[Spécial PACA] La région PACA passe en mode start-up
Des fabriques à start-up
Les start-up peuvent compter sur les incubateurs et accélérateurs, qui ne cessent de se développer. Aix-Marseille compte pas moins de neuf structures publiques ou privées chargées de soutenir le développement de start-up. Jaguar Network va ouvrir un centre de ressources pour accueillir des start-up très technologiques et à fort potentiel... En 2015, l'accélérateur Allianz a accueilli à Nice sa première promotion de start-up dans les domaines big data, des objets connectés et du stade connecté. Le Crédit Agricole installera en 2017 un "Village by CA", dans un bâtiment de la CCI Nice Côte d'Azur. En 2016, la chambre de commerce et d'industrie a fait évoluer sa stratégie d'accompagnement des entreprises. Un poste a été créé pour s'occuper des start-up et des nouveaux business models, qui incluent notamment le numérique et l'économie circulaire.
Employabilité & mobilité : une recette gagnante
Cette grande variété d'entreprises renforce l'employabilité des collaborateurs et leur mobilité professionnelle. " Quelqu'un peut travailler deux à trois ans dans une start-up puis repartir dans une grosse unité, avant de revenir dans une start-up... Un pôle qui se développe attire de nouveaux talents. Il offre aussi plus de souplesse et de potentiel pour les salariés, y compris pour retrouver du travail quand une entreprise doit licencier ", pointe Éric Leandri, cofondateur de Qwant.
En quelques années, l'attractivité de PACA pour les créateurs d'entreprise s'est considérablement renforcée. Les projets sont plus facilement identifiés et l'accès aux acteurs décisifs souvent plus rapide qu'en Île-de-France. Des entrepreneurs locaux qui avaient lancé leur entreprise à Paris font parfois le chemin inverse à l'occasion d'une nouvelle création d'entreprise.
L'esprit "Silicon Valley" imprègne la région.
Cela a été le cas d'Olivier Ricard avec Full Performance, mais aussi de Charles Martin-Laval. Après avoir lancé l'agence de webmarketing AdsOnWall en 2008, à Paris, il a fondé l'an dernier à Marseille Kamp'n, une start-up qui gère les campagnes AdWords et Facebook Ads : " Aujourd'hui, il y a de gros avantages à être dans le Sud. J'ai trouvé dans la région des salariés compétents. La chambre de commerce et Provence Promotion m'ont aidé à trouver des financements, avec une attention que je n'aurais jamais eue à Paris. Ce retour était à la fois une volonté personnelle et une opportunité business ", explique-t-il.
Les entreprises de la région animent aussi l'écosystème de jeunes entreprises. Allo Pneus pratique la fertilisation croisée, comme cela a été le cas avec Allo Vitres, et abrite dans sa pépinière d'entreprises plusieurs start-up souvent liées au réseau personnel ou professionnel de son patron, Didier Blaise. C'est notamment le cas de Flooz, réseau social de paiement lancé en 2014 par Yannick Borgomano, ancien responsable informatique du groupe, et la franchise française de la marque de cosmétique américaine eyes lip face (e.l.f.). Peu à peu, l'esprit "Silicon Valley" imprègne la région.
" Il n'y a pas encore la vitalité que l'on trouve dans la Silicon Valley mais au fur et à mesure que l'on recrute des gens de plus en plus qualifiés, on acquiert une richesse et une créativité que l'on n'avait pas vraiment vues jusqu'à présent sur le bassin d'Aix-Marseille ", note Marc Schillaci, qui s'est installé dans les quartiers Nord de Marseille après de nombreuses années à Paris puis en Californie. Nice Start(s) Up assume et défend cette notion de "business en short au soleil" dans une région riche et diversifiée. " On fait du lobbying pour le territoire. Les différents acteurs s'entraident, échangent les bonnes pratiques, testent les choses que l'on peut monter ensemble ou exporter. Les gros apportent aux plus petits et vice versa, détaille Nathalie Orvoën. Nous voulons jeter des passerelles vers des chefs d'entreprise niçois de Paris et du monde entier pour créer de nouveaux business. En 2017, nous aurons bien avancé sur le sujet. "
Des défis à relever
Les écoles travaillent à faire émerger de nouveaux talents dans l'informatique et le développement.
Pour Grégory Beyrouti, la présence d'incubateurs en centre-ville et non en périphérie de la métropole serait " un vrai plus " et inciterait précisément des Niçois partis travailler sur Paris à venir développer leur start-up dans l'agglomération.
Comme toutes les zones qui comptent de nombreuses start-up, la région souffre d'une pénurie chronique d'informaticiens de haut niveau et de développeurs. Les écoles travaillent à faire émerger de nouveaux talents : sur Aix-Marseille, Le Wagon et l'école Simplon ont monté des formations courtes de développeur, les deux pôles Epitech forment des profils experts à bac+5... Le Club Informatique Provence Méditerranée, qui réunit des DSI et différents partenaires, contribue à animer la dynamique et les synergies en faveur de la transformation numérique. " Toute la région a conscience de la nécessité de développer et de retenir les compétences pour continuer à faire grossir son pôle digital, relate Laurent Rué, DSI d'Allo Pneus. En attendant de pourvoir aux besoins, nous devons recruter en dehors de la région ou externaliser des projets en développement tout en nous assurant du maintien de la qualité de service. "
La région doit aussi faire venir beaucoup plus d'investisseurs et de financiers. " En Bretagne ou à Lille, des industriels de la région ou des entrepreneurs qui ont fait fortune ailleurs mettent de l'argent sur la table pour financer des projets naissants ou en développement. Certaines French Techs ont déjà ce type de financements. À Nice, c'est plus long à venir... ", regrette Éric Leandri.
Malgré le chemin parcouru, PACA doit encore développer son attractivité auprès des talents et des financiers extérieurs. Des événements comme Shake your e-commerce, organisés depuis trois ans par Hervé Bourdon, contribuent à développer l'attractivité de la région et le partage d'expérience. " De nombreuses actions sont organisées dans le cadre des French Tech Weeks, mais depuis le départ du World Mobile Congress de Cannes à Barcelone, en 2006, la région n'abrite plus aucun salon mondial lié au numérique ", constate-t-il. Un grand événement offrirait pourtant une véritable caisse de résonance au nouveau visage que veut se donner la région. Si le Consumer Electronics Show de Las Vegas devait créer une édition Méditerranée, nul doute que PACA aurait de sérieux atouts à mettre en avant !
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