L'image des USA auprès des Français s'effondre

Un effondrement historique de l'image américaine ! Après les appels au boycott sur les produits américains lancés ces dernières semaines, l'étude Ifop pour NYC.fr montre une chute spectaculaire de la cote de sympathie des États-Unis, qui atteint son niveau le plus bas des 40 dernières années. Seulement 25 % des Français expriment une opinion favorable envers les États-Unis, soit une baisse de 40 points par rapport à 2010. Ce déclin est particulièrement marqué chez les femmes, les personnes de gauche et les catégories socioprofessionnelles supérieures.

L'attractivité américaine en berne

Cette dégradation de l'image se traduit par une baisse significative de l'attractivité des États-Unis comme destination d'études, de travail ou de tourisme. Seuls 22 % des Français envisagent d'y étudier et 20 % d'y travailler, des chiffres en baisse de moitié par rapport à 2010. Le potentiel touristique des États-Unis s'érode également, avec une baisse de 4 points depuis 2022, tandis que d'autres destinations nord-américaines, comme le Canada, gagnent en popularité.

La ville de New-York épargnée ?

Malgré la dégradation globale de l'image des États-Unis, l'attractivité de New-York reste intacte, ou presque, comme si l'image de la "grande pomme" était quelque peu dissociée du reste du pays. En effet, New-York maintient une certaine attractivité : 62 % des Français souhaiteraient y effectuer un court séjour touristique, 28 % y effectuer un séjour d'au moins un an et 16 % envisageraient d'y vivre définitivement. Cette "exception new-yorkaise" tient probablement à la dissociation qui s'opère dans l'imaginaire des Français entre les métropoles progressistes et cosmopolites américaines - comme New-York ou San-Francisco - et l'Amérique profonde perçue comme hostile aux valeurs européennes.

Cette dégradation de l'image de l'Amérique va de pair avec le sentiment croissant d'un fossé entre les valeurs françaises et américaines : seul un quart des Français (26 %) estime aujourd'hui que les deux pays sont "proches" en termes de valeurs, contre près de la moitié il y a une vingtaine d'années (49 % en 2004).

À l'inverse, le sentiment de "déconnexion" avec la société américaine actuelle est aujourd'hui partagé par près des deux tiers des Français (63 %, contre 48 % en 2004), en particulier dans les segments de la population les plus éduqués (71 % des cadres...) et les plus à gauche sur l'échiquier politique (76 % chez les électeurs NFP, 90 % chez les sympathisants écologistes).

Un large soutien au boycott des produits américains

Le mouvement #BoycottUSA bénéficie d'un soutien important dans l'opinion publique française. 62 % des Français approuvent les appels au boycott des entreprises américaines. Ce soutien transcende les clivages politiques traditionnels, avec une adhésion forte à gauche (72 %) mais aussi au centre-droit (65 %).

L'enquête révèle que près d'un Français sur trois (32 %) déclare actuellement boycotter au moins un produit américain. Les secteurs les plus affectés sont ceux où les alternatives sont facilement disponibles :

• Sodas et boissons sucrées (55 % d'intentions de boycott)
• Chaînes de restauration rapide (52 %)
• Automobile (61 %)
• Vêtements et chaussures de sport (52-53 %)

Coca-Cola apparaît comme la marque la plus boycottée (48 %), suivie de près par McDonald's (44 %).

L'empire Musk, cible principale du boycott

Les entreprises d'Elon Musk sont particulièrement visées par ce mouvement. Tesla arrive en tête des marques menacées de boycott (47 %), suivie par X (40 %). Cette situation s'explique par les prises de position controversées du milliardaire et son soutien affiché à Donald Trump.

Contrairement aux mouvements de boycott traditionnels, souvent portés par les jeunes, celui-ci mobilise massivement les seniors et les catégories socioprofessionnelles supérieures. Selon François Kraus, Directeur du Pôle Politique & Actualités de l'Ifop, cette structuration générationnelle et sociale, combinée à l'ampleur du soutien dans l'opinion publique, laisse présager que ce mouvement pourrait avoir des effets durables sur la consommation française.

Les motivations du boycott

Le mouvement #BoycottUSA s'avère multifacette, alliant :

• L'opposition politique à Trump (62 %)
• Le soutien aux entreprises et à l'emploi français (62 %)
• La défense des intérêts économiques européens (56 %)
• La protestation contre les politiques DEI des entreprises américaines (44 %)

Cette diversité des motivations explique en partie la capacité du mouvement à mobiliser des électorats très divers.

Implications pour les entreprises américaines

Face à cette situation, les entreprises américaines doivent repenser leur stratégie sur le marché français. Les secteurs les plus menacés sont ceux où existent des alternatives européennes ou asiatiques crédibles. En revanche, les géants américains des nouvelles technologies semblent moins affectés, probablement en raison de la dépendance des consommateurs à leurs services.

Le mouvement #BoycottUSA représente un défi sans précédent pour les relations économiques franco-américaines. Son ampleur et sa nature transversale en font un phénomène potentiellement durable, capable d'influencer significativement les comportements de consommation en France. Les entreprises américaines devront adapter leur approche du marché français pour faire face à ce nouveau contexte, en tenant compte des préoccupations économiques, politiques et sociétales exprimées par les consommateurs français.