Quels sont les nouveaux métiers de la supply chain ?
Devenue stratégique à plus d'un titre, la supply chain contribue directement à la performance des entreprises. Très demandés, les métiers du secteur se complexifient et nécessitent des formations adéquates. Le point sur les tendances.
Je m'abonneLes chiffres parlent d'eux-mêmes ! Cinquième recruteur de France avec un chiffre d'affaires estimé à 200 millions d'euros, le secteur de la logistique représente en France près de 10 % du PIB national, tout en comptabilisant 1,8 million d'emplois (source Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires). Un secteur devenu un maillon essentiel de notre circuit marchand et un organe vital pour le fonctionnement de notre société et des territoires, mais qui est aussi au coeur de la transformation des entreprises.
« Portées par l'innovation, la digitalisation et la nécessité d'une conduite orientée client, les organisations d'aujourd'hui se doivent d'être résilientes, agiles et tournées vers l'économie circulaire » , commente Xavier Derycke, animateur du LAB Richesses Humaines de France Supply Chain. Des enjeux immenses et des défis permanents qui façonnent de nouveaux métiers.
L'analyste supply chain en tête
Sous l'impulsion de la transformation numérique de notre société, de l'importance grandissante de la digitalisation des processus et sans oublier l'emprise du e-commerce, les métiers d'hier ne sont plus ceux d'aujourd'hui. « La logistique/supply chain n'est pas épargnée et de nouveaux besoins en termes de profils collaborateurs se font sentir », souligne Doriane Listrat, Manager Executiv chez Fed Supply. À commencer par tous les postes d'analyste supply chain : prévisionnistes, data analysts et autres supply planners sont très demandés. Précieux, ces profils ont pour mission la gestion, le contrôle, le traitement et l'analyse des données, articles et clients.
Leurs recommandations servent de base au pilotage des activités et contribuent à l'amélioration de process de qualité (optimisation notamment de l'approvisionnement, de la manutention, de la distribution et des livraisons). « Garants d'une meilleure gestion des coûts, ces analysts data ou business analysts deviennent incontournables. Il faut pour ces postes être force de proposition afin d'optimiser les outils et les processus », explique Frédérique Le Jariel, directrice du développement RH de Kuehne + Nagel.
La palme de la transversalité
En étant "transverse" dans sa couverture fonctionnelle, le chef de projet supply chain agit quant à lui sur les processus amont et aval de la chaîne logistique de l'entreprise. Entre les audits et l'identification des enjeux, il lance les optimisations tout en pilotant des projets de mise en oeuvre de la stratégie supply chain.
« Un poste qui réclame également une capacité d'homogénéisation des processus logistiques, ainsi que le dimensionnement des flux en prenant en compte les zones de stockage et l'optimisation des schémas de distribution/approvisionnement et des achats. Bien sûr, ses objectifs sont d'obtenir à la fois des gains de performance, la qualité de service et la rentabilité de l'entreprise », remarque Frédérique Le Jariel.
Quand supply chain rime avec administration des ventes
Autres métiers très en vogue ces dernières années et qui vont continuer à être sollicités, ceux autour de l'administration des ventes (ADV). Face à la croissance de l'e-commerce et après la crise du Covid, les métiers liés à l'ADV apportent de la traçabilité vis-à-vis du client tout au long du cycle de vente du produit.
« Que ce soit en e-commerce, ou dans le milieu industriel, ces métiers sont en tensions maximales ponctués par des "batailles" sur le marché du recrutement », remarque Doriane Listrat. Signe qui ne trompe pas sur la demande, l'augmentation sensible des salaires en raison de la rareté des postes. D'une rémunération autour de 32K annuels, ils sont passés à plus de 35K.
Le défi causé par la pénurie de main-d'oeuvre
Aussi intéressants et variés soient-ils, les métiers de la supply chain souffrent d'un important déficit de candidats... au regard du nombre de postes vacants à saisir. Près de 22 000 selon le gouvernement français !
Mauvaise image, horaires décalés, pénibilité, manque de notoriété... les facteurs de ce désamour sont nombreux. Pourtant, les acteurs redoublent d'effort pour attirer les candidats et les mentalités évoluent, comme le mentionne Xavier Derycke : « Peu à peu, les grands dirigeants français se sensibilisent aux métiers de la supply chain et aux différents leviers stratégiques et tactiques, ils pourraient tirer profit de ce secteur ».
Finalement, l'espoir est permis. Grâce à la notoriété croissante et les efforts notamment consentis sur des politiques RSE, la tendance pourrait très vite s'inverser en faveur de la supply chain.
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