2014 et 2015 vues par Jean Rémi Gratadour, délégué Général de l'Acsel
Le délégué général de l'Acsel revient sur les faits marquants de l'année et les grandes tendances à venir dans le secteur de l'e-commerce
Je m'abonneQuels faits marquants retiendrez-vous de l'année 2014 ?
Parmi les faits marquant de 2014, je soulignerais ici le succès historique de l'introduction d'Alibaba au NYSE, qui intervient au moment même où la stratégie financière d'Amazon est remise en cause par les analystes et certains actionnaires. C'est un peu comme si le marché anticipait que la conquête de part de marché de la distribution par l'e-commerce changeait de continent et que les espoirs de fortes croissance étaient désormais ailleurs. Les annonces de séparation prochaine des activités d'eBay et PayPal ainsi que l'annonce d'un bouton d'achat e-commerce par Google indiquent aussi que les grandes plateformes entrent dans une phase de concurrence accrue entre elles. Or, les mouvements des grands acteurs vont avoir des répercussions sur l'ensemble du secteur... l'année à venir s'annonce donc très intéressante.
Quelles sont vos attentes et vos craintes pour 2015 ?
L'e-commerce en France multiplie les signes de maturité, qui s'accompagnent d'un tassement de sa croissance, alors même que le développement des e-commerçants nécessite un taux élevé pour rester compétitifs face aux grands acteurs. Ce ralentissement peut remettre en cause leur équilibre économique. Quand les acteurs e-commerce au Royaume Uni ont fait ce diagnostic il y a de cela déjà deux ans, ils se sont tournés vers le développement international pour compenser la saturation de leur marché domestique et se donnent aujourd'hui les moyens de réussir. Les acteurs Français font aujourd'hui le même constat mais sont encore au tout début de leur internationalisation et se heurtent à de nombreux obstacles juridiques, logistiques, marketing etc. J'espère que 2015 leur permettra de passer à la vitesse supérieure dans ce domaine.
Par ailleurs, la centaine de millier de PME de l'e-commerce, qui sont pourtant génératrices d'activité et d'emplois, sont méconnues. Trop modestes, elles manquent de moyens pour se développer. Trop petites, elles sont mal représentées. Trop spécialisées, elles n'accèdent pas à la visibilité. Ma crainte est qu'elles ne soient pas identifiées ni aidées par les réformes engagées par les pouvoirs publics alors qu'elles en ont grand besoin. J'espère donc qu'elles seront mieux associées aux débats et aux décisions.
Quelle(s) tendances(s) pensez-vous voir émerger et se confirmer pour 2015 ?
L'ACSEL vient de publier son dernier cahier (téléchargeable ici) consacré la l'économie collaborative parce que nous pensons que c'est la tendance e-commerce la plus importante. Non pas que ce phénomène soit radicalement nouveau, mais parce qu'il est désormais pris au sérieux aussi bien par les marques ou les enseignes, par les acteurs de la distribution, du voyage, du transport de l'assurance ou de la finance. Quand autant de secteurs différents sont concernés en même temps, ce n'est plus une tendance mais un mouvement de fond. Nous avons cherché à comprendre cette idée de commerce collaboratif en allant interroger à San Francisco et à Paris ceux qui fabriquent chaque jour cette "sharing economy". Nous revenons de cette enquête avec la conviction que l'impact des modèles collaboratifs va profondément renouveler l'innovation des services digitaux en faisant des clients les acteurs des nouvelles manières de consommer auxquelles ils aspirent.