé a pour objectif d'instaurer un système plus performant : amélioration des soins, réduction des dépenses de santé et création de valeur, avec la possibilité de générer une filière d'excellence. L'e-santé permet donc de répondre à plusieurs problématiques de la société française telles que le vieillissement de la population, l'augmentation des maladies chroniques ou encore la pénurie localisée de médecins.
D'un point de vue technologique, le marché de l'e-santé profite d'un environnement à la fois mature et innovant. En effet, les établissements de santé disposent désormais des prérequis technologiques nécessaires et les nouveaux modèles de services des industriels (exemple du SaaS) permettent une plus grande flexibilité dans un contexte économique difficile.
Les 5 grandes composantes de l'e-santé :
2 Le chiffre d'affaires des pure players en augmentation
L'e-santé rassemble donc toutes les conditions nécessaires à son expansion. Même dans le cas du scénario pessimiste, sa croissance atteindra 4% en moyenne par an d'ici à 2017. Une telle situation s'expliquerait par l'absence de modèles économiques et organisationnels pérennes sur le marché de la télémédecine. Ou encore un enlisement du secteur des services à la personne sur le segment de la télé-santé ainsi qu'une crise de la dette sociale ou une dégradation sensible de la situation économique et financière des acteurs de la santé (ex : les hôpitaux). Mais selon les prévisions de Xerfi-Precepta, davantage optimistes, le chiffre d'affaires des spécialistes de l'e-santé devrait plutôt augmenter à un rythme d'environ 10% par an en moyenne à l'horizon 2017.
Évolution du chiffre d'affaires des pure players de l'e-santé de 2007 à 2013 :
3 Le rôle déterminant des pouvoirs publics
Les pouvoirs publics ont compris l'importance de ce marché et ont su répondre à son besoin de structuration. Mais pour continuer leur développement, certains segments comme la télémédecine ou la télésanté nécessitent un renforcement de la législation afin d'élaborer un cadre médico-économique plus complet. Outre l'aspect législatif, la croissance de l'e-santé repose également sur l'adhésion des patients à ces nouvelles solutions : la promotion des projets, l'implication des usagers dans la phase de lancement ou encore la conduite du changement. Ces éléments sont encore trop souvent sous-estimés par les donneurs d'ordre, les porteurs de solutions et les pouvoirs publics qui doivent jouer un rôle d'architectes de projets hautement collaboratifs.
4 Un paysage concurrentiel très hétérogène
Actuellement, le marché de l'e-santé se compose de près de 300 opérateurs privés et d'une dizaine d'acteurs publics. Xerfi-Precepta a distingué 5 catégories d'acteurs : les éditeurs de logiciels et opérateurs de services, les prestataires de services informatiques, les fabricants de dispositifs médicaux, les hébergeurs de données de santé à caractère personnel et les autres intervenants (opérateurs télécom, spécialistes de la télésanté/télémédecine, assureurs et organismes de protection sociale, fournisseurs de services à la personne...).
Parmi ces 5 catégories, les éditeurs de logiciel disposent du poids de marché le plus important puisqu'ils prospèrent sur le segment mature des systèmes d'information santé (SIS). Depuis le milieu des années 1990, de nombreuses sociétés et opérateurs publics s'y sont développés pour répondre à l'informatisation croissante des cabinets médicaux mais aussi des établissements de soins, EHPAD, pharmacies, cabinets d'analyse médicale.... Pour poursuivre leur développement, ces acteurs devront adapter leurs modèles économiques pour déployer de nouvelles offres de services et être capables de porter ou intégrer des offres globales plus complexes. C'est l'exemple d'une offre portée par un intégrateur associé à des éditeurs ou celui d'une offre portée par un éditeur de solution intégrée.
Sur le segment des systèmes d'informations hospitalier (SIH), les géants de l'informatique hospitalière (SIH) sont pour l'essentiel étrangers (McKesson, InterSytems) et optent principalement pour la recherche d'une taille critique grâce à une forte industrialisation de leur offre (éditeurs de solutions intégrées). Certains groupes français comme Medasys ont su s'imposer dans les SIH. Néanmoins, la plupart des éditeurs hexagonaux recensés disposent d'une taille modeste et tentent de renforcer leur positionnement sur des segments de niche (éditeurs de logiciels spécialisés).
Xerfi-Precepta a publié une étude portant sur une analyse du marché de l'e-santé. Estimé à 2,4 milliards d'euros en 2012, celui-ci devrait continuer de croitre à un rythme de 4% à 7% d'ici 2017.
5 1001pharmacies.com, précurseur de l'e-santé décomplexée
Les acteurs du monde de la santé sont dans les starting blocks. Depuis Le 1er janvier, un décret publié au Journal Officiel autorise la vente sur Internet de quelques 350 médicaments sans ordonnance. Une libéralisation du marché ayant pour effet l'émergence de nouveaux acteurs sur le web. Parmi eux figure le portail 1001pharmacies.com. Lancé fin août 2012, ce site a débuté par la commercialisation de produits de parapharmacies, mais compte bien tenter l'aventure médicamenteuse. Et pour cause, selon IMS Health c'est un marché estimé à plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit 6% de l'activité des officines en France.
Pour réussir ce défi, 1001pharmacies.com met toutes les chances de son côté. Grâce à une levée de fonds de 600 000 euros, le site entend prendre de cours ses futurs concurrents. Ses armes ? Tout d'abord des business angels aguerris, parmi lesquels Marc Adamowicz, Fondateur et Président de Happyview.fr, Olivier Mathiot, cofondateur de PriceMinister (groupe Rakuten), ou encore Marc Menasé, Fondateur de Meninvest. " Nous ambitionnons d'être le premier site de vente de médicaments sur Internet en France, explique Cédric O'neil, pharmacien et co-fondateur de 1001pharmacies.com avec Sabine Safi. Pour cela, nous avons besoin d'un budget marketing important ". Les fonds levés devraient en effet permettre d'asseoir la notoriété du site rapidement, et surtout, d'effectuer une prospection assidue auprès des pharmacies françaises.
6 Une place de marché pour pharmaciens
Car les arguments pour les séduire ne manquent pas. Se lancer dans l'e-commerce de médicaments peut paraître effrayant pour les plus novices. " Certains pharmaciens rencontrent des difficultés à créer un site, référencer le catalogue de produits, ou encore optimiser leur référencement ", indique Cédric O'neil. 1001pharmacies repose sur un modèle de place de marché et n'importe quelle pharmacie de quartier peut vendre ses produits via une page web personnalisée sur la plateforme, sans avoir à s'occuper de l'acquisition de clients, du marketing ou encore du SEO. Le site propose en effet de se charger de toutes ces étapes, contre un abonnement de 149 euros par mois et une commission de 10% sur le chiffre d'affaires généré. En contre-partie, l'activité Web pour une officine de pharmacie moyenne, pourrait apporter un complément mensuel de chiffre d'affaires de l'ordre de 50 000 euros, un argument de poids pour les officines.
Ainsi, quatre mois après son lancement, 32 pharmacies ont rejoint la plateforme de Cédric O'neil. " Pour l'heure, une pharmacie démarchée sur cinq, est intéressée par notre concept ". Selon ses calculs, afin d'avoir un maillage optimal du territoire, il doit en convaincre à terme, 2000, soit environ 10% de l'ensemble des officines françaises. Avec un objectif clair : engendrer plus de 800 000 euros de chiffre d'affaires fin 2013, et être rentable dès 2014.
Du côté des internautes, une fois le médicament acheté, 1001pharmacies.com propose deux options. D'abord retirer sa commande directement auprès de la pharmacie dans les 23 heures après l'acte d'achat. Ou plus traditionnellement, choisir une expédition par colis. Ce choix, l'internaute pourra bientôt le réaliser depuis un téléphone mobile, puisque 1001pharmacies prévoit d'ores et déjà de déployer une application courant 2013.
Pour l'heure, le site attend d'être accrédité par l'Agence régionale de Santé (ARS), une étape incontournable pour mettre en vente des médicaments. " Nous devrions la recevoir ce mois-ci ", précise Cédric O'neil. Dès lors le début des hostilités avec les acteurs de l'e-santé pourra commencer. Le site pourrait faire face à de très puissants acteurs comme ceux de la grande distribution et notamment Michel Edouard Leclerc, dont l'intention est claire : investir ce marché pour y casser les prix de 20 à 30%.
La vente en ligne de médicaments sans ordonnance est désormais autorisée en France. De nouveaux acteurs font leur apparition, parmi lesquels 1001pharmacies.com, une place de marché destinée aux officines françaises, soutenue par de grands noms de l'e-commerce.
7 Le site Ylea.eu propose la vente de matériel médical d'urgence en ligne
Ancien pompier et formateur en secourisme, Eric Bensimhon, arrête tout du jour au lendemain pour lancer son site d'e-commerce. " Lorsque je travaillais en tant que formateur en secourisme, je me suis rendu compte que je devais aller sur plusieurs sites différents avant de me procurer l'ensemble du matériel nécessaire ", précise le fondateur d'Ylea.eu.
Pas très pratique. Eric Bensimhon décide donc de se lancer et propose sur un même portail du matériel d'urgence, médical, ainsi que le nécessaire pour animer des formations de secourisme. " Pendant deux ans, parallèlement au lancement de mon site, j'ai fait des formations de secourisme puisque c'était mon métier de base ", explique le fondateur.
Le succès est au rendez-vous dès la troisième année qui est marquée par un boom des ventes. " Nous avons réalisé 100 000 euros de CA la première année ; 200 000 la deuxième et 880 000 la troisième ", se réjouit le fondateur du site. Et cela avec de bons niveaux de marges, puisque le taux moyen de marge brute des produits s'élève à 43 %. " La plupart de nos produits viennent de l'étranger. Lorsqu'il s'agit de produits manufacturés simples, nous nous les procurons en Chine, pour le reste, nous travaillons avec des Européens essentiellement ", explique Eric Bensimhon.
La communication se limite, quant à elle, au bouche à oreille. En 2007, un décret (relatif à l'utilisation des défibrillateurs automatisés externes par des personnes non médecins et modifiant le code de la santé publique) lui permet de mettre en vente des défibrillateurs sur le site. " Les professionnels ont commencé à nous connaître et se sont tournés vers Ylea pour se procurer leurs matériaux ", analyse Eric Bensimhon. Aujourd'hui, sept ans après la mise en ligne du site, Ylea.eu enregistre un chiffre d'affaire de 2 millions d'euros, pour la période de juin 2010 à juin 2011, avec un panier moyen d'environ 300 € sur le site.
Entre temps, l'offre en ligne s'est élargie. Près de 1 000 articles sont désormais disponibles à la vente. " Nos plus gros clients restent bien évidemment les professionnels ", souligne le dirigeant. L'exportation encore marginale ne représente que 10 % du chiffre d'affaires.
Ylea.eu propose la vente de matériel médical d'urgence ainsi que du matériel pour les formations de secourisme, aux professionnels. Sept ans après son lancement, le site enregistre un réel succès d'estime.
8 Sogemed lève 1,5 million d'euros
Ambulances, instruments de chirurgie, échographes, microscopes... le matériel médical peut aussi faire l'objet d'une seconde vie. Le site internet de Sogemed est spécialisé dans la revente d'équipement médical d'occasion en BtoB. Ses clients sont avant tout des hôpitaux, mais aussi des cliniques, ou des médecins indépendants. Lancé en 2009, Sogemed a conclu une levée de fonds de 1,5 million d'euros auprès de Sigma Gestion. Une opération qui va permettre à Sogemed de développer son portail, et d'accélérer son déploiement à l'international.D'après une information publiée sur le site boursier.com, Sogemed aurait déjà généré des revenus dans plus de 50 pays via son portail disponible dans plusieurs langues. La société vise notamment les pays d'Afrique, d'Europe centrale et d'Europe de l'Est. Elle espère ainsi doubler son chiffre d'affaires en 2013.
À lire aussi : Santessima.com lève trois millions d'euros
Le portail spécialisé dans la vente de matériel médical d'occasion a annoncé une levée de fonds de 1,5 million d'euros, auprès de Sigma Gestion.
9 La santé, le nouveau luxe des Français
Santé et prospérité ! Ils ont beau le souhaiter, les deux sont aujourd'hui difficilement conciliables pour la majorité des Français. La santé est devenue leur préoccupation majeure, après le chômage. C'est encore plus vrai à l'approche de la retraite. " La motivation pour le bien vieillir a nettement progressé ces dernières années ", affirme Sophie Schmitt, de Seniosphère, cabinet de conseil en marketing senior. " Hier, on voulait jouir en paix. On ne s'occupait de sa santé que quand cela allait vraiment mal. Aujourd'hui, on veut prendre soin de son corps à tout prix ", avance de son côté Cyril de Charentenay, directeur général de l'agence Nude. Plus qu'un besoin essentiel de rester en bonne santé, toutes les classes sociales aspirent aujourd'hui au bien-être. Mais les arbitrages sont devenus inévitables. " Certaines personnes avec de faibles revenus vont préférer privilégier leur santé, en économisant sur d'autres postes ", remarque Cyril de Charentenay.
Indéniablement, les dépenses de santé croissent. Selon l'Insee (chiffres 2010), elles représentent 3,9 % de la consommation des ménages français, soit une augmentation de plus de 3 % par rapport à 2009. On est certes loin d'autres postes budgétaires, comme le logement (25,6 %), les transports (14 %) ou l'alimentation (13,4 %) . Mais les Français ont l'impression de payer de plus en plus pour leur santé. D'après le baromètre Sofinscope, réalisé par OpinionWay (janvier 2012), deux tiers d'entre eux déclarent que les dépenses médicales pèsent de plus en plus sur leur budget, estimant à 570 euros le budget santé annuel moyen restant à leur charge. Cette moyenne cache certes des écarts importants, car, comme le confirme l'Insee, les dépenses de santé sont les plus inégalement réparties: les ménages les plus riches dépensent pratiquement six fois plus pour leur santé que les ménages les plus pauvres. Plus de la moitié de l'écart, indique l'Insee, est dû à l'achat de lunettes et de prothèses, ces biens "durables", non vitaux mais visibles, pour lesquels les ménages les plus aisés peuvent davantage tenir compte de l'esthétique.
10 Une tentation croissante : économiser sur les soins
Selon une étude menée par le cabinet Deloitte (janvier 2012) sur "Les Français et la santé", un foyer sur quatre seulement se dit prêt à assumer les frais de santé à venir. Et les individus sont de plus en plus nombreux à renoncer à certains soins. Près de 15 % s'en seraient privés au cours des 12 derniers mois, d'après une enquête de l'Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes), publiée en novembre 2011. Un sondage, réalisé en septembre de la même année par CSA pour Europ Assistance, avance le chiffre de 29 %. Il y a deux ans, les Français n'étaient que 11 % à faire ce choix. A quoi renoncent-ils? Aux soins dentaires et aux lunettes en premier (pour 22 % des interviewés). Toujours selon l'enquête CSA, 12 % font également des économies sur les soins plus courants, 6 % se privent de médicaments. Enfin, 5 % reportent des soins lourds tels qu'une opération.
Outre l'instauration de franchises médicales et les déremboursements, la généralisation des dépassements d'honoraires contribue largement à ces arbitrages. Selon un rapport de la Caisse nationale d'assurance maladie, le taux de dépassement a été multiplié par deux entre 1990 et 2010 pour les médecins spécialistes (de 25 à 54 %).
Le manque de praticiens dans certaines régions complique aussi l'accès aux soins. Encore embryonnaire en France, la consultation médicale en ligne pourrait en profiter pour se développer. Certains sites internet comme Docteurclic, France Médecin ou L'avis Médical proposent de délivrer des conseils de santé payants via Internet ou par téléphone.
Autre problème : le coût des complémentaires santé. D'après l'Ipap (Indice des prix de l'assurance des particuliers), publié par Mutuelle-land.com et Assurland.com, il a progressé, en moyenne, de 4,8 % par an ces quatre dernières années. Résultat : selon l'étude du cabinet Deloitte déjà citée, 57 % des Français disent avoir atteint ou dépassé leur limite budgétaire concernant le montant de leur prime d'assurance santé. En 2012, plus de 4 millions de personnes n'ont plus accès à une complémentaire. Pour financer leurs soins, certains n'ont alors d'autre choix que de contracter un nouveau type de crédit à la consommation apparu il y a cinq ans, le prêt santé.
11 La tentation du low cost
Ceux qui ont encore la chance d'avoir une complémentaire santé peuvent être tentés de rogner sur leurs dépenses de cotisation. "La tendance des quatre dernières années montre clairement une migration des formules choisies vers les couvertures les moins fortes (et donc les moins chères)", explique le comparateur d'assurances Assurland dans un communiqué. Pourtant, les Français ont peur d'être mal remboursés. Le courtier et comparateur en ligne Santiane.fr l'a bien compris, et a lancé sa première campagne TV sur le sujet il y a quelques semaines. " Le marché de la santé est actuellement très porteur pour les compagnies d'assurances et les comparateurs ", affirme Daniel Makanda, directeur marketing de Santiane. Depuis sa création en 2006, la société a connu une croissance à trois chiffres tous les ans. " On comparait rarement son contrat de mutuelle il y a trois ans, remarque Daniel Makanda. Aujourd'hui, le consommateur est un peu plus rationnel vis-à-vis de ses dépenses de santé et n'hésite plus à renégocier un contrat, par exemple. "
Mais contrairement à ses concurrents, Santiane ne cherche pas à se positionner en priorité sur le low cost. " Nous partons du principe que lorsque l'on choisit une mutuelle, il ne faut pas chercher la moins chère, mais la plus rentable ", justifie le directeur marketing.
Depuis quelques mois, des cabinets dentaires low cost ont également fait leur apparition. Ils proposent des implants dentaires à 970 euros. Moitié moins cher que chez un dentiste traditionnel. Comment réussissent-ils à casser les prix? En rationalisant les actes. Ce qui pourrait être fait en plusieurs fois est regroupé en un seul rendez-vous. Revers de la médaille, le détartrage ou le soin des caries ne sont pas effectués par ces cabinets low cost, n'étant pas assez rémunérateurs...
12 Optique et audioprothèse : la concurrence change la donne

Comme les soins dentaires, l'optique est un poste de dépenses important pour les Français. L'achat de lunettes est mal pris en charge par l'assurance maladie. Le prix moyen d'une monture et de deux verres unifocaux simples s'élève à 277 euros. Mais il risque de baisser ces prochaines années. L'arrivée de sites de vente de lunettes et de lentilles en ligne est en effet en train de changer la donne. Depuis trois ans, Happyview.fr propose une monture et des verres à partir de 39 euros. Objectif: démocratiser l'accès aux lunettes. " Dans ce secteur, les marges peuvent atteindre 70 %, explique son fondateur, Marc Adamowicz. Les nôtres sont de 35 %. Alors qu'un magasin traditionnel vend en moyenne deux paires par jour, nous en écoulons 100. " Profil type du client: une personne d'une cinquantaine d'années, qui ne possède pas une bonne mutuelle. Afin de lever les freins dus à l'achat sur Internet, Happyview propose un essayage virtuel à partir d'une photo ainsi qu'un essayage à domicile sans obligation d'achat, pour seulement cinq euros. " Nous avons mis un bon coup de pied dans la fourmilière ", affirme Marc Adamowicz. Avec un chiffre d'affaires multiplié par trois entre 2010 et 2011, Happyview serait un succès. Et l'initiative a donné des idées à d'autres entrepreneurs. Marc Simoncini, fondateur de Meetic, a lui aussi lancé son site d'optique en ligne, baptisé Sensee.com. Les opticiens traditionnels voient d'un mauvais oeil ces nouveaux concurrents. Eric Plat, président-directeur général d'Atol, pense que la vente de lunettes sur Internet pourrait conduire à une démédicalisation des lunettes et des problèmes de vue, " ce qui constituerait un recul notoire de la qualité des soins visuels en France".
Le marché de l'audioprothèse connaît, lui aussi, ses premiers frémissements concurrentiels. Sur 6 millions de personnes dites malentendantes en France, 80 % souffrent de presbyacousie. Et seulement 15 % sont équipées d'un appareil. Il faut dire que le prix moyen d'une audioprothèse (1 700 euros) n'incite pas forcément à l'achat. Forte de ce constat, la société Sonalto propose, depuis plus d'un an, un assistant d'écoute préréglé, Octave, destiné aux presbyacousiques. Prix: 299 euros. " Dans le secteur de l'audioprothésie, les marges s'élèvent à 80 %. Un appareil auditif ne coûte en réalité que 90 euros. Ce que l'on vend aux clients, ce sont surtout des rendez-vous illimités pour effectuer des réglages et des forfaits entretien ", observe Maxence Petit, cofondateur de Sonalto, qui s'est mis toute la profession à dos. Après un an d'existence, la société compte déjà 8 000 utilisateurs et 3 000 pharmacies distributrices, pour un chiffre d'affaires d'un million d'euros. " Il y a un certain nombre de prés carrés sur le marché de la santé. L'audioprothèse a besoin de s 'ouvrir à la concurrence afin de devenir accessible au plus grand nombre ", affirme le dirigeant.
Pour certains soins onéreux ou mal pris en charge, certains patients n'hésitent plus à sortir de l'Hexagone afin de réduire la facture. Au niveau mondial, près de 3 millions de personnes se font traiter à l'étranger chaque année. Cela représente un chiffre d'affaires de 100 milliards de dollars en 2012, contre 79 milliards en 2010, selon le cabinet de conseil KPMG. A chaque problème de santé, sa destination. La Hongrie, la Pologne ou l'Espagne sont connues pour les soins dentaires. Pour la chirurgie esthétique, direction la Tunisie ou la Turquie. Plusieurs agences spécialisées ont flairé le bon filon. Elles proposent de faciliter les démarches des touristes médicaux, en organisant leur séjour de A à Z, visites culturelles incluses...
13 L'automédication aiguise les appétits

Déremboursements obligent, le marché de l'automédication s'envole. Selon le dernier baromètre 2011 de l'Afipa (Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable), les médicaments vendus sans ordonnance affichent une progression de 1,9 % de leurs ventes en valeur. La dynamique est à la hausse depuis trois ans. Le marché est estimé à 2,1 milliards d'euros, ce qui représente un tiers des dépenses de médicaments des consommateurs.
Si les usagers sont appelés à devenir plus autonomes dans l'officine, ils doivent toujours passer à la caisse. Et c'est là que le bât blesse. Selon l'UFC Que Choisir, "la mise en vente de certains médicaments devant le comptoir, autorisée en 2008, n'a pas eu les vertus tarifaires annoncées". Les résultats de la dernière enquête de l'association, réalisée en mars 2012, montrent que la concurrence serait anesthésiée par l'opacité des prix. Pour les faire baisser, l'association plaide en faveur d'une libéralisation encadrée de la distribution des médicaments sans ordonnance en parapharmacies et dans des espaces dédiés en grandes surfaces. "Cette mesure permettrait, pour le consommateur, une économie pouvant atteindre 16 % des dépenses de médicaments non remboursables (soit 269 millions d'euros par an)", affirme l'UFC Que Choisir.
Du pain bénit pour Leclerc. L'enseigne réclame à cor et à cri depuis plusieurs années l'ouverture du monopole des pharmacies sur la vente des médicaments sans ordonnance. Sa promesse: faire baisser les prix, comme elle l'aurait déjà fait pour la parapharmacie. Et pour le prouver, Leclerc a lancé, fin 2011, le comparateur de prix Sesoignermoinscher.com, campagne publicitaire à l'appui. Pourtant, selon Deborah Wallet-Wodka, maître de conférences en marketing de santé à l'université Pierre et Marie Curie, les Français comparent assez peu les prix, même quand ils le peuvent." Les gens pensent toujours que la santé n'est pas un bien comme un autre, explique-t-elle. En France, dans ce domaine, nous sommes encore très usagers et pas encore 100 % consommateurs. On ne gère pas sa santé comme l'intérieur de son réfrigérateur. "
Malgré tout, nous devenons de plus en plus acteurs de notre santé. Des campagnes de sensibilisation nous incitent d'ailleurs à devenir responsables, à faire les bons choix, quitte à nous faire peur. Autrefois, on écoutait religieusement ce que disait notre médecin. Dorénavant, on va vérifier sur Internet la pertinence de son diagnostic et de son traitement. Sport, nutrition, compléments alimentaires, automédication: la société et les industriels nous poussent à gérer notre santé en amont. Le maître-mot: mieux vaut prévenir que guérir." Quand on sait que la longévité dépend à 30 % de la génétique et à 70 % du style de vie, on comprend que pour rester en bonne santé le plus longtemps possible, il faut agir ", observe Sophie Schmitt. Cela revient finalement à se soigner avant même d'être malade. Et dans ce cas, c'est le consommateur qui paye. Indéniablement, la santé coûte de plus en plus cher. Une pilule de plus en plus difficile à avaler pour le consommateur, qui doit arbitrer par rapport à ses autres dépenses.
Les dépenses de santé pèsent de plus en plus sur le budget des Français. Ils doivent se résigner à dépenser plus pour se soigner et même, parfois, renoncer à le faire, faute de moyens. Dans certains secteurs médicaux, la concurrence s'intensifie. Peut-être au bénéfice du consommateur...
14 En chiffres : moins d'un tiers des consommateurs comparent les prix des produits de santé
71 % des consommateurs ont déjà renoncé à l'acquisition d'un produit de parapharmacie à cause de son prix, 38 % pour les médicaments OTC et tout de même 25 % pour ceux sur ordonnance. Paradoxalement, 84 % des individus affirment ne pas (ou peu) avoir de notion du prix des produits qu'ils achètent au moment de passer à la caisse. Moins de 30 % des consommateurs comparent les prix entre marques.
Moins de 23 % le font d'une pharmacie à l'autre. Le prix arrive en troisième position dans le choix d'un médicament OTC strict (30 %), derrière le conseil du pharmacien (60 %) et du médecin (57 %). Il n'intervient pas dans le choix des médicaments sur ordonnance ni des produits disponibles en parapharmacie.
Selon une enquête réalisée par le groupe d'étude et de recherche sur le marketing santé de l'université Pierre et Marie Curie, les consommateurs jugent que les produits qu'ils achètent en pharmacie sont chers. Surtout ceux de parapharmacie , ainsi que les médicaments OTC.
15 Le réseau coopératif d'achats groupés hospitaliers UniHA lance son site destiné aux fournisseurs
UniHA , réseau coopératif d'achats groupés hospitaliers, met en place un espace internet à destination de tous ses fournisseurs potentiels. Accessible sur le site http://fournisseurs.uniha.org, cet espace délivre une information claire et exhaustive sur l'ensemble des marchés passés par le réseau, dès la phase d'étude.
Toutes les entreprises ont la possibilité de s'inscrire en ligne afin d'être notifiées des nouveaux projets à l'analyse ou des procédures publiées par UniHA dans leurs secteurs d'activité. Elles peuvent également entrer en contact direct, par mail, avec les responsables des différents marchés.
Ce site permet de :
- mieux découvrir le groupement UniHA et ses filières d'achats ;
- être informé des projets d'achats groupés d'UniHA ;
- s'inscrire sur la plateforme, se faire connaître des équipes achats de leur domaine d'activité ;
- être automatiquement informé, par mail, des évolutions sur les filières et segments que chacun peut librement sélectionner en créant son profil ;
- simplifier l'accès des entreprises de toute taille à la commande publique
Ce nouveau service facilitera la relation entre les acteurs d'UniHA (les 56 plus grands CHU et Centres Hospitaliers publics de France), et le monde des entreprises. En 2011, 108 marchés étaient actifs, associant près de 500 fournisseurs. UniHA est organisé en 14 filières d'achats couvrant la majorité des besoins des hôpitaux, tels que les médicaments, les produits d'hygiène et de protection du corps, mais aussi la restauration, les consommables ou encore les services.
Le nouvel espace internet d'UniHA facilite l'accès des entreprises à la commande publique, notamment en les informant des projets d'achat dès leur phase d'étude.
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