Long chemin
Elles sont toutes là. Ou presque. Après quelques tâtonnements et réglages
divers, la plupart des grandes enseignes de la distribution alimentaire se sont
lancées sur le créneau du commerce électronique. Que ce soit sous leur marque
ou non, les investissements qu'elles y ont consenti - voir notre Enquête en
page 48 - suffisent par eux-mêmes à prouver qu'elles ne remettent pas en cause
le développement à venir de ce circuit nouveau. Simplement, à l'image des
cyberacteurs de bien d'autres secteurs, elles font preuve d'un réalisme aigu.
Qui est d'ailleurs bien dans leur tradition. Pas de prévisions extravagantes en
termes de part de chiffre d'affaires, comme on a pu en voir sur certains autres
secteurs. 4 %, 5 %. Rarement plus. Et encore à un horizon à moyen terme,
c'est-à-dire pas avant 2005. Certains distributeurs, et pas uniquement
alimentaires, donnent même rendez-vous dans six ou sept ans pour atteindre un
tel score. Et qui plus est, ces prévisions peuvent ne pas concerner l'ensemble
du marché national mais des zones géographiques précises. Certes, ces quelque
pour-cent représentent de bons gros milliards de francs (et d'euros demain).
Mais ils témoignent aussi du long chemin qui reste à parcourir. Pour que les
distributeurs maîtrisent totalement l'ensemble des pièces du puzzle qu'ils sont
en train de créer. On peut leur faire confiance pour que les, nombreux, ratés
initiaux en matière de logistique soient assez rapidement résolus. En tout cas
plus rapidement que pour les pure players, selon le terme aujourd'hui consacré.
Mais il leur faut maintenant apprendre à connaître cette nouvelle race de
clients que sont, et surtout seront, les cyberconsommateurs. Et à leur
proposer, d'une manière nouvelle, non seulement les produits, mais plus
particulièrement les services qu'ils attendent. Qu'il s'agisse d'aménagement du
"linéaire" virtuel en fonction de leurs besoins, de systèmes de reconnaissance,
dans tous les sens du terme, de réponses à des attentes qui ne sont pas
nécessairement liées aux achats de grande consommation... Il leur reste aussi à
résoudre les questions liées à la complémentarité des canaux et à la nature
même de ceux qui les fréquentent, à la multitude des points de contacts créés
entre la marque-enseigne et les consommateurs et donc aux moyens à déployer
pour concrétiser positivement les liaisons... Bref, les enseignes se doivent
aujourd'hui de reconsidérer dans sa globalité, et avec une complexité
amplifiée, leur relation client. Elles entrent de plain-pied dans le véritable
CRM. Pour lequel l'heure n'est plus aux discours, mais bien à la mise en
oeuvre.