Les profils web qui surfent (le mieux) sur la vague
Ils sont à la croisée des chemins entre le marketing et la technologie, le commerce et les mathématiques. Leur ambition? Booster les performances des sites, enrichir les expériences clients et en récolter les fruits! Les nouveaux talents du Web sont assis sur une mine d'or: la data. Tendances.
Je m'abonneIls sont data scientist, trafic manager, mobile marketeur, consultant en SEO... Dans le secteur du digital, ils occupent des fonctions innovantes. Au niveau de l'emploi, pour eux, tous les feux sont au vert. Avec une prime pour les métiers directement liés à la data, l'or noir du 21e siècle dans son ensemble... et du commerce cross canal en particulier! Pour beaucoup, le succès dépend de la capacité à s' adapter car ces métiers évoluent à vitesse grand V.
Thomas Lefebvre, 27 ans, data scientist chez MeilleursAgents.com, explique: "J'ai préparé un master de Mathématiques appliquées à la modélisation et je suis en doctorat en Finance à l'université Paris Dauphine. J'ai été recruté comme chercheur en 2010 par Meilleursagents.com, le portail d'agences immobilières et d'information sur les prix des biens créé en 2008, qui emploie aujourd'hui 120 salariés, dont 15 % en R & D. Depuis un an, j'occupe la fonction de R & D Manager". Son métier? Créer des modélisations économétriques appliquées au marché de l'immobilier (carte des prix, outils d'estimations, analyse de l'offre et de la demande, etc.).
"Depuis deux ans, les métiers de la data montent en puissance." Mathieu Deboeuf Rouchon
Une fonction qui évolue en permanence, à l'image de l'ensemble des métiers du Web. Au sein de l'Institut de l'Internet et du multimédia (IIM) groupe Léonard de Vinci, Matthieu Deboeuf Rouchon, directeur du département e-business et e-marketing, avoue refondre 60 % des programmes chaque année et partir en quête de nouveaux formateurs. "Nos intervenants occupent tous des postes en entreprise sur les métiers qu'ils enseignent. Cela leur permet de transmettre et partager des compétences qui évoluent très rapidement", confie-t-il. L' objectif de l'école est de coller au marché afin que ses étudiants conservent 100% d'employabilité à leur sortie.
Des rémunérations inégales au départ
Au niveau des salaires, parmi les talents du Web, les moins rémunérés démarrent à 35 k€ environ (responsable d'optimisation ou consultant SEO) et les plus convoités aux alentours de 55 k€ (data scientist). Selon le cabinet Robert Half, qui a publié son étude de rémunérations 2015, on trouve en bas de l' échelle les salaires fixes bruts des e-merchandisers ou des web designers, qui plafonnent à 36 k€. Au milieu, les traffic managers, dont les salaires oscillent entre 30 k€ et 45 k€ et les managers SEO dont le salaire varie de 35 k€ à 45 k€ pour les débutants et de 45 k€ à 58 k€ pour les plus expérimentés (plus de trois ans). Fort recherchés - il semble que les entreprises se les disputent -, les data scientists perçoivent des rémunérations de l'ordre de 35 k€ à 45 k€ pour les débutants et de 45 k€ à 65 k€ à partir de trois ans d'expérience.
Également dans le peloton de tête, figurent les responsables social media (45 k€ à 65 k€) et les responsables de brand content (40 k€ à 60 k€) de plus de trois ans d'expérience. Les niveaux de rémunération présentés dans cette étude correspondent à ceux que les talents du Web ont bien voulu nous dévoiler en off. Pour le cabinet Robert Half, deux fonctions sortent du lot : le chief data officer (CDO) et le responsable connaissance clients. Le premier parce qu'il encadre les pros de la data (data scientist, statisticiens, experts en business intelligence) et le second parce qu'il gère une équipe mixte composée de profils data et de web analysts, et qu'il travaille sur la valeur clients. Avec des salaires de plus haut niveau (jusqu'à 90 k€ pour le responsable connaissance clients et 260 k€ pour le chief data officer), ces stars du digital ont gravi les échelons à partir de leur double compétence technique et marketing et disposent d'une solide expérience (six à dix ans).
Booster le trafic et le taux de conversion
Nerf de la guerre, l'acquisition de trafic a longtemps compté parmi les obsessions des annonceurs avant qu'ils ne concentrent leurs efforts sur la conversion. Deux fonctions-clés sont nées avec ces stratégies : trafic manager et consultant en optimisation digitale. Les deux tirent leur épingle du jeu car du premier dépend la fréquentation du site et du second le taux de conversion!
"Le métier évolue très vite: les outils progressent, les leviers d'acquisition se transforment." Christelle Jolivet
Chez Celio, Christelle Jolivet, 29 ans, occupe la fonction de trafic manager depuis septembre 2013, après un passage chez Armand Thiery et chez Sage. "J'ai appris sur le tas, en effectuant des stages notamment dans le cadre du master que j'ai préparé à l'ESC Pau. Le métier évolue très vite - les outils progressent, les leviers d'acquisition se transforment -, je chapeaute l'ensemble d'un dispositif mis au point avec le concours d'agences spécialisées", explique-t-elle. Sa fonction est reconnue par sa direction car sans trafic, point de chiffre d'affaires sur le site, ni de click & collect en magasin ! Seule aux commandes, Christelle Jolivet dépend du pôle e-commerce au sein de la direction digitale de Celio mais travaille en collaboration avec d'autres équipes notamment avec le pôle CRM en charge de la gestion de la base de données clients et du programme de fidélité. Aujourd'hui, elle donne également des cours à l'ESC Pau pour former les étudiants à une fonction en perpétuel mouvement.
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Les annonceurs ayant l'oeil rivé sur le taux de conversion, la fonction de consultant en optimisation répond à des enjeux énormes. Recruté en 2013 en tant que consultant en optimisation digital par AB Tasty, Arnaud de Medeiros a été nommé responsable de l' équipe des consultants au printemps 2014. En deux ans, son salaire a fait un bond significatif. À 28 ans, celui qui bénéficie d'une double formation - il est à la fois titulaire d'un master de Mathématiques appliquées et diplômé d'HEC - s' est distingué par son "customer care", avoue Alix de Sagazan, présidente d'AB Tasty : "Arnaud a toujours su se montrer proactif, suggérer des idées, être attentif à la relation client, des qualités que nous apprécions, ajoute-elle. Certaines entreprises internalisent la fonction, d'autres font appel à nous pour bénéficier des outils que nous avons développés", indique Alix de Sagazan. C'est le cas de Rue du Commerce. Sophie Néron, responsable web analytics du pure player, travaille avec Arnaud de Medeiros. "Arnaud apporte la méthodologie, des idées d' éléments à tester, il a le recul que je n'ai pas", témoigne celle qui dit avoir pour mission de "donner des billes aux décideurs pour les aider à engager les bonnes actions". En contact direct avec la direction générale, Sophie Néron, 36 ans, titulaire d'un DESS de Marketing des services et d'une solide expérience du web marketing, doit se montrer pédagogue: "Il n'y a pas, chez Rue du Commerce, plus important que la data, mais mon rôle consiste aussi à expliquer aux différentes équipes ce que nous pouvons leur apporter. Certaines suggestions ne sont pas faciles à faire passer, même si, globalement, la plupart des équipes sont très en demande d'informations pour les aider à optimiser leur business", dit-elle.
La data, le graal des nouveaux profils
"Depuis deux ans, nous observons la montée en puissance des métiers liés à la data, confirme Matthieu Deboeuf Rouchon, c'est pourquoi nous ouvrons un nouveau cursus." L'IIM qui propose six axes métiers après une année de prépa - parmi lesquels "Web & e-business", "communication digitale", "communication visuelle", "design interactif", met donc en place une formation baptisée "Digital marketing et data analysis". Transverse, à la fois technique et dédiée au digital marketing, elle est également ouverte aux étudiants de l'EMLV, l'école de management du groupe. D'ailleurs, l'EMLV a, elle aussi, renforcé son offre de formation sur les métiers du numérique en créant le département "Digital marketing strategy", qui forme à des fonctions de social media analyst (analyse des indicateurs mesurant l'activité de réseaux sociaux), community manager, expert SEO, account manager affiliation, trafic manager, consultant en digital marketing, etc.
De son côté, Telecom ParisTech forme des ingénieurs, mathématiciens aguerris qui peuvent, le cas échéant, venir gonfler les rangs des data scientists, les nouvelles idoles du Web. Ces profils tant convoités sont encore rares, mais repérables via la plateforme datasama.com, service de recrutement spécialisé. Ils sont scientifiques et techniques. Diplômé de Polytechnique et de l'ENPC, Khalid Mehl, 28 ans, a rejoint l'agence Fifty Five début 2014 en tant que data scientist. "Nous travaillons la donnée brute pour la rendre exploitable via des algorithmes et répondre à des problématiques, par exemple comment ordonnancer la présentation d'articles pour optimiser le chiffre d'affaires d'un site", explique-t-il. La fonction séduit les e-commerçants, car elle contribue, elle aussi, à l'amélioration du taux de conversion. Mais pour Khalid Mehl, "travailler en agence permet de gérer les demandes de plusieurs clients et donc, de répondre à des problématiques très différentes". Un plus pour ce passionné.
Le contenu, au coeur des dispositifs
"En tant que marketing content manager, je travaille avec le responsable des relations presse, le community manager et les membres du web marketing." Kate Robinson
Enfin, les métiers liés au contenu attirent également les jeunes talents et suscitent l'intérêt des marques. Kate Robinson, marketing content manager, a été recrutée il y a trois mois par Prestashop. Elle officie sous la houlette de Leah Anathan, Chief Marketing Officer. L' éditeur de logiciels open source a besoin de donner du sens à sa stratégie marketing.
Son objectif? Aider les e-commerçants sur la voie du succès en leur délivrant du contenu à valeur ajoutée. Le recrutement de Kate Robindon intervient dans une période charnière, où l'éditeur modifie sa stratégie marketing (et passe d'un marketing produit à un marketing client, axé sur le contenu). À 30 ans, cette Américaine, diplômée de sociologie aux États-Unis, s' est formée aux métiers du livre en France, avant de devenir rédactrice puis chef de projet marketing. Elle intègre Prestashop pour apporter un oeil neuf sur le contenu produit, traiter des sujets de fonds, centraliser et superviser la production des rédacteurs extérieurs et coordonner les différents supports (blog, guides pratiques, newsletters).
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" Je travaille en équipe, en étroite collaboration avec le responsable des relations presse, le community manager et les membres du Web marketing ", explique celle qui veut faire entendre sa petite musique. Autant de profils qui reflètent la dynamique des métiers du Web et leur diversité. Dans les années à venir, ce panel de jeunes professionnels continuera de progresser. Après avoir essuyé les plâtres et lancé leurs nouvelles missions, ils attendent que de véritables équipes se forment pour en prendre le management.