DossierLes 100 sites marchands qui comptent - Classement 2014
3 - [Interview] Voyages-sncf, numéro 1 du Top 100
Yves Tyrode, directeur général de voyages-sncf.com répond aux questions d'E-commerce Magazine. Stratégie "multinet", nouveaux services, développement international, le directeur général de Voyages-sncf.com multiplie les innovations pour gagner des parts de marché.
Quel bilan tirez-vous de l'activité digitale en 2013 ?
En France, l'activité en 2013 a été très positive. Nos résultats sont au-dessus de l'indice Fevad de l'e-tourisme, ce qui, compte tenu de notre taille est très encourageant. Nous sommes satisfaits du succès du canal mobile et de déploiement de notre activité à l'international. Avec 8,5 millions d'applications mobiles téléchargées, notre présence sur le mobile se confirme et ce canal - tablettes et mobiles réunis - pèse aujourd'hui 45 % de notre trafic total. Preuve que nous avons réussi à convaincre les internautes français de la qualité de nos applications mobiles. En France, le contexte économique est compliqué, il nous faut faire preuve d'innovation et d'imagination en permanence. Avec Voyages-sncf.com - qui réalise un volume d'affaires de 288 millions d'euros en Europe -, nous recrutons des clients européens qui prennent le train pour venir en France. Nous disposons d'une autre marque Rail Europe pour opérer notamment en Chine et aux États-Unis. Le dé-ploiement international nous semble absolument vital.
Quelle vision avez-vous du marché de l'e-commerce et de son évolution ?
Je pense que l'e-commerce commence à entrer dans une phase plus mature. D'ailleurs, les croissances à deux chiffres sont plus rares, ce qui est normal. L'e-commerce entre dans une phase de consolidation. C'est pourquoi nous travaillons notre dé-ploiement international. Nous pensons en effet que le développement de l'activité passera par l'exploitation de grosses plateformes. Nous devons ouvrir les yeux afin que cette consolidation ne se fasse pas au détriment des acteurs français. L'innovation technologique, marketing, l'e-paiement exigent des plateformes de tailles importantes pour réaliser des économies d'échelles. "Small is beautifull" ; oui, mais pas seulement ! Nous avons besoin de start-up, et les start-up ont besoin de plateformes sur lesquelles s'agréger. Or il ne faudrait pas que les jeunes pousses françaises n'aient pas d'autres choix que de s'adosser à des plateformes américaines. Le déséquilibre serait trop grand. Très important pour moi, nous avons fait le choix de la "french tech" avec des technologies développées en interne et des serveurs et entrepôts de données hébergés en France.
Quels sont vos grands projets ?
Nous avons trois grands projets stratégiques. Le premier, autour de l'innovation, concerne le mobile, et plus précisément le "multinet" (c'est-à-dire le Web multidevice, adapté à tous les OS) et le big data. Nous pensons que la vision traditionnelle du Web avec seulement des sites html est morte, et qu'il faut passer à une approche multinet prenant en compte les opportunités, mais aussi les contraintes de chaque univers digital. Le big data est également un sujet important, à aborder de manière raisonnée, sans porter atteinte à la protection de la vie privée des internautes. C'est pourquoi nous ouvrons une chaire spécifique, dont nous assurons la présidence, avec Télécom ParisTech. Le deuxième projet consiste à vendre la destination France et à enrichir notre offre en ce sens, en assurant la promotion de circuits en train agrémentés de produits : door to door avec des prestations de taxis, transports en commun notamment et les "Instants V" incluant les prestations de loisirs (spectacle, gastronomie, etc.) Enfin, le troisième axe de projet concerne le développement international, fondamental. Nous voulons devenir la marque préférée des touristes du monde entier qui veulent voyager en train en Europe.