Covid-19 : un séisme pour les supply chain
D'innombrables entreprises découvrent actuellement de la pire des manières l'importance de maîtriser les risques liés à la chaîne d'approvisionnement. Les effets de la crise sanitaire sont ravageurs. Pour autant, même à court terme, des solutions existent pour sortir la tête de l'eau.
Je m'abonneLa Chine représentait 8 % de la production mondiale lors de la crise du SRAS en 2003. En 2019, ce taux était de 20 % ! On comprend dès lors pourquoi aucun continent n'échappe à des conséquences tragiques lorsque survient un arrêt brutal de l'économie du géant asiatique. Début mars, alors que la pandémie du Covid-19 était encore naissante, 80 % du PIB chinois avait cessé de fonctionner, occasionnant des répercussions dramatiques sur les chaînes d'approvisionnement de millions d'entreprises. Un constat qui souligne un fort degré d'interdépendance dans tous les secteurs, la difficulté de maîtriser les risques supply chain, et l'extrême fragilité du modèle économique dans lequel ils s'inscrivent.
A la mi-mars, les impacts concrets devenaient cauchemardesques dans la quasi-totalité des secteurs d'activité : Michelin, PSA, Renault ou encore FCA (Fiat Chrysler Automobiles) arrêtent le fonctionnement de leurs usines. Apple affiche une chute vertigineuse de ses ventes. L'Association internationale du transport aérien (IATA) estimait que le coût pour les compagnies aériennes devrait dépasser les 100 milliards d'euros. Les pertes se comptaient également déjà en milliards d'euros dans le luxe...
Pour Laurent Giordani, associé au sein du cabinet de conseil Kyu, spécialisé dans la gestion des risques supply chain, " la problématique se caractérise par un double problème : la chaîne d'approvisionnements est souvent tellement complexe, avec une multitude de sous-traitants en cascade, que le choc sur l'offre remet en cause l'intégralité de l'activité. Parallèlement, presque tous les secteurs sont confrontés à une impossibilité de prévoir la demande à court ou moyen terme. " Seuls quelques domaines spécifiques comme la production pharmaceutique conserve une vision à peu près satisfaisante de la demande à assumer. La construction aéronautique tire également son épingle du jeu en raison d'un fonctionnement sur une échelle de temps très longue.
" Les modèles de prévision volent littéralement en éclat car aucun historique n'existe pour une situation comparable. L'introduction de solutions d'intelligence artificielle à l'avenir va rapidement intéresser un grand nombre d'acteurs. Mais pour l'instant, rien n'est véritablement au point sur ce plan ", indique Laurent Giordani.
Préserver ses approvisionnements
Dans un récent document intitulé " la Supply Chain face au Covid-19 ", le cabinet Kyu revient sur les actions à envisager pour rebondir. Quelques axes déterminants permettent de réorienter à court terme les conséquences qui dégradent ou empêchent l'activité. Identifier les impacts et quelques scénarios d'évolution de la crise (propagation de l'impact industriel, report de la demande...) permet de prioriser les noeuds critiques et de ne pas se concentrer sur des produits dont la demande est amenée à chuter. Cette démarche doit également intégrer les plans relatifs aux nouveaux produits, qui peuvent constituer un noeud critique à fort impact. Si le lancement d'un véhicule peut être retardé, ce n'est pas le cas pour les nouveautés du prêt-à-porter.
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Il s'agit aussi de reconstituer rapidement une vision robuste des impacts affectant la chaîne d'approvisionnement. Certains fournisseurs de rang 3 s'avèrent parfois déterminants. C'est l'exemple des composants de câblage électronique qui ont contraint Hyundai à l'arrêt de son plus gros site d'assemblage.
Sécuriser les approvisionnements en trouvant des alternatives forme un autre point concret à envisager dans les délais les plus courts. Selon le secteur concerné, un donneur d'ordre peut avoir la possibilité de trouver une source alternative dans un bassin épargné avec laquelle il est possible de relancer une industrialisation.