Données personnelles sur Internet : les Français modérément méfiants
Les internautes français sont-ils prêts à communiquer des données personnelles en ligne ? Oui, selon une étude Ipsos-Médiangles/Emap France. Mais pas sur tous les sites et pas n'importe quelles données.
Je m'abonne
Sujet sensible s'il en est, les données personnelles sur Internet viennent
de faire l'objet d'une étude inédite, fruit d'une collaboration entre
Ipsos-Médiangles et Emap France. A priori, on aurait pu penser que les
internautes français étaient particulièrement méfiants en la matière. Certes,
ils le sont. Mais modérément. 62 % estiment en effet qu'Internet n'est pas trop
pollué par une utilisation abusive des données personnelles et 55 % trouvent
que les sites font des progrès dans les règles qu'ils se donnent pour respecter
ces données. Néanmoins, 60 % d'entre eux estiment ne pas être suffisamment
informée par les sites sur leurs règles de conduite en matière d'exploitation
des données personnelles. Et la moitié que les sites ne sont pas suffisamment
clairs sur l'utilisation des données ; le même pourcentage n'ayant d'ailleurs
pas confiance dans les sites pour le respect de la confidentialité. Un jugement
basé sur une expérience certaine puisque 63 % des interviewés ont déjà eu
l'occasion de communiquer volontairement des données personnelles sur Internet.
Et ce, en laissant leur e-mail sur un site (61 %) ou en répondant à un
questionnaire en ligne (45 %). Si à 81 %, les internautes français savent que
leur ordinateur communique directement des données aux sites visités, ils
connaissent mal la nature de ces données. Selon l'étude, un peu plus de la
moitié des internautes (52 %) a déjà reçu des e-mails non désirés. Mais ces
e-mails sont "juste gênants" pour 60 % de ceux qui en ont reçus et
"systématiquement indésirables" pour 13 % d'entre eux. Même s'ils ne sont que
modérément méfiants, les internautes français ont quand même besoin d'être
rassurés. Et les moyens les plus efficaces sont la pédagogie, la possibilité
d'avoir un droit de sortie avec confirmation par mail et, avant tout, la
régulation par les autorités officielles. Un avis qui tranche avec l'attitude
des Américains qui, eux, font avant tout confiance à l'autorégulation et non à
un texte de loi. Ce sont les promesses ludiques ou éditoriales et le
volontariat qui donnent le plus envie aux internautes français de répondre à un
questionnaire on line. Et bien davantage que des contextes promotionnels,
commerciaux ou "autoritaires". Est aussi influent sur leur envie le type de
site visité. "Sur les sites marchands, révèle l'étude, le volontariat et les
contextes d'abonnement à des newsletters, d'offre promotionnelle, d'inscription
à un club ou d'acte d'achat sont plus favorables pour donner envie aux
internautes de répondre. Pour les sites de marques, le volontariat et les
contextes d'abonnement à une newsletter ou d'inscription à un club sont plus
favorables." Quant aux données que les internautes français sont prêts à
communiquer le plus facilement, elles concernent les critères
sociodémographiques, suivis des habitudes de consommation, des loisir... En
revanche, sont considérées comme les plus sensibles celles qui touchent aux
revenus, aux produits d'épargne, aux cartes bancaires et à l'opinion politique.
Pas franchement une surprise.
Méthodologie
Etude réalisée par Ipsos-Médiangles et Emap France. 300 internautes français interrogés par téléphone en mars 2000. Plan de sondage établi sur la base des individus et échantillon construit selon la méthode des quotas sur des critères sociodémographiques (sexe, âge, PCS, région) et de pratiques d'Internet (ancienneté, fréquence, type d'accès, achat en ligne).