ID Logistics engage le débat sur la féminisation de la logistique

Qualifier le secteur logistique de masculin, c'est un euphémisme ! Avec seulement 25 % de femmes dans ses effectifs en France, le secteur de la logistique et du transport demeure l'un des moins féminisés de l'économie. Cette proportion, bien qu'en hausse de 10 points par rapport à il y a une décennie, reste significativement inférieure à la moyenne nationale tous secteurs confondus, qui s'établit à 48,3 % selon les dernières données de l'INSEE.

Aussi, la table ronde animée par Renaud Bouet, DRH du Groupe ID Logistics, a mis en évidence que la féminisation du secteur dépassait largement les simples considérations d'équité. Elle constitue un véritable levier de performance économique pour les entreprises.

Selon une étude récente de Boston Consulting Group citée lors des discussions, les entreprises du secteur logistique présentant une plus grande diversité de genre dans leurs équipes dirigeantes affichent une rentabilité supérieure de 21 % à la moyenne du secteur. "Cette corrélation s'explique notamment par une diversité des approches décisionnelles et une meilleure compréhension des besoins variés des clients", précise l'étude.

Eva L'Hostis, Directrice de site chez ID Logistics, a partagé une expérience concrète avec son site de Port Saint Louis du Rhône, où plus de 45 % des collaborateurs sont des femmes. Cette forte féminisation, initialement motivée par une pénurie de main-d'oeuvre masculine dans ce bassin d'emploi peu attractif, s'est finalement révélée être un atout majeur pour l'entreprise.

Des freins structurels persistants

Malgré ces bénéfices avérés, plusieurs obstacles continuent d'entraver la féminisation du secteur. Lors de la table ronde du SITL, Agnès Hercouet, Directrice Supply Chain chez Descours & Cabaud, a souligné l'importance de lutter contre "l'entre-soi" naturel dans les processus de recrutement.

Une enquête de France Logistique publiée en mars 2025 identifie trois freins majeurs à la féminisation du secteur : les stéréotypes persistants (cités par 72 % des répondants), la pénibilité physique réelle ou supposée de certains postes (68 %), et le manque de visibilité des parcours de réussite féminins (61 %).

Des solutions concrètes pour accélérer le changement

Face à ces constats, plusieurs pistes d'action ont été évoquées lors de la table ronde. L'amélioration de l'ergonomie des postes et l'intégration de nouvelles technologies réduisant la pénibilité apparaissent comme des leviers essentiels pour ouvrir ces métiers à un plus large public. Selon une étude de l'Association pour le Développement de la Formation professionnelle dans les Transports (AFT), les entrepôts ayant fait l'objet d'une modernisation technologique (exosquelettes, automatisation partielle, etc.) présentent un taux de féminisation supérieur de 12 points à la moyenne du secteur.

Sandrine Pleynet, Responsable logistique relation prestataire chez PPG Industries, a particulièrement insisté sur l'importance des rôles-modèles féminins pour changer les perceptions. Cette approche rejoint les conclusions du programme européen "Women in Transport", qui souligne que la visibilité des parcours féminins réussis constitue l'un des facteurs les plus efficaces pour attirer de nouvelles candidates.

Des enjeux d'avenir au-delà de la mixité

La question de la féminisation s'inscrit dans une réflexion plus large sur l'évolution des métiers de la logistique face aux attentes des nouvelles générations. Un rapport de Deloitte publié en février 2025, "Future of Work in Logistics", met en évidence que la flexibilité des horaires, l'équilibre vie professionnelle-vie personnelle et le sens donné au travail constituent désormais des critères déterminants pour l'attractivité du secteur, tant pour les femmes que pour les hommes.

Pour ID Logistics, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 3,3 milliards d'euros en 2024 et emploie plus de 42 000 collaborateurs dans 18 pays, ces questions représentent un enjeu important dans un contexte de pénurie de talents. L'organisation de cette table ronde témoigne d'une prise de conscience croissante du secteur face à ces défis démographiques et sociétaux. Comme l'a conclu Renaud Bouet, DRH du Groupe ID Logistics : "La féminisation n'est pas une fin en soi, mais un moyen de construire un secteur plus inclusif, plus innovant et finalement plus performant pour répondre aux défis logistiques de demain."