DossierCES 2018 : 3 entrepreneurs racontent leur salon
Temple de l'innovation tech à l'international, le CES s'est tenu du 9 au 12 janvier 2018 à Las Vegas. Parmi plus de 320 start-up et scale-up françaises, ces entrepreneurs ont eu la chance, pour la première fois ou non, d'y participer. Rencontres, moments marquants, galères, succès... Ils racontent.

Sommaire
- Team8 : "La qualité des contacts est hallucinante"
- Prologue : Loi de Murphy
- Épisode I : Le baptême du feu
- Épisode II : La montée en puissance
- Épisode III : De Padawan à Maître Jedi
- Épisode IV : Cours Forrest, cours !
- Épilogue : Vers l'infini et au-delà !
- Energysquare : "Cette année a été beaucoup plus prolifique"
- La préparation, clef d'un CES réussi !
- Deux salons, deux expériences bien différentes
- Icare Technologies : "Un fourmillement d'idées"
- Briser les codes
- Fatigués mais motivés
1 Team8 : "La qualité des contacts est hallucinante"
2 Prologue : Loi de Murphy
De l'avion décalé de 24 heures pour cause de neige à JFK, à une tentative de repos à même le sol dans l'aéroport, en passant par la perte d'une valise, l'arnaque du taxi et le problème de chambre à l'hôtel... rien ne se passe au départ comme prévu ! Seules la prévoyance et les marges de sécurité nous sauvent de la catastrophe...
Le jour de l'installation, nous découvrons les magnifiques stands de la French Tech, sobres, massifs et impactants. Qui nous vaudront même de temps à autre des réflexions impressionnées, et teintées de jalousie, d'autres pays !
3 Épisode I : Le baptême du feu
Forcément, malgré une anticipation, nous nous retrouvons au pied du mur. Uber à 50 dollars (au lieu de 15), une demi heure d'attente... Et quand nous arrivons, nous trouvons une foule immense digne du "Black Friday" attendant l'ouverture. Mais arrivons juste à temps pour les dernières retouches du stand avant l'ouverture au public.
Dès les premiers instants, les pitchs s'enchaînent, tantôt en français, tantôt en anglais. Nous passons allègrement de distributeurs internationaux aux investisseurs, grand comptes, journalistes, en passant par des personnalités politiques comme Valérie Pécresse et Mounir Mahjoubi, auquel je me permets même un petit clin d'oeil, qu'il prend avec beaucoup d'humour !
4 Épisode II : La montée en puissance
Hier ?!? Mais c'était les vacances ! Malgré la grippe d'un "Teammate" nous commençons à être rodés, la mécanique, huilée et efficace. Nous accueillons sur le stand des retailers du monde entier, la mappemonde se remplit à vue d'oeil et je commence à me dire qu'on va avoir un vrai dilemme pour savoir si nous allons nous diriger dans un premier temps aux US ou en Asie, le genre de bon problème à avoir.
Sinon, pour vous dire le niveau des contacts, je discute avec un groupe de quatre personnes de chez Veolia, pas d'intérêt business direct donc l'heure est à la plaisanterie, l'un d'entre eux me tend sa carte en me disant qu'il a quatre enfants/futurs clients pour nous. En rangeant sa carte, je jette un oeil sur sa fonction... CEO, et c'est la qualité de TOUS les contacts qu'on croise au CES !
5 Épisode III : De Padawan à Maître Jedi
Ça y est, on est au top, tout le monde connaît sa place, son pitch, son agenda du jour, on a même mis en place une petite routine quotidienne : le debrief dîner/cartes de visites, où tout le monde me remonte les contacts obtenus dans la journée.
Aujourd'hui encore, beaucoup de nouveaux contacts mais plus qualifiés, plusieurs personnes croisées les jours précédents reviennent avec leur patron ou associé pour une discussion plus en profondeur.
6 Épisode IV : Cours Forrest, cours !
Ce matin, je laisse la team gérer le stand et je pars à l'aventure, objectif ? Faire touuuut le CES en 4h... Je pars du plus loin de notre stand pour tout remonter. Première déception : toute la partie Media est fermée... Heureusement que certains sont passés sur notre stand.
Je me précipite vers la partie centrale, pense pouvoir être plus rapide que Google Map, FAUX ! Après 15 minutes de marche et n'en voyant pas la fin, je saute dans un taxi, je le partage avec un Chinois qui allait dans ma direction, il s'avère qu'il dirige une grande chaîne de cinéma, il adore Team8, pense qu'on doit venir en Chine et me propose de me mettre en contact avec des gens du ministère !
Je commence mon marathon, simplifié car les allées sont à moitié vides, la plupart des contacts partis, mais on me transmet leurs coordonnées, voire on me met directement en contact avec eux. Je continue et accélère, dans la petite voiturette qui m'amène du salon Nord au Sud, je commence à plaisanter avec des gens de Samsung, bien évidemment cherchant des partenaires hardware je les pitche, l'intérêt mutuel est là, donc échanges de carte, ne rien lâcher à aucun moment!
J'arrive à mon stand après 4 heures de course folle, des tas de contacts en poche et on finit la journée à 16h avec toute la team.
#CES2018 Découvrez la montre connectée pour enfants qui surveille leurs santés et en fait des super héros : @Team8_tv. #FrenchTechPavilion ???? pic.twitter.com/2PDC0XtlU0
- Business France (@businessfrance) 12 janvier 2018
7 Épilogue : Vers l'infini et au-delà !
La première chose que je retiens c'est l'état d'esprit de la délégation de Business France, et même des autres exposants. Moi qui pensais être le seul agneau dans une meute de loups, je me suis rendu compte que tous les participants étaient bon esprit, solidaires et smart!
Si je dois résumer le CES, je dirai : nécessaire.
Quand on est prêt à lancer son produit, la qualité des contacts est hallucinante. J'ai fait beaucoup d'events et le ratio est de 10% vraiment utiles, ici la tendance est inversée, 90% de nos contacts sont parfaits pour le développement de Team8 à l'international.
L'auteur / La start-up
Stéphane Daucourt dirige la start-up Team8, qui a mis au point une montre connectée pour les enfants. Le principe ? Réconcilier le jeu et l'activité sportive tout en luttant contre les problèmes de poids des 5-12 ans. Grâce à la montre, les enfants peuvent en effet s'amuser avec des super héros, qui se ressourcent en énergie à condition qu'eux se dépensent. Le produit dispose aussi d'autres fonctionnalités pour améliorer la santé des utilisateurs, comme des alertes allergie ou une aide à la prise de médicaments, ainsi que pour rassurer les parents, comme la géolocalisation.
La start-up peaufine actuellement le lancement de sa montre - présentée au CES, où elle partait pour la première fois, accompagnée par Business France. Une campagne de prévente est prévue sur la plateforme de crowdfunding Indiegogo autour du mois de février 2018, avant une commercialisation espérée en septembre 2018. L'entreprise vise à la fois la France et l'international. Elle envisageait fin 2017 de boucler une levée de fonds pour se développer. Créée en novembre 2015, basée près de Paris, Team8 compte aujourd'hui six personnes.
Avec sa montre connectée pour enfants, Stéphane Daucourt, dirigeant de Team8, est parti à Las Vegas en vue notamment de préparer son développement à l'international. Après un début quelque peu bousculé -la magie des transports...- le salon lui offre opportunités et contacts inespérés.
8 Energysquare : "Cette année a été beaucoup plus prolifique"
Pour la seconde année consécutive, Daniel, Matthieu et moi nous sommes rendus à Las Vegas pour y présenter les dernières innovations de notre startup (Energysquare) lors du Consumer Electronic Show - CES 2018.
La question d'une deuxième participation a été au coeur de nos discussions une bonne partie du mois de septembre 2017. Cela vaut-il vraiment le coup, pour une très jeune entreprise, de dépenser 10 000 euros (stand, vols, hôtel etc.) et d'arrêter ses opérations une semaine pour envoyer toute son équipe sur un salon ? Le CES est-il réellement l'incontournable " messe de l'électronique " décrite par les influenceurs de la tech, ou les startups françaises sont-elles victimes d'un effet de mode ?
Nous avons pesé très objectivement le pour et le contre, et avons finalement décidé de rééditer l'aventure pour deux raisons :
- Nos principales cibles sont les fabricants d'appareils électroniques, qui sont tous sur place pendant quatre jours, en recherche d'innovations à intégrer à leurs futurs produits. C'est donc l'endroit parfait pour se faire repérer et engager des premières discussions.
- Nous étions sur le point de lancer un nouveau produit, et avions besoin de le confronter à nos potentiels futurs clients. Dans notre activité, nous avons finalement peu d'occasions de sortir la tête de l'eau pour prendre du recul sur nos choix stratégiques. Quoi de mieux qu'un salon ultra cosmopolite au public expert pour valider l'adéquation d'un nouveau produit à son marché ?
9 La préparation, clef d'un CES réussi !
C'est la principale leçon que nous avons retenue de l'an dernier : tout se joue avant le salon, qui n'est que l'aboutissement d'une démarche murie bien plus en amont. Nous avons donc passé plus d'un mois à préparer cet événement : discours commercial, cibles prioritaires et façon de les aborder, mise en scène du stand, prototypes fonctionnels... Pour un résultat bien plus professionnel que l'an dernier !
Cette préparation mieux travaillée s'est ressentie concrètement durant notre salon : nous pouvions enfin répondre aux personnes nous demandant les quantités de produit disponibles, le prix, le temps de livraison, les conditions de vente etc... Nous avons ainsi été pris bien plus au sérieux par nos interlocuteurs, et avons eu des contacts de meilleure qualité.
Petit conseil donc aux startups hésitant à participer : ce salon n'est profitable que si l'entreprise a un but précis (couverture médiatique, contact revendeurs, partenariat industriel ou autre) et une stratégie rodée pour y parvenir !
10 Deux salons, deux expériences bien différentes
Nous avions un grand regret à l'issue de notre première participation : notre produit n'était pas prêt à la commercialisation, et malgré le grand nombre de contacts de qualité sur place, nous n'avions pas pu donner suite pour beaucoup d'entre eux, étant encore concentrés sur l'industrialisation. Cela nous avait laissés sur une note assez amère, et la sensation d'avoir finalement perdu du temps et des moyens.
Cette année a donc été beaucoup plus prolifique : nous avions un produit et une technologie prête à la commercialisation, et une stratégie beaucoup mieux rodée. Nous y avons fait des rencontres qui pourront faire changer notre entreprise de dimension, et en aurons bien pour un an avant d'avoir épuisé la réserve de prospects rencontrés sur place !
Après avoir discuté avec d'autres entreprises présentes sur place, nous avons eu l'impression que l'édition 2018 a été moins fréquentée que l'édition 2017 (qui marquait les 50 ans du salon), mais avec des contacts d'une qualité bien supérieure.
Nous y avons toujours croisé autant de français (quasi une personne sur deux à venir sur notre stand). La délégation française a d'ailleurs été au coude à coude avec celle américaine sur l'Eureka Park (espace réservé aux startups) en termes de startups exposant, très loin devant les autres pays ! [Avec 320 start-up et scale-up, la France constituait la deuxième délégation mondiale derrière les États-Unis, qui ont amené au salon 280 jeunes pousses, ndlr] La French Tech a été saluée par tous pour la puissance de sa stratégie de communication et de rassemblement.
Nous repartons donc satisfaits mais exténués, après quatre jours passés à répéter avec conviction le même discours toutes les minutes !
L'auteur/ La start-up
Timothée Le Quesne est président cofondateur d'Energysquare. Créée en 2015, incubée à Paris&Co, cette start-up est spécialisée dans les chargeurs sans fil pour smartphones et tablettes. Son produit phare se présente sous la forme d'une plaque, sur laquelle il suffit de poser son appareil électronique préalablement équipé d'une languette adhésive pour le recharger.
Après une phase de développement de l'entreprise marquée notamment par une campagne de crowdfunding sur Kickstarter en juin 2016, ayant permis de lever plus de 95 000 euros, le produit est en passe d'être commercialisé. La start-up propose également un chargeur d'ordinateur intégrable dans les meubles et un standard d'intégration directement dans les appareils électroniques.
Energysquare a réalisé 100 000 euros de chiffres d'affaires en 2017. Elle compte quatre personnes dont, outre son président, Daniel Lollo, CTO et Matthieu Poidatz, designer. Son effectif pourrait être porté à dix à fin 2018.
Start-up spécialisée dans les chargeurs sans fil, Energysquare participait pour la deuxième fois au CES. Pourquoi y retourner ? Quelles différences entre les deux participations ? Quelles sont les clés du succès ? Son président Timothée Le Quesne, qui n'a pas lésiné sur la préparation, témoigne.
11 Icare Technologies : "Un fourmillement d'idées"
Las Vegas. Sin City. Ville d'opulence concentrant tous les vices. Là où les hôtels les plus luxueux côtoient les bidonvilles. Et pourtant, ici se joue également le plus grand salon d'innovation au monde. Une opposition spectaculaire entre les spectacles " son et lumière " des grands groupes et les startups les plus prometteuses du moment, débordantes d'ambition et prêtes à tout pour démontrer que leur produit est the one you will ever need...
Notre périple commence par un avion pour New York annulé à cause de mauvaises conditions météo sur le nord-est des États-Unis. Après plusieurs péripéties, je me retrouve le seul présent à temps pour l'installation du stand et l'ouverture du salon. L'équipe ne sera au complet que le soir suivant.
Pour notre deuxième participation consécutive, nous sommes venus en force, et ce n'est pas moins de huit personnes qui composent l'équipe pour l'édition 2018. Et nous avons également l'immense honneur d'être accompagnés par Eva Colas, Miss Corse 2017 et 1ère Dauphine de Miss France 2018, égérie d'Icare Technologies et convaincue de l'espoir entrepreneurial de la marque.
12 Briser les codes
Comme l'année précédente, c'est un flot ininterrompu d'investisseurs, de partenaires potentiels, d'industriels et de curieux qui défilent dans les allées. Je demeure encore une fois subjugué par ce fourmillement d'idées, de créativité et de surprises. Chacun apporte sa touche et fait briller ce salon. Au milieu de cet enchevêtrement de stands se trouve une richesse sans pareille. Cette émulsion d'idées est le coeur de l'économie de demain, inspire les grands groupes par sa fraîcheur et brise les codes pour réellement révolutionner le monde.
J'ai particulièrement apprécié le fauteuil permettant de " ressentir " le son, sinon les stars incontestées sont sans surprise les casques à réalité augmentée, pour lesquels les exposants rivalisent d'imagination.
Jérémy Neyrou, cofondateur d'Icare Technologies, accueille les médias et les autres visiteurs sur son stand au CES 2018.
Les visites sur le stand d'Icare Technologies s'enchaînent. Le fait d'avoir une grosse équipe nous permet d'ouvrir un second présentoir auprès de notre partenaire Qwant, moteur de recherche européen, et garant de la gestion éthique de nos données. Nous touchons ainsi les délégations gouvernementales, renforçons nos partenaires et dénichons de nouveaux contacts. Le summum étant, à mes yeux, la venue de représentants d'American Express, de Renault et de Total sur le stand, qui sont repartis les poches remplies de goodies Icare Technologies et avec un prochain rendez-vous sur Paris dans leur agenda, afin de concrétiser nos discussions sur un éventuel partenariat.
On notera également la visite surprise d'un concurrent américain, qui devant notre enthousiasme, s'empressera de nous proposer un partenariat pour le marché US.
L'équipe de choc sur le stand @Qwant_FR en direct du @CES avec @QwantMusic et les startups corses @nubeus @appebike_corse @polytopes Forza ! #startups #ces2018 #corsica #FrenchIoT #represent pic.twitter.com/gHXenygkoY
- ICARE Technologies (@icaretechcom) 11 janvier 2018
13 Fatigués mais motivés
Tout se passe à une vitesse incroyable. Les langues deviennent lourdes à force de répéter un discours plusieurs centaines de fois. Les muscles sont endoloris à force de rester debout toute la journée. La fatigue se fait ressentir suite au décalage horaire. Mais demeurent dans les yeux des startupers une lueur farouche et une motivation intacte pour sauter sur LE visiteur, qui pourra faire basculer l'avenir de la société. Et les contacts se font nombreux, sur le salon, comme sur les soirées organisées par les différents groupes, où le party networking fait des merveilles. Sin City est décidément une ville de rencontres.
Le bilan du salon est, comme l'année dernière, très positif, et plein d'espoir pour la suite de l'aventure. Suite à notre retour en France, nous nous efforcerons de transformer tous ces contacts en partenariats commerciaux, pour effectivement conquérir le monde. Dream Big, comme disait l'autre.
Visuel d'ouverture du dossier (c) Icare Technologies
L'auteur / La start-up
Fabien Raiola est le directeur commercial et cofondateur avec Jérémie Neyrou de Icare Technologies, une start-up née en Corse en 2016, spécialisée dans l'IoT. L'entreprise a développé une bague intelligente dédiée au paiement mobile et à d'autres usages, comme ouvrir une voiture. L'ambition est de remplacer l'intégralité du portefeuille et du porte-clés des utilisateurs grâce à son produit équipé de systèmes brevetés.
Son modèle économique principal est B to B, avec des clients dans l'univers bancaire. Sélectionnée par Le Village by CA, elle est partie au CES dans l'objectif de trouver des investisseurs et de rencontrer la presse européenne afin d'accroître sa médiatisation. Elle a levé 2,5 millions d'euros en juin 2017 pour se développer.
La start-up corse Icare Technologies développe une bague intelligente pour le paiement mobile notamment. Son cofondateur Fabien Raiola raconte son ressenti et ses découvertes, entre fascination pour des technologies qui changeront le monde et efficacité pour développer son carnet d'adresses.
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