Bien choisir et utiliser les filières de recrutement
Engager de vrais professionnels, opérationnels et au fait des évolutions technologiques et des pratiques Web, n'est pas si simple. Le secteur en plein développement recrute, mais les formations pourtant anciennes sont parfois méconnues.
Je m'abonneSommaire du dossier
LES POINTS-CLES
1 Cernez vos besoins
Webmaster, web designer, web marketeur, community manager ou développeur... Le Web se professionnalise chaque jour davantage. On dénombre aujourd'hui, dans le secteur internet, une quarantaine de métiers très différents qui allient à la fois technique, créativité, compétence marketing et commerciale et surtout une réelle curiosité. Aussi, pour répondre à vos besoins, il faut encore être en mesure de dessiner les contours du poste que vous cherchez à pourvoir. Ainsi, un web developpeur n'aura pas forcément la fiche graphique nécessaire à la création d'un site esthétique. Quant au Webdesigner, aura-t-il réellement la capacité à concevoir un parcours client efficace et fidélisant? Avant d'entamer toute démarche de recrutement, commencez donc par définir si le poste à pourvoir doit être très spécialisé ou, au contraire, plutôt polyvalent. «Les entreprises les plus importantes cherchent souvent des ultraspécialistes, explique Alexis Aziza, directeur d'AP Formation, mais une petite PME cherchera plutôt une personne capable de porter plusieurs casquettes et dans ce cas, il faudra savoir tout faire. » Si vous éprouvez des difficultés pour définir l'intitulé exact du poste que vous cherchez à pourvoir, n'hésitez pas à consulter par exemple le Portail des métiers du net (www.metiers.internet.gouv.fr/), qui tente de dresser une nomenclature assez précise des professions du Net.
2 Le réflexe Pôle Emploi
Pour procéder à un recrutement, Pôle Emploi présente plusieurs atouts. Selon l'urgence et votre niveau d'exigence, vous pouvez utiliser Pôle Emploi «à la carte». Dans le cadre de recrutement courant, vous pouvez envisager de créer un espace Recruteur sur le site pole-emploi.fr. Une fois cet espace mis en place, vous pourrez l'administrer comme bon vous semble en publiant des offres ou en recherchant des CV à partir de profils que vous définissez. Si vous en éprouvez le besoin, les conseillers Pôle Emploi peuvent aussi vous accompagner dans ces démarches. Dans ce cas de figure, deux solutions: la première consiste à utiliser les ressources en ligne disponibles sur pole-emploi.fr ou à contacter l'agence la plus proche. Pour aller encore plus loin, les conseillers Pôle Emploi peuvent venir à votre rencontre pour vous aider notamment à formuler et rédiger vos offres et même, effectuer un premier écrémage dans les candidatures des postulants afin de vous éviter de vous noyer dans le traitement de CV.
Téléchargez le Guide de la rédaction d'offres d'emploi disponible sur: www.pole-emploi.fr/file/mmlelement/pj/df/9b/1b/89/guidepratiquedeloffrevfinale69493.pdf. Conseils pratiques, rappels juridiques, ce guide est un aide-mémoire bien utile!
3 Le recrutement par Internet
Selon l'APEC, 89 % des DRH déclarent inclure le recours à Internet lors d'un recrutement. La tendance est confirmée puisque 80 % des jeunes diplômés et des cadres l'utilisent dans leurs recherches. Avec près de 3 800 sites permettant de déposer des CV en ligne dont plus de 400 sites spécialisés, il n'est pas toujours aisé de recruter via Internet car il faut savoir rédiger une offre qui se distingue des autres. Le coût moyen d'une annonce dans la presse s'élève à 5 000 Euros alors qu'il est de 500 Euros via Internet (Source iLogos). Recruter via des sites spécialisés semble rentable car vos offres sont consultables 24 h/24 et 7 j/7 et potentiellement, dans le monde entier. Et, contrairement à une offre «papier», vous pouvez ajuster vos offres en temps réel en fonction de l'intérêt qu'elles suscitent (ou non!). Keljob.fr, Monster.fr, Embauche.com, sont autant de références à explorer.
4 Mettre à profit l'alternance...
Graphiste, développeur, webmarketer, chef de projet multimédia, ces métiers peuvent faire l'objet de formations en alternance. L'école MultiMedia (www.ecole-multimedia.com) , par exemple, recrute des étudiants par ce biais. Celui-ci présente l'avantage d'immerger les «apprentis-pros» du Web dans la réalité des entreprises. Ces formations durent une année, en contrat de professionnalisation. L'école propose un rythme d'alternance de trois semaines en entreprise et une semaine en cours. Un rythme qui permet aux élèves d'être disponibles pour l'entreprise.
ZOOM
Les écoles et universités comme outil de recrutement...
Les établissements de formation s'ancrent systématiquement dans la réalité des entreprises et intègrent presque toutes des stages en entreprise dans leur démarche pédagogique. Un bon moyen pour les recruteurs de détecter les futurs talents! Les établissements de formation ont pour nécessité absolue de faire évoluer leurs projets pédagogiques afin que ces derniers correspondent au mieux aux besoins des entreprises. « Chaque année, nous repensons nos programmes, notre projet, recrutons de nouveaux intervenants car nous en sommes à la préhistoire des métiers du Web et nous ne pouvons pas rester figés! », indique Mickaël Binisti, directeur de l'IRIS. Les Master et les DUT proposés dans les établissements universitaires sont, eux aussi, nourris des apports de professionnels du secteur autour notamment de conférences et de stages effectués en entreprises pour que les «aspirants professionnels du Web» mesurent pleinement les attentes de leurs futurs employeurs. Du côté de l'EEMI, qui inaugure sa première promotion pour cette rentrée 2011, même discours: « Les fondateurs sont parmi les plus gros recruteurs en France pour les métiers du Net, et nous travaillons en partenariat avec eux pour que notre démarche pédagogique soit le plus possible ancrée dans les réalités de terrain, explique Stéphanie de Kerdrel qui dirige l'EEMI. Nul doute qu'ils recruteront parmi nos effectifs... » Au sein de Sup'Internet, le souci d'intégration des élèves au milieu professionnel est le même et les entreprises n'hésitent pas à exploiter le filon: « Nous disposons d'un réseau d'une vingtaine d'entreprises partenaires, explique Fabrice Bardèche. Ces dernières s'engagent non seulement à accepter en priorité nos étudiants dans le cadre de leurs stages en entreprise et étudient les candidatures des diplômés. » Les entreprises ont donc tout intérêt à se rapprocher des principaux établissements de formation, non seulement pour accueillir des stagiaires dans leurs rangs puis faciliter les recrutements à venir!
PANORAMA
LANCEMENT
L'EEMI veut former des professionnels
Pour palier leurs difficultés à recruter, Free, Meetic et Vente-privée, s'associent pour créer une école, vrai vivier de recrutement! Xavier Niel (Iliad-Free), Marc Simoncini (Meetic) et Jacques-Antoine Granjon (Vente-privée.com) ont participé le 6 juin 201 1, en présence d'Eric Besson, ministre chargé de l'économie numérique, à l'inauguration d'un nouvel établissement dédié à la formation des professionnels du Web. Ils ont chacun investi 500 000 Euros dans ce projet, baptisé Ecole européenne des métiers de l'Internet (EEMI). Symbolisant à eux trois la réussite française sur le Web, ils ont déclaré, à cette occasion, que la France manquait encore de professionnels opérationnels. L'EEMI a ouvert ses portes ce mois-ci. Elle doit accueillir entre 100 et 200 bacheliers au palais Brongniart, dans les anciens locaux de la
Bourse de Paris, pour un cursus de trois ans aux métiers de webmaster, webdesigner, webmarketeur, community manager ou développeur. «Notre démarche consiste à réunir l'ensemble des métiers du Web au sein d'un tronc commun, indique Stéphanie de Kerdrel. Si la formation ne correspond pas à ce qui se passe en entreprise, elle n'a pas de valeur.» Ambitionnant de faire converger les besoins des étudiants et ceux des recruteurs, l'EEMI recrute des élèves aux profils variés. « Nous sommes certains de notre démarche, car nous recevons déjà de nombreuses offres d'emploi et de stage», précise Stéphanie de Kerdrel. Avec un programme qui s'articule sur trois années de formation, 5 mois de stage en entreprise en 2e année, et 6 mois en 3e année, l'EEMI ne propose pas de formation en alternance.
CONSEILS D'EXPERTS
Loukouman Amidou, directeur de l'agence MediaVentilo
« Les entreprises ont plutôt tendance à négliger leurs ressources internes, il ne faut pas, pour autant, scléroser les salariés en les cantonnant à une spécialité. Avec l?apport du DIF, on peut faire évoluer un salarié et lui offrir une montée en compétence qui pourra offrir à l'entreprise un excellent ROI, car ce collaborateur connaît déjà les process métier de la société qui l'emploie. »
Fabrice Bardèche, vice-président du groupe Ionis, directeur de Sup'Internet
« Former des professionnels ou des techniciens du Web, c'est très bien mais, dans notre établissement, nous concevons davantage notre métier comme un tremplin pour former à l'évolution de ce secteur. Les métiers du Web sont encore en phase de structuration et le bon professionnel est celui qui est capable d'accepter le changement, qui admet la rupture et qui est en mesure d'aller, de lui-même chercher l'information. »
Mickaël Binisti, directeur de la Cellule Alternance, IRIS ETS EPH
« Les entreprises ont avant tout besoin de recruter des généralistes polyvalents et opérationnels sans délai, c'est pourquoi le recours aux établissements pour recruter dépend avant tout de l'adéquation des programmes de formation avec les besoins. »
Stéphanie de Kerdrel, directrice de l'EEMI
«Un emploi sera quasiment assuré pour chacun des élèves issus de l'EEMI car les trois fondateurs recrutent à eux seuls, chaque année, des centaines de jeunes diplômés. Les établissements doivent, dorénavant, impérativement apprendre à fonctionner en partenariat avec le monde de l'entreprise pour adapter au mieux les programmes mais aussi favoriser l'emploi des jeunes diplômés issus de leurs cursus.»
Alexis Aziza, directeur d'AP Formation
«Un centre de formation agréé doit être en prise direct avec le terrain et nous faisons régulièrement le tour des agences de communication et des agences Web en vue d'organiser des stages pour nos étudiants. Nous formons des professionnels, mais existons aussi en tant que plateforme de recrutement à part entière.»
Pierre-Edouard Schmidt, directeur de l'IESA multimédia
«Nous insistons énormément sur la notion de réseau professionnel. Nous avons pris l'habitude d'organiser des forums emploi numériques pour que nos étudiants et les entreprises puissent entrer en contact et nous organisons des jurys professionnels qui étudient les projets des étudiants. C'est un moyen intelligent pour les élèves de se faire remarquer des recruteurs et pour les recruteurs, un moyen de détecter les talents.»