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Publié par Martine Fuxa le | Mis à jour le

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Un mot des résultats de Criteo à date et des défis auxquels vous allez être confrontés ?

L'année 2018 est une année de transition durant laquelle nous mettons en place ce nouveau modèle. Nous avons revu en profondeur notre plateforme technologique pour qu'elle soit plus robuste. Avec l'idée que l'on veut accélérer dans les prochaines années dans le déploiement de cette offre. Criteo compte 30 bureaux dans le monde sur tous les continents. Notre plus gros marché, de loin, est les États-Unis, le deuxième étant le Japon. L'Europe est la deuxième zone d'activité après la zone Amérique. Cela signifie que Criteo est véritablement une entreprise globale. Nous sommes près de 3 000 dans le monde dont un tiers des effectifs en France. L'essentiel de notre recherche et développement est réalisé en France. Quant à la France, elle représente quelques pourcents du chiffre d'affaires global. En revanche en termes d'effectif, nous restons une entreprise française et fière de l'être.

A ce sujet, vous venez d'annoncer le lancement du Criteo AI Lab. Quel est l'objectif de travail de ce laboratoire ?

Nous gérons des masses de données considérables. Nous suivons aujourd'hui près de 1,4 milliard d'internautes dans le monde, ce qui est colossal. Il y a encore beaucoup d'améliorations à apporter aux publicités pour qu'elles soient perçues comme de l'information à valeur ajoutée. L'idée est que, dans un nombre croissant de cas, la publicité soit perçue comme pertinente. Qu'elle permette aux consommateurs de découvrir de nouveaux produits. Ce que va permettre l'IA c'est d'être plus pertinent dans les produits poussés aux internautes et développer la confiance dans l'intérêt des publicités. Nous recrutons des chercheurs très pointus et nous allons partager le résultat de nos recherches de manière collaborative. C'est un signe fort de notre participation à l'écosystème et nous avons de très bonnes relations avec le monde universitaire. Nous parvenons à faire venir à Paris des scientifiques du monde entier, ce qui est assez nouveau. L'image de Paris est en train de changer depuis un an, des américains de la Silicon Valley nous rejoignent même à Paris !

Entrepreneur du digital de la première heure, quelle est votre vision des grandes évolutions à venir...

La dimension multicanale est absolument fondamentale pour les e-commerçants. Les consommateurs interagissent en multicanal et il faut être capable de poursuivre la conversation sur le multicanal, en point de vente puis sur un smartphone, une tablette... Le user graph, c'est-à-dire la compréhension que l'on a affaire à la même personne sur un téléphone et sur un ordinateur par exemple, est une donnée clé pour pouvoir délivrer un service personnalisé et répondant aux attentes. Les consommateurs s'attendent à avoir sur tout leur parcours client la même qualité de service. Cette consolidation entre le on line et le off line est une autre grosse tendance. Le consommateur zappe en permanence entre les deux univers. Les marques doivent aussi être capables de donner cette vision multicanale. Enfin, du côté publicitaire, on assiste à une sophistication des modèles d'attribution des investissements marketing. Il faut avoir les outils et l'intelligence pour comprendre, si vous avez investi un euro, combien il va vous rapporter.

L'exploitation des datas est au coeur de votre activité. 1,4 milliard d'internautes sont suivis par Criteo, quel impact a une règlementation comme le RGPD sur votre modèle ?

Cela fait très longtemps que nous poussons chez Criteo l'idée que la publicité doit être transparente pour l'utilisateur. C'est comme cela que l'on crée la confiance. Dès 2009, nous étions la première société à joindre à toutes les bannières un lien pour informer sur les données collectées. Aujourd'hui c'est devenu un standard du marché à la fois en Europe et aux États-Unis. De ce fait, nous avons été très en avance de phase sur le RGPD. Les clients sont en train de le mettre en oeuvre et nous avons un rôle de conseil sur ces sujets pour trouver un bon équilibre concernant la manière de recueillir le consentement sans trop dégrader la navigation. Nous travaillons sur ce domaine main dans la main avec la CNIL et l'on essaye d'évangéliser le marché sur la bonne manière, concrète, de mettre en oeuvre le recueillement du consentement de l'utilisateur, en particulier pour le marketing et la publicité.

Criteo est la seconde entreprise française, après Business Objects, à s'être introduite en Bourse au Nasdaq en 2013. Avec le recul, qu'est-ce que cette introduction a représenté en termes d'avantages et d'inconvénients ?

Le gain le plus important a été de nous apporter une crédibilité sur le marché américain. Sans cette introduction, le marché américain ne serait pas une telle locomotive pour Criteo. Cela a donné un signal très fort de notre engagement à long terme sur ce marché pour lequel nous devenions un acteur local. Cela a donc été un accélérateur très fort de notre développement commercial. Cette introduction nous a permis également d'attirer des talents. Quand vous êtes coté en bourse, vous avez des outils financiers pour attirer et fidéliser les talents. Chaque année nous distribuons une part significative de notre capital, à hauteur de 5 %, qui est distribuée aux employés. En Europe, ces pratiques ne sont pas encore habituelles du tout. Or la force d'une entreprise, ce sont ses talents. Il s'agit donc pour nous d'un outil de management extrêmement intéressant. Le fait d'être coté vous oblige de plus à une certaine discipline en termes de reporting. Il ne faut pas être obsédé par son cours de bourse au jour le jour et continuer de piloter l'entreprise avec de bonnes décisions pour le long terme.

Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?

Nous avons eu une longue phase d'incubation pour Criteo. Nous avons mis trois ans avant de trouver le bon modèle économique et la bonne manière d'aller au marché. Nous avions une technologie qui nous paraissait très puissante, mais nous ne savions pas comment lui faire rencontrer son marché. Notre tout premier client historique était AlloCiné et nous faisions alors de la recommandation de films en fonction du profil des internautes. L'entreprise a failli mourir avant que nous ne trouvions enfin l'application de notre technologie au marché de la publicité. Cela a été le déclic et a marqué le début d'une période de croissance folle et extraordinaire.

Et le pire ?

Nous avons raté de nombreux modèles pendant cette phase d'incubation. Ce que cela m'a enseigné, c'est que quand on rate, il faut rater vite et ne pas s'obstiner dans l'erreur. C'est parfois difficile parce que c'est dur de reconnaître que l'on est dans l'impasse, et plus on attend plus c'est dur. L'important est d'avoir une culture ou ce sont les faits qui comptent et qui vous guident... en tant qu'entrepreneur du digital, quels sont selon vous les modèles porteurs ou les start-up à suivre dans l'é Cosystème ? Évidemment tout n'a pas été inventé. Il y a de très nombreux nouveaux modèles en train d'éclore. Il y a une maturité et une ambition des entrepreneurs en France que nous n'avions probablement pas il y a 10 ans. Je crois beaucoup à cette dynamique d'émulation ou le succès attire le succès !


Parcours :

Depuis avril 2018 : Retour aux commandes de Criteo comme CEO

2017-2018: Fondateur et CEO de Less

Septembre 2005 à décembre 2015 : Fondateur et CEO de Criteo

2015: Jean-Baptiste Rudelle publie un livre autobiographique racontant son parcours d'entrepreneur : " On m'avait dit que c'était impossible ".

Sept 1999-mai 2004 : Fondateur et CEO de K-mobile puis de Kiwee


 
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Martine Fuxa

Martine Fuxa

Rédactrice en chef

Passionnée, entre autres, par les nouvelles technologies et l'écosystème Internet, les voyages, je suis directrice de la rédaction de [...]...

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