Goodman : "Nous assistons à une diversification de la logistique et des formats d'entrepôts"
Spécialiste de la construction d'entrepôts dédiés au e-commerce, le groupe Goodman assurera la gestion en France d'environ 250 000 m² de plateformes logistiques fin 2015. Philippe Arfi, directeur général de Goodman France, nous en dit plus sur la logistique pour les e-commerçants.
Je m'abonneQuels sont les enjeux dans la logistique concernant l'e-commerce ?
Nous constatons pour avoir de grands noms de l'e-commerce comme clients, tels qu'Amazon ou Cdiscount, qu'il n'y a pas de schéma préétabli. La logistique dans l'e-commerce a longtemps été considérée comme celle des mégas entrepôts avec des surfaces de plus de 100 000 m2. Mais dans la réalité, nous assistons à une diversification de la logistique et des formats d'entrepôts. Nous ne sommes plus dans des volumes XXL systématiques car seuls les plus grands e-commerçants peuvent les réaliser. La tendance actuelle pour les e-commerçants est plutôt de se rapprocher de leurs clients afin d'avoir des délais de livraison les plus courts possibles.
C'est pourquoi les e-marchands reviennent sur des surfaces d'entrepôts plus petites avec une sélection de produits plus restreinte mais plus ciblée. L'impact pour Goodman est fort car nous sommes spécialisés dans la grande logistique avec des plateformes supérieures à 30 000 m2, mais si demain la tendance de fond est la multiplication des surfaces de 10 ou 20 000 m2 à proximité des bassins de consommation, nous le ferons.
De nombreux sites marchands développent eux-mêmes leur logistique, est-ce une tendance avérée ?
Je ne sais pas si c'est une réalité ou si pour se différencier un e-commerçant, comme un commerçant, doit mettre en avant le métier de la supply chain et de la logistique. Aujourd'hui, un e-commerçant a deux vitrines : son site Internet et la qualité de ses processus de commandes et de livraison. Je pense qu'il y a une prise de conscience des acteurs, même les plus anciens, sur la nécessité de mettre en avant, et de "marketer", un peu mieux la manière dont ils sont organisés au niveau de leur propre supply chain : la qualité mise dans le soin de la commande, dans la sélection des articles et dans l'importance que revêt la livraison.
Le réassort des produits est stratégique, par exemple, dans le secteur du textile, quand on voit la vitesse à laquelle les collections sont renouvelées, d'où la nécessité d'une logistique en amont très particulière. Ces sociétés en ont toujours fait comme la grande distribution a toujours eu des entrepôts. Aujourd'hui, les commerçants doivent rassurer leurs clients sur leur organisation et montrer que les produits sont stockés dans de bonne condition, etc.
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Que proposez-vous aux e-commerçants ?
Nous souhaitons être un partenaire privilégié des e-commerçants. En 2005 quand Amazon était inconnu en Europe, nous lui avons construit son premier entrepôt en Allemagne, à Leipzig. Nous avons parié très tôt sur ce marché en essayant de saisir l'impact sur notre métier qui est de construire et de louer des entrepôts. Cela nous a permis d'acquérir une certaine expertise dans ce secteur. Fin 2015, notre groupe aura développé plus de 250 000 m² dédié au e-commerce en Europe notamment pour Amazon et Cdiscount.
Pour avoir la bonne offre, il faut saisir les tendances du marché.
Il faut ainsi anticiper les besoins des e-commerçants et les accompagner car les composantes des entrepôts dédiés au e-commerce sont assez singulières. Par exemple, il y a un "ratio emploi au mètre carré" qui est plus important que dans un commerce traditionnel. Nous offrons des solutions sur-mesure aux clients. Notre travail est d'analyser quelles sont les localisations qui vont intéresser les e-commerçants, pour quels types de bâtiments et comment nous pouvons y répondre. Nous avons la nécessité de comprendre ce font nos clients dans nos bâtiments afin d'anticiper les besoins.
La logistique a beaucoup évolué ces dernières années, cela va continuer ?
Oui effectivement. Nous sommes passés d'un modèle de retailer traditionnel, à aujourd'hui un hybride entre des magasins et du e-commerce, cela oblige de revoir toute la chaîne de la logistique. L'incidence fondamentale pour notre métier est l'évolution du format de stockage. C'est cette évolution que nous essayons de capter. L'évolution de la logistique, c'est celle des formats et donc de la localisation.